DAVID NIETO
Du 22 au 25 octobre, la section droits de l'homme de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH) et l’Office de Protection du Citoyen (OPC) ont co-organisé un atelier aux Gonaïves (Artibonite). L'objectif ? Renforcer la capacité des équipes de l'OPC dans les différentes régions du pays pour documenter, reporter et faire le suivi des violations des droits humains. Une action en lien avec les actions du Protecteur du Citoyen pour une présence de plus en plus appuyé de son bureau dans les régions.
Quelques semaines auparavant, c’était aux Cayes, dans le Grand Sud, que les officiers de la paix de la MINUJUSTH organisaient une session de formation dédiée aux techniques de monitoring et d’enquêtes dans le domaine des droits de l’homme. Dans l’Artibonite la même équipe a pu former plus de 33 personnes (dont 13 femmes) venues spécialement du département mais aussi du Nord, du Nord-Est, de l'Ouest, du Centre.
« Dans le secteur des droits de l’homme, le travail de reporting est fondamental, souligne Jean Eliakim Cangé, Coordonnateur des présences territoriales de l’OPC et basé au bureau central de Lalu, à Port-au-Prince. Les informations viennent toujours du terrain. C’est pourquoi il est indispensable que chacun connaisse bien la méthodologie sur les informations à remplir. »
Une question d’autant plus centrale que l’OPC a depuis plusieurs années entrepris son extension dans les régions : dans le Sud, le Sud-Est, la Grand-Anse et, il y a quelques semaines, dans la commune toute proche de Saint-Marc (Artibonite) : « De façon organique, l’OPC grandit, ajoute Jean Eliakim Cangé. Les nouveaux collaborateurs doivent pouvoir s’imprégner des principes et des valeurs des droits humains, mais aussi de leur philosophie. Une chose rendue possible grâce à la formation continue. Même pour les anciens employés, c’est un renforcement des acquis. »
À la clé ? Un atelier intensif sur les concepts fondamentaux de la Charte mais aussi sur les techniques de suivi et de reporting des violations des droits humains. « Je suis avocate de formation mais je dois reconnaître que j’ai beaucoup appris en quatre jours, admet Dulianne Dassas, Représentante départementale de l’OPC dans le Nord, à Cap-Haïtien. Par exemple, je ne savais pas qu’on devait distinguer les rapports internes, qui restent à l’OPC, et les rapports externes, destinés au grand public. Il faut également savoir qu’il y a une structure sur laquelle on peut se baser pour créer ses rapports. »
Même constat pour Serge Phanord, Conseiller juridique au bureau d’Ouanaminthe, au niveau de la frontière avec la République dominicaine : « Rédiger un rapport demande différents outils de monitoring. Et c’est une nécessité quand on constate une violation ! C’est un document d’une rigueur presque scientifique. Il n’est jamais vague et doit servir de support au bureau central et aux autorités pour le suivi des droits de l’homme. »
« Dans la vision du Protecteur, la présence territoriale est une priorité, conclut Jean Eliakim Cangé. C’est pourquoi Me Renan Hédouville a créé cette Coordination des présences territoriales dont je suis à la tête. Avec plus de 11 millions d’habitants disséminés sur tout le territoire, il est bien sûr impossible que tout le travail se passe à Port-au-Prince. Les victimes des sections rurales ou des communes du pays doivent pouvoir être entendues comme les autres. Plus l’OPC est présente à travers le pays, plus les droits de l’homme seront défendus en Haïti ! ».