Préoccupations sur le droit à la santé des femmes et de la population en général dans le pays
P-au-P, 20 juin 07 --- Le secteur de défense et de promotion des droits des femmes, professionnelles et professionnels de la santé, représentantes et représentants de différents secteurs, citoyennes et citoyens, expriment cette semaine leur consternation devant le décès tragique et dans des conditions non élucidées de Adeline Laborde Toussaint, survenu à Port-au-Prince dans la soirée du dimanche 10 juin 2007.
Adeline Laborde Toussaint, 32 ans, enceinte de 7 mois, a trouvé la mort à un centre privé de santé à Port-au-Prince, malgré son hospitalisation et son suivi par des spécialistes de ce centre.
Dans une note transmise à AlterPresse, le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) rappelle que la santé est un droit sacré, lequel doit être garanti à toute citoyenne et tout citoyen.
« Ce décès, survenu à un centre hospitalier de la capitale au cours du week-end écoulé, dénote la qualité des soins de santé accessibles aux femmes plus particulièrement aux femmes enceintes », écrit le Ministère des femmes dans cette note de protestation.
S'interrogeant sur le nombre de femmes décédées dans les mêmes conditions et sur lesquelles les familles victimes gardent le silence pour diverses raisons, l'organisation Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa) se déclare, elle aussi, choquée par la mort tragique de cette jeune mère de famille.
« Nous sommes scandalisées de constater la mort d'Adeline par la négligence des médecins qui n'ont aucun respect pour la vie humaine (...) La mort d'Adeline montre également l'arrogance et le sentiment de supériorité exercé par les médecins sur les patientes / patients », indique la Sofa dans une note acheminée à AlterPresse.
La solidarité des femmes haïtiennes rappelle combien se trouve élevé le pourcentage de femmes enceintes mortes dans leur période d'accouchement en Haïti : 639 sur 100,000 femmes aujourd'hui contre 523 pour 100,000 en l'année 2000, selon les résultats de l'enquête sur la mortalité, morbidité et utilisation des services (EMMUS IV).
Les conditions du décès de Adeline Laborde Toussaint sont la preuve que les droits de la population ne sont pas garantis en matière de santé publique. Cela traduit également le laxisme des autorités sanitaires du pays qui n'ont rien fait pour améliorer la qualité des soins offerts à la population, estime l'organisme de défense et de promotion des droits des femmes.
La Sofa demande aux autorités compétentes de diligenter une enquête en vue de fixer les responsabilités et de sanctionner les coupables. Elle exige également des réparations pour la famille de Adeline Laborde Toussaint.
Les mêmes recommandations sont faites par le ministère à la condition féminine qui promet de tout mettre en œuvre afin de faire lumière sur la question.
Le ministère s'engage également à continuer de travailler, de concert avec le ministère de la santé publique, en vue d'assurer la prise en charge médicale des femmes pour l'amélioration de leurs conditions de vie.