Message du Collectif pour la Défense du Droit au Logement devant le siège de la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA). C’est avec beaucoup d’émotion que nous nous arrêtons aujourd’hui devant les locaux de la FLA pour honorer la mémoire des victimes du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Nous avons perdu beaucoup d’étudiants-es, nous avons perdu beaucoup de professeurs-es, nous avons perdu beaucoup d’archives pédagogiques et de recherche. Le secteur de l’éducation est l’un des plus affectés par le séisme. Ce jour-là, plus de 3900 écoles ont été détruites dans un pays où il n’y avait pas assez d’écoles pour accueillir des enfants et jeunes en quête d’éducation. Jusqu’ à aujourd’hui nombre d’écoles et de Facultés travaillent dans des conditions difficiles sous des abris provisoires qui ne préservent ni de l’ardeur du soleil ni des averses.
Nous adressons nos salutations à tous et à toutes, à tous les professeurs-es qui avaient sacrifié leur vie, un morceau de craie à la main pour transmettre des connaissances, des valeurs et l’amour du pays (savoir-faire/savoir-être). Plusieurs milliers de professeurs-es ont péri ce jour-là. Nous saluons la mémoire de Jean Anil Louis Juste, assassiné par balles quelques heures avant la tragédie produite à 4 heures 53 pm. Nous saluons le courage du professeur qui accompagnait le peuple haïtien dans sa lutte ainsi que sa remarquable contribution dans la grande bataille contre l’idéologie dominante.
Nous honorons la mémoire du Doyen Pierre Vernet qui avait passé toute sa vie dans la promotion de la langue créole et la recherche pour encourager l’utilisation de cette langue au sein des institutions nationales.
Nous saluons le professeur Georges Anglade qui a changé l’enseignement de la géographie dans le pays.
Nous saluons les travailleurs-es de l’éducation, les intellectuels-es et artistes disparus, le 12 janvier 2010, dans l’exercice de leurs fonctions tandis qu’ils/elles créaient, tandis qu’ils/elles pensaient Haïti. Ayibobo (hommage) à eux-elles ! Leur mort ne doit pas être vaine.
Nous, organisations membres du Collectif, déclarons que la question de l’éducation doit être un pilier fondamental dans la construction du pays.
Comment pouvons-nous honorer la mémoire de tous les travailleurs-es de l’éducation décédés ?
Que peut-on apprendre de l’expérience du tremblement de terre ?
Nous devons opérer une véritable révolution dans le système éducatif de notre pays.
Une éducation rattachée à l’histoire et la culture du peuple haïtien.
Une éducation universelle qui permet à tous les fils et filles du pays de trouver le pain de l’instruction, la formation et tous les outils de connaissance ; une éducation pouvant les aider à construire une identité individuelle et collective et le développement de toutes leurs capacités en tant qu’êtres humains.
Une éducation de qualité liée à l’évolution de la science.
Une éducation concernée par les problèmes du pays et qui contribue à trouver des solutions et relever les défis de la nation.
Nous devons introduire une demi-journée sur l’éducation environnementale à tous les niveaux d’enseignement pour sensibiliser les élèves et étudiants-es à la réalité physique du pays. En même temps, ils/elles pourront apprendre à se préparer à faire face à toutes les situations de risques et désastres (tremblement de terre, cyclone, tsunami, inondation, sécheresse, etc.,..) . Les écoles et universités doivent devenir une force dans la reconstitution du capital boisé du pays.
En ce sens, l’enseignement supérieur a une grande responsabilité dans ce changement révolutionnaire. Nous constatons que l’éducation n’est pas une priorité pour l’Etat haïtien puisqu’il consacre 5% seulement à ce secteur dans le budget national ; 0.7% est alloué à l’Université d’Etat d’Haïti. Cette situation ne peut pas continuer. Alors que la demande a augmenté, cette allocation budgétaire n’est toujours pas révisée. Il faut nous battre pour renforcer le système de l’enseignement supérieur à travers le renforcement de l’UEH. Il est fondamental pour nous d’instituer un système d’enseignement public supérieur unifié qui se base sur une vision nationale et jouissant de l’autonomie et de l’indépendance lui permettant de développer l’esprit critique, la connaissance et la créativité propres à transformer la réalité du pays.
Dans cet ordre d’idées, l’Université de Limonade doit être intégrée au sein de l’UEH tout en renforçant la décentralisation de l’enseignement supérieur.
VIVE UNE RẾVOLUTION DANS L’ENSEIGNEMENT !
VIVE UNE UNIVERSITẾ AUTONOME AU SERVICE D’UN PROJET NATIONAL !
VIVE l’UNIVERSITẾ d’ẾTAT D’HAÏTI ET SA CONTRIBUTION À LA RẾVOLUTION DU SYSTÈME ẾDUCATIF DONT NOUS AVONS BESOIN !