Washington, le 13 janvier 2010 - En réponse au séisme qui a frappé Haïti mardi dernier, la Banque mondiale a entrepris de mobiliser des ressources considérables sur le plan technique et financier afin d'aider ce pays pauvre à surmonter la catastrophe la plus destructrice et la plus mortelle de toute son histoire.
Elle vient ainsi d'annoncer un programme d'aide sans précédent, d'un montant de 100 millions de dollars (US) qui doivent être décaissés immédiatement afin de soutenir les efforts de reconstruction et de redressement dans cet État insulaire qui a été, selon les premières informations disponibles, littéralement dévasté par ce tremblement de terre de magnitude 7. Elle a également annoncé l'envoi sur place d'une équipe d'experts chargée d'évaluer les dommages et les besoins du pays pour l'avenir.
« Face à ce sinistre bouleversant, il est essentiel que la communauté internationale fournisse son appui au peuple haïtien en ces moments éprouvants », a déclaré à ce sujet le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick. « La Banque a entrepris de mobiliser une importante aide financière et d'envoyer sur le terrain une équipe qui aura pour mission d'aider à évaluer les dommages et les besoins de reconstruction. »
Quoique l'ampleur exacte des dégâts ne soit pas encore clairement établie, tous les témoignages et comptes rendus officiels font état d'une situation qualifiée de catastrophique. Le président haïtien René Préval a lancé mercredi un appel d'urgence pour son pays en état de choc, déclarant avoir lui-même entendu les cris des victimes ensevelies sous les décombres. « Il nous reste encore à faire une évaluation, mais la scène que nous avons ici est inimaginable », a-t-il dit, ajoutant que les équipes de secours doivent être prêtes à faire face à des milliers de morts et de blessés.
Par centaines, les habitants d'Haïti se sont retrouvés sans abri une fois que leurs habitations de construction précaire ont subi au plus fort les effets du séisme. Mais les bâtiments plus résistants ont eux aussi été endommagés : l'immeuble de la mission des Nations Unies s'est effondré et, selon les médias, 14 membres de son personnel ont perdu la vie et beaucoup d'autres sont restés pris sous les gravats.
En ce qui concerne la Banque mondiale, son bureau situé à Pétion-Ville, dans la banlieue de Port-au-Prince, a également été détruit, mais l'ensemble de son personnel a pu être localisé. Selon les chiffres avancés par la Croix-Rouge internationale, un tiers des 9 millions d'habitants que compte Haïti risque d'avoir besoin d'une aide d'urgence, mais il faudra encore un jour ou deux pour pouvoir se faire une idée plus précise des dégâts.
« Nous sommes unis de tout cœur et par la prière avec tous ceux frappés par ce séisme », a déclaré la directrice des opérations de la Banque mondiale pour les pays des Caraïbes, Yvonne Tsikata.
Elle a ajouté que les 100 millions dollars d'aide débloqués par la Banque ne seront pas affectés à des projets particuliers, mais serviront intégralement et directement à soutenir les efforts de reconstruction. Elle a aussi déclaré que la Banque va fournir le capital initial pour la mise en place d'un fonds fiduciaire, appelé Fonds pour la reconstruction d'Haïti, qui servira à attirer et regrouper les contributions de la communauté internationale au redressement et à la reconstruction du pays.
Compte tenu de l'étendue des dégâts, un effort concerté à l'échelle internationale sera en effet nécessaire pour cela, a-t-elle expliqué, ajoutant : « Bien qu'il soit encore trop tôt pour pouvoir évaluer dans toute son ampleur le choc subi par l'économie haïtienne, il semble qu'il va être des plus considérables. »
Pour l'avenir, cela va probablement amener la Banque à modifier la focalisation de ses projets en Haïti pour mettre l'accent sur des initiatives en matière de nutrition et de reconstruction. Ce sera aussi une occasion pour s'attacher en priorité à « mieux construire en Haïti, tout en renforçant les capacités des structures gouvernementales », a encore expliqué la responsable de la Banque.
Avec un revenu national brut par habitant de 560 dollars, Haïti est le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental. Plus de la moitié de sa population a moins de 1 dollar par jour pour vivre, et 78 % moins de 2 dollars. Selon les estimations de la Banque, le taux de mortalité infantile y est élevé (60 pour 1 000 naissances), et le taux de prévalence du VIH chez les 15-49 ans est de 2,2 %.
Le nouveau financement de 100 millions de dollars est subordonné à l'approbation des Administrateurs de la Banque. Celle-ci a aujourd'hui 14 grands projets en cours en Haïti, couvrant des domaines tels que la gestion des risques de catastrophes, l'infrastructure, le développement de proximité, l'éducation et la gouvernance économique. Toute son aide est actuellement fournie sous forme de dons.
Depuis janvier 2005, l'Association internationale de développement (IDA), son guichet chargé d'accorder des crédits sans intérêts et des dons aux pays les plus pauvres du monde, a fourni au total 308 millions de dollars à Haïti. En outre, les fonds fiduciaires administrés par la Banque ont accordé à ce pays plus de 55 millions de dollars depuis 2003.