Haïti - Département de l’Artibonite - Résumé de la situation humanitaire et sécuritaire (au 2 avril 2024)

Élaboré en coordination avec le Groupe Intersecteur Artibonite

Messages clés :

• Alors que la crise humanitaire et sécuritaire s’intensifie au niveau national, les besoins d’aide urgente aux populations augmentent en Artibonite, le deuxième département le plus touché après celui de l’Ouest, selon le Plan de réponse humanitaire pour 2024.

• L’insécurité et la violence entravent considérablement le travail humanitaire dans le département, notamment dans le Bas Artibonite.

• Les mécanismes de coordination humanitaire décentralisés continuent de se renforcer, en coordination avec ceux établis à Port-au-Prince.

CONTEXTE GÉNÉRAL

En 2024, la détérioration de la situation humanitaire et l’augmentation de la violence perpétrée par les gangs armés contre la population haïtienne et ses institutions touchent une partie toujours plus grande du pays. En Artibonite, le deuxième département où la sévérité des besoins multisectoriels est la plus élevée selon le nouveau HNRP, la situation des personnes dans le besoin s’aggrave, dans un contexte départemental où la violence des gangs s'étend aux zones rurales. Depuis le deuxième trimestre 2023, l’Artibonite est le département qui a le plus connu une exacerbation des contraintes d’accès, notamment dans le Bas Artibonite.

Face aux contraintes d’accès, les travailleurs humanitaires continuent d’adapter leurs stratégies à la situation actuelle, en mettant l’accent sur l’engagement communautaire, l’inclusion et la redevabilité envers les personnes affectées. Selon les informations disponibles, la quasi-totalité des indicateurs humanitaires se sont détériorés dans le département dans les premiers mois de 2024 : 53 % de la population du Bas-Artibonite est en situation d'insécurité alimentaire (IPC 3 and 4), la malnutrition aiguë sévère est classée en IPC 2 avec projection en phase 3 dans moins de 3 mois et l’accès à d’autres services de base comme l’eau et l’assainissement continue à être sérieusement entravé. A présent, 1 hôpital sur 4 est accessible en Artibonite et la violence des gangs contraint une large majorité des écoles à rester fermées aux Gonaïves et dans d’autres zones du département. Quant aux moyens de subsistance, la situation de nombreuses familles devient davantage critique à cause de l’augmentation des prix et leur faible capacité à rembourser leurs dettes : en 2023 dans la zone de production de riz la plus importante d’Haïti (Bas Artibonite), 3 000 hectares de champs de culture ont été abandonnés à cause de la violence, une étendue qui a très probablement augmenté en 2024.

La crise de protection dans le département s’est également accrue dans les cas de violence basée sur le genre (VBG), exploitation et abus sexuel, séparation familiale et recrutement forcé de jeunes et d’enfants par les gangs.