Vaste opération de la Police nationale
et de la mission onusienne à Port-au-Prince
Le chef de bande numéro un d'Haïti
et farouche partisan de l'ancien dictateur Jean-Bertrand Aristide, Emmanuel
Wilmé alias "Dread Wilmé", 29 ans, a été tué dans des affrontements
avec les forces de sécurité mercredi matin à Cité Soleil (nord de la capitale).
L'information a été confirmée par des membres de son groupe armé, visiblement
en état de choc. Ils ont récupéré le corps de leur chef et annoncé ses
funérailles pour samedi, tout en renouvelant leur détermination à "se
sacrifier pour obtenir le retour d'Aristide". Mais, par la suite,
le cadavre allait être abandonné, à même le sol, près d'une église de
Cité Soleil.
L'ex-maire adjoint de Delmas (est de Port-au-Prince), Ernst Erilus, a déclaré sur les ondes de radio Kiskeya que "Dread Wilmé", l'homme le plus recherché du pays, blessé par balles il y a quelques jours, a été abattu de deux balles, l'une à la tête et l'autre à l'abdomen. Il affirme avoir constaté lui-même le décès. Un nombre indéterminé des proches du chef de gang ont été également tués ou blessés, lors d'une opération de grande envergure menée par les forces coalisées de la Police nationale d'Haïti et de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), dans le quartier de Bois Neuf, à Cité Soleil, bastion du noyau dur des partisans armés de l'ancien Président. La maison de Wilmé aurait été totalement écrabouillée par un déluge de feu.
En milieu de journée, aucune source officielle n'avait encore reconnu la mort de "Dread Wilmé".
L'offensive conjointe PNH/MINUSTAH se poursuivait mercredi à la mi-journée dans plusieurs quartiers à hauts risques de la capitale haïtienne qui étaient survolés par des hélicoptères onusiens. Plusieurs centaines de soldats et policiers, appuyés par des blindés légers, étaient mobilisés dans le cadre de cette opération. Des fouilles de véhicules étaient également signalées.
En raison de l'activité criminelle des gangs, pour la plupart favorables à Aristide, Cité Soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince, connaît depuis plusieurs années une violence à l'état endémique avec d'énormes conséquences, ces derniers mois, sur la vie à Port-au-Prince. La situation sécuritaire est extrêmement volatile à moins de 100 jours des élections prévues à la fin de l'année. Les enlèvements, assassinats et raids des groupes armés installés dans les quartiers populaires n'ont cessé de se multiplier, malgré la présence d'une force de paix internationale de plus de 7.000 hommes.
Avec la mort de "Dread Wilmé", devenu un véritable seigneur de la guerre en Haïti, disparaît le plus puissant symbole de la lutte armée pro-Aristide, qui a transformé les quartiers populaires de Port-au-Prince en des camps retranchés depuis le lancement, le 30 septembre 2004, de "l'opération Bagdad", une campagne de terreur sans précédent qui a fait, à ce jour, plusieurs centaines de morts et provoqué une grave hémorragie sociale.