Ce nouvel exercice (Round 10) de la matrice de suivi de déplacement indique une présence 1 287 593 personnes déplacées internes (PDI) en Haïti, soit une augmentation de 24% comparativement à l’exercice précédent (Round 9 – Décembre 2024). Les principales raisons de cette augmentation sont les violences armées qui se sont étendues au département du Centre (dans les communes de Mirebalais et Sauts d’Eau entre mars et avril 2025), les attaques armées accrues pendant le premier trimestre de 2025 dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPP; la capitale du pays) ainsi que l’intensification des attaques armées dans la commune de Petite Rivière de l’Artibonite Les PDI en Haïti représentent désormais 11% de la population haïtienne (pour les chiffres de la population haïtienne: voir les estimations de l’UNFPA, 2024)
Les départements du Centre et du Nord sont ceux ayant connu des augmentations les plus importantes des nombres des PDI qui y sont accueillies, passant respectivement de 67 608 à 147 230 PDI (soit +118%) et de 64 621 à 115 657 (soit +79%). Les localités situées dans ces deux départements étant principalement celles vers lesquelles les populations ayant fui les attaques armées de Mirebalais et Sauts d’Eau se sont réfugiées.
La majorité des PDI continue d’être accueillie en province1 : 77% contre 23% dans la capitale. Il est à souligner que durant les exercices précédents, la majorité des PDI en province était des personnes ayant fui la capitale. Cependant suite à l’extension des violences dans le Centre et leur intensification dans l’Artibonite, les évaluations du Round 10 indiquent que les PDI en provinces ne sont plus en majorité constituées des personnes ayant fui la capitale mais d’autres zones des provinces. En effet, sur la totalité des PDI accueillies en province, 45% ont fui la capitale (cette proportion était de 56% au round 9) et 55% ont quitté des zones rurales situées en province. Les communes de Gressier (située dans l’Ouest), Mirebalais (Centre) et Petite Rivière (Artibonite) constituent les principales zones hors de la capitale qui ont généré le plus de déplacements en province.
Le nombre des sites a quasiment doublé, passant de 142 à 246 sites, notamment suite aux attaques dans le Centre qui ont conduit à une création de multiples sites dans ce département, qui abrite désormais 85 sites alors qu’il n’en avait aucun lors des rounds précédens. Pour la première fois, le nombre des sites en province est devenu plus élevé que dans la capitale : sur les 246 sites, 97 sont situés dans la capitale et le reste en province, notamment dans le Centre. Cependant, le nombre de personnes résidant dans les sites reste plus élevé dans la capitale qu’en province, car de nombreux sites en province sont faiblement peuplés. En effet, en moyenne un site dans la capitale accueille 2 000 personnes contre 126 en province.
Malgré la multiplication des sites, il est à noter la majorité des PDI est toujours accueillie en dehors des sites/familles d’accueil (83% contre 17% en sites), impliquant une pression importante sur les ressources déjà limitées de ces communautés d’accueil. La capitale reste la seule zone où la majorité des PDI sont dans les sites (66% contre 34% hors des sites/en familles d’accueil) pendant que les PDI accueillies en province sont à 98% hors des sites/familles d’accueil contre 2% dans des sites.
Les priorités des besoins principaux exprimés par les informateurs clés dans les lieux accueillant les PDI restent les mêmes qu’au Round 9 : par ordre de priorité, la nourriture, l’accès aux moyens de subsistance, la santé, l’eau, hygiène et assainissement (EHA) ainsi que les abris. Il est à noter que les besoins en nourriture, EHA ainsi qu’en articles non alimentaires étaient plus exprimés dans les sites qu’en dehors