Le 26 janvier 2012, une séance de sensibilisation sur les questions relatives à la protection des droits de l’enfant a été organisée au Lycée communal de Léon, à Jérémie. Cette séance a eu lieu sous les auspices de la Section des Droits de l’Homme (SDH) de la MINUSTAH/Bureau du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), du Centre Multimédia de la MINUSTAH, de l’Office de la Protection du Citoyen et de la Citoyenne (OPC) et de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).
C’est à la demande du Juge titulaire du Tribunal de Paix de Léon, Me Aujour Jean-Luc, que cette initiative a pu avoir lieu. Elle a rassemblé quelque 150 élèves venus de sept établissements scolaires, leurs parents et des enseignants. En effet, l’un des problèmes liés aux droits des enfants dans le département de la Grand’Anse est celui des enfants placés en domesticité, communément appelés en Haïti les « Restatvèk ». Gerald Guillaume de l’OIM explique la récurrence du phénomène Restavek -touchant particulièrement les filles âgées entre 6 et 16 ans- par la pauvreté, le nombre élevé d’enfants par foyer et la monoparentalité de certaines familles.
La précarité dans laquelle ils se trouvent pousse les parents à espérer une meilleure vie pour leurs enfants en les plaçant au sein de familles citadines aux moyens économiques jugés suffisants pour leur procurer de la nourriture et un logis. Mais la plupart du temps, ces espoirs sont déçus puisque les Restaveks sont souvent l’objet de discriminations accompagnées de violences psychologiques et physiques. En outre, certains, devenus très vulnérables tombent dans la délinquance ou dans la prostitution.
Evoquant la question de la protection des droits de l’enfant en Haiti, Me Nicolson Jourdan de la SDH/HCDH de la MINUSTAH, a souligné que «beaucoup de droits reconnus par la Constitution haïtienne de 1987 et la Convention relative aux droits de l’enfant se trouvent systématiquement menacés » par manque de compréhension et par ignorance des principes légaux de la part des parents. Une situation accentuée par les faiblesses des institutions publiques intervenant dans la protection de l’enfant et par le mauvais fonctionnement des orphelinats et des centres d’accueil de mineurs.
Toutefois, souligne Me Jourdan, certains progrès, quoiqu’ infimes, ont été réalisés, comme la création d’une entité au sein de la Brigade de Protection des Mineures (BPM) de la Police Nationale d’Haïti (PNH), la création de tribunaux de juges pour enfants et la formation des juges pour cette catégorie.
Et pour Ketlie André de l’OPC, si « l’Etat n’a pas su s’acquitter convenablement de toutes ses obligations constitutionnelles », la population se doit, elle, de « jouer le rôle qui est le sien et faire pression sur les dirigeants afin d’inverser graduellement la donne ». D’où l’importance de telles rencontres.
Rédaction : Jean Kechnord EDMOND
Edition : Habibatou Gologo