L'édition 2009 de la journée internationale des Droits de l'Homme est célébrée autour du thème «optez pour la diversité, mettez fin à la discrimination». Un appel pour combattre un phénomène qui se trouve au cœur des problèmes de droits humains. Ainsi, à travers le monde, la lutte contre la discrimination reste un impératif, plus de 60 ans après l'adoption de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.
Dès ses premiers mots, la Déclaration universelle des droits de l'homme établit que "tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits". Cependant, force est de constater que dans le monde actuelle, la discrimination continue à se dresser comme un sérieux obstacle à la jouissance des libertés et de l'égalité entre les êtres humains.
Aussi, Mme Navi Pillay, Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme reconnaît-elle que "la discrimination est à l'origine des nombreux problèmes les plus pressants des droits de l'homme dans le monde ». Et elle ajoute qu' «aucun pays n'est à l'abri de ce fléau ». Une affirmation qui en dit long sur l'ampleur de ce problème.
La discrimination peut être exercée de différentes manières. Et pour le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, elle « peut prendre la forme d'un racisme institutionnalisé, de querelles ethniques, de flambées d'intolérance et de rejet, ou d'une version officielle de l'histoire nationale qui nie l'identité d'autrui ».
Des groupes comme les handicapés, les femmes et filles, les pauvres, les migrants, les minorités sont les plus touchés par ce phénomène. Il en résulte leur exclusion de la vie économique, politique, culturelle et sociale.
Aussi, Mme Pillay voit dans l'élimination de la discrimination une obligation de premier ordre. Et pour cause, « la mise en œuvre de tous les droits de l'homme -les droits sociaux, économiques et culturels, ainsi que les droits civils et politiques- est entravée par la discrimination ».
Un des moyens pour y arriver est la revendication et la dénonciation du problème. « Bien trop souvent, lorsqu'ils sont confrontés aux préjugés et à la discrimination, les dirigeants politiques, les gouvernements et les citoyens ordinaires restent silencieux ou complaisants », fait remarquer le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
La discrimination dans le contexte haïtien
A l'instar de nombreux pays du monde, Haïti n'est guère épargné par la discrimination. Ici, le phénomène est présent dans de nombreux aspects de la vie sociale, dont la discrimination se manifeste dans les domaines de la santé, de l'éducation ou de la politique, comme le souligne le responsable de la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH), Mortimé Antonal. Et parmi les groupes les plus affectés, les pauvres, les femmes et les handicapés, notamment.
« L'accès à des services de base varie selon qu'une personne soit riche ou pauvre, ou encore éduquée ou pas. Cette règle est aussi valable pour la qualité des soins de santé ou les programmes scolaires », explique M. Antonal.
Pour le responsable de la POHDH, la discrimination est néfaste à la société. En effet, «celle-ci crée l'exclusion qui finit par creuser un fossé économique entre les différents groupes de la société ».
De son côté, la responsable de la Section des Droits humains (SDH) de la MINUSTAH, Lizbeth Cullity, reconnaît que les problèmes économiques et sociaux constituent une grande source de discrimination en Haïti. « Beaucoup d'efforts ont été faits au niveau des droits civils et politiques, mais beaucoup reste à faire sur le plan des droits économiques et sociaux », fait valoir Mme Cullity.
Et un moyen efficace pour combattre la discrimination est d'accompagner la population en lui donnant les moyens de faire respecter ses droits. « Outre le travail de dénonciation des violations et de promotion des droits humains, il convient d'accompagner la population », déclare Lizbeth Cullity. C'est dans ce sens que la SDH a lancé un programme depuis le début de l'année 2009.
Cette action consiste en l'observation des politiques publiques dans le but notamment de promouvoir la transparence et la participation des citoyens dans les processus décisionnels. « Si les citoyens comprennent leur responsabilité, ils peuvent influencer les décisions et ainsi changer leur avenir », fait remarquer Mme Cullity
La formule adoptée par la Section des Droits humains de la MINUSTAH consiste à fournir aux organisations de la société civile l'information et à les doter des outils nécessaires pour leur permettre d'influer, dans une approche constructive et non violente, le processus décisionnel au niveau de leurs communautés respectives en vue de la réalisation de leurs droits.
Deux séries de formations ont été organisées dans le cadre de ce nouveau programme. Des rencontres initiées en collaboration avec le Haut Commissariat aux droits de l'homme avec la participation d'experts internationaux ayant une expérience en la matière.
La première formation, initiée en deux sessions, a eu pour approche les droits de l'homme en matière de monitoring des politiques publiques. Elle a été organisée, de septembre à octobre 2009, dans cinq régions pilotes, à savoir : Cap-Haïtien, Ouanaminthe, Hinche, Petit Goâve et Jérémie. Près de 165 représentants de la société civile et des autorités locales y ont pris part.
La deuxième séance s'est déroulée autour des droits de l'homme en matière de monitoring des budgets de l'Etat, s'est tenue en novembre 2009. Une quarantaine de participants comprenant des représentants des Ministères de la Planification et des Finances, de l'Office de Protection du Citoyen, de la société civile et des membres du personnel de la MINUSTAH ont participé à cette formation.
Plus généralement, la SDH, à travers ses huit bureaux régionaux, organise des sessions d'informations et de sensibilisation des différentes couches de la population sur les normes contenues dans les différents instruments internationaux. Il s'agit, entre autres, de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme et la Convention sur les droits de l'enfant.
« Les gens ne comprennent pas la nature du pouvoir qu'ils ont entre leurs mains », dit le chef de la Section des Droits humains de la MINUSTAH. Aussi, croit-elle que cet accompagnement de la population peut garantir la réalisation progressive des droits de l'homme en facilitant l'accès des Haïtiens aux services sociaux de base et la réduction des inégalités.
Rédaction : Hugo Merveille
Edition :Uwolowulakana Ikavi