Le Centre Multimédia de Jérémie a accueilli, le 22 octobre, un séminaire de formation sur la protection des droits des enfants organisé à l'intention d'une trentaine de journalistes de la ville. L'objectif était de porter les professionnels de l'information à prendre davantage en considération les questions relatives aux droits des enfants, en particulier ceux habitant la Grand'Anse.
Intervenant à ce séminaire, Mme Carline Allen, de l'Unité Protection de l'enfant de la MINUSTAH a rappelé que la constitution haïtienne garantit les droits et la protection de l'enfant. Le droit à la santé, à l'éducation et le droit de vivre avec leurs parents dans un environnement sécuritaire sont entre autres aspects visés. Selon elle, la protection peut être définie comme étant « l'ensemble des mesures prises en vue de soustraire un enfant à la violence, à l'exploitation ou à toute situation pouvant compromettre son éducation, sa santé et sa moralité ».
Mme Allen a vivement condamné les mauvais traitements dont sont victimes de nombreux enfants, notamment ceux placés en domesticité et ceux vivant dans certains orphelinats du pays.
Tout en invitant à une prise de conscience sur ce sujet, elle a précisé qu'environ trois millions d'enfants haïtiens sont en situation de vulnérabilité aujourd'hui et ont par conséquent un besoin de protection spéciale.
Suite à une mise au point d'un participant sur la faiblesse de l'Etat en matière de protection de l'enfant, le directeur régional du Ministère des Affaires Sociales et responsable de l'Institut du Bien-être Social et de Recherche pour la Grand' Anse, Joël Jean Baptiste, a pour sa part reconnu qu'en dépit des efforts consentis par l'Institut, il n'arrive pas à répondre à toutes ses obligations. « Les moyens font défaut. Toutefois, nous continuerons à déployer des efforts afin de garantir le respect et la protection des droits des enfants », a-t-il indiqué.
La question du droit à l'éducation a donné lieu à un débat très animé. En effet, les journalistes et les représentants d'organisations de droits humains ont jugé inacceptable que 85 % des écoles haïtiennes appartiennent au secteur privé alors que le pays est pauvre. Ils appellent l'Etat à mettre en œuvre des dispositions visant à inverser la tendance. S'ils soulignent que la constitution reconnaît l'école fondamentale comme obligatoire et gratuite, le Journaliste de Caraïbes FM à Jérémie, Franquel Maginaire, a fait remarquer : «pourtant, c'est le contraire que l'on observe dans le milieu scolaire ».
Haïti est le seul pays des Caraïbes où le pourcentage d'enfants en domesticité ainsi que celui de l'éducation privée sont si élevés.