P-au-P, 17 juin 2015 [AlterPresse] --- Les autorités haïtiennes appellent à la solidarité nationale pour accueillir les migrantes et migrants haïtiens qui seront rapatriés de la République Dominicaine.
A partir du 17 juin, tous les migrants et migrantes haïtiens en situation irrégulière qui ne se sont pas inscrits au Plan national de régularisation des étrangers (Pnre) risquent d’être rapatriés en dépit d’un moratoire de 45 jours, officiellement annoncé par les autorités Dominicaines.
Des dispositions sont prises par le gouvernement pour donner « un accueil raisonnable » aux Haïtiens qui seront rapatriés, indique le premier ministre haitien, Evans Paul, lors d’un point de presse, donnée le mardi 16 juin 2015, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le chef de gouvernement était accompagné, entre autres, du ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales, Ariel Henry, lors de cette première déclaration publique officielle à la presse en ce qui concerne la date butoir du Pnre.
« Nous sommes à la date butoir du Pnre adoptée par le gouvernement dominicain et nous faisons face à un double langage : un langage où des autorités dominicaines affirment qu’il n’y aura pas de rapatriements massifs et un autre langage où d’autres autorités annoncent des rapatriements », fustige le premier ministre haïtien.
Des informations indiquent qu’il y aurait un début de rapatriements, fait savoir Paul estimant que pour gérer une telle situation, le gouvernement doit prendre ses responsabilités à travers toutes les autorités haïtiennes concernées.
Peu avant le point de presse, une rencontre a eu lieu entre des délégués, maires et des représentants de Conseils d’administration de sections communales (Casec) et d’Assemblées de sections communales (Asec) des zones frontalières sur la question.
Cette rencontre a été réalisée avec ces autorités en vue de leur donner des instructions claires pour préparer l’accueil des migrants haïtiens et des Dominicains d’origine haïtienne, qui seront rapatriés.
« C’est une responsabilité transversale de tout le gouvernement haïtien et au-delà du gouvernement, c’est une responsabilité nationale », fait valoir Paul appelant à une solidarité nationale pour recevoir « nos compatriotes avec honneur et dignité ».
Cette mesure de rapatriements est « discriminatoire », critique-t-il annonçant que les autorités du gouvernement haïtien seront sur la frontière pour accueillir les victimes, qui seront rapatriées.
Ces éventuels rapatriements feront suite à un arrêt 168-13, pris le 23 septembre 2013, par le Tribunal constitutionnel dominicain qui a enlevé la nationalité dominicaine de plusieurs centaines de milliers de Dominicaines et Dominicains, d’origine haïtienne pour la plupart.
Entre temps, l’inquiétude grandit chez les migrants haïtiens vivant dans les régions frontalières dominicaines, qui n’ont pas pu jusqu’à aujourd’hui s’inscrire au Pnre alors que le délai d’inscription arrive à terme. [emb gp apr 17/06/2015 11:30]