Faisant face à de nombreuses difficultés, le système éducatif haïtien a du mal à dispenser une formation de qualité. Par conséquent, son amélioration est inscrite parmi les priorités du Gouvernement. Pour y arriver, le Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) bénéficie de l'aide de partenaires internationaux, tels l'Union Européenne (UE), qui vient contribuer, à hauteur de 14 millions d'euros, au bon fonctionnement de l'éducation.
L'Union Européenne s'est engagée à accorder à l'Etat haïtien, sur une période de trois ans, 14 millions d'euros destinés à financer la deuxième partie du Programme d'Amélioration de la Qualité de l'Education (PARQE). En effet, le 20 novembre, une convention de financement en faveur de ce programme a été signée entre les autorités gouvernementales haïtiennes et le Chef de la délégation de la Commission européenne en Haïti, Ambassadeur Franscesco Gosetti.
Alors que le PARQUE 1 (2003-2007), également financé par l'UE, avait surtout mis l'accent sur les infrastructures scolaires, par la construction de 300 écoles communales et 17 écoles modèles appelées « Ecoles Fondamentales d'Application et Centres d'appui Pédagogiques - EFACAP », le PARQE 2 favorise essentiellement l'amélioration de la qualité de l'enseignement. En effet, la deuxième partie du projet prévoit prioritairement la formation des enseignants, directeurs d'établissements scolaires, conseillers pédagogiques des écoles publiques des départements du Nord, du Sud, du Centre et de la Grand'Anse.
En plus de la formation du personnel éducatif des écoles nationales des départements concernés, le PARQE 2 vise la réhabilitation de 100 établissements scolaires ainsi que la construction d'une « EFACAP » au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays. « Nous savons que le développement d'un pays passe par l'éducation. Ce projet est important pour nous, car il participe à la stratégie à long terme de l'Etat haïtien en ce qui a trait à l'éducation et permet ainsi un développement cohérent du système », a indiqué Vincenzo Collarino, responsable de la communication de l'UE en Haïti.
L'exécution du projet est essentiellement confiée au Ministère de l'Education à travers ses directions déconcentrées. En effet, ce sont les services départementaux du MENFP qui auront pour tâche de planifier, d'organiser, les formations et également de mener à bien le volet infrastructure scolaire.
Cette stratégie répond à un des objectifs du PARQE 2, à savoir consolider les capacités des directions départementales du MENFP, notamment par le transfert de compétences. « Les directions régionales ont grand besoin d'être renforcées. Un fonds particulier du budget est alloué à cet effet », a informé M. Collarino.
Les responsables gouvernementaux ont accueilli favorablement la signature de cette convention de financement. Le PARQE 2 est avec le « Projet Education de base », un des deux grands projets du Plan National de l'Education et de la Formation (PNEF). « Le PARQE 2 obéit à trois axes du PNEF: accès, qualité, et gouvernance. Sa mise en œuvre permettra d'atteindre des objectifs cruciaux du PNEF », a renseigné Edouard Excellent, Conseiller technique au bureau de l'ordonnateur national du Fonds européen.
Cependant, si le PARQE 2 facilitera effectivement l'atteinte des objectifs en éducation de l'Etat haïtien, certaines institutions du secteur en nuancent la portée. Parmi elles, la Fondation Haïtienne de l'Enseignement Privé (FONHEP). Tout en croyant que le PARQE 2 aura des retombées positives, le Président de la FONHEP, Lunise Cerin, craint toutefois pour sa pérennité. « Comment l'Etat va-t-il prendre en charge ce projet une fois les subventions terminées ? Connaît-il le coût unitaire de l'EFACAP ? », s'interroge M. Cerin.
Les responsables du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle se déclarent conscients de ce risque et attestent prendre déjà les mesures appropriées. Assurer la longévité du PARQE n'est cependant pas le seul problème dont ils devraient se soucier. L'augmentation de l'offre scolaire publique -la majorité des écoles sont privées-, l'amélioration de la qualité de l'enseignement -la formation des enseignants laisse à désirer-, la mise en œuvre du nouveau programme du cycle secondaire, sont autant de maux dont souffre le système éducatif haïtien.