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Haiti

Haïti : Les élections haïtiennes techniquement possibles, affirme Jean-Marie Guéhénno

Le Secrétaire général adjoint de l'ONU au maintien de la paix intervenait devant le Conseil de sécurité
Le Secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-marie Guehénno, a déclaré jeudi à New York que les élections prévues en deux étapes en Haïti, à la fin de l'année, sont techniquement possibles, malgré l'épineux problème de l'insécurité. Le responsable onusien qui intervenait lors d'une onférence de presse, peu après un exposé à huis clos devant le Conseil de sécurité consacré à la situation du pays, a estimé que "trois défis concurrents posent actuellement problème en Haïti, entre lesquels il n'est pas possible d'établir une hiérarchie"'. Il a cité l'insécurité et ses manifestations protéiformes, l'organisation des élections et la situation humanitaire.

Guehénno qui avait, en juin, effectué une mission de cinq jours en Haïti, a souligné les difficultés énormes auxquelles est confrontée la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) pour mener des opérations dans les zones urbaines parce qu'elle ne dispose pas, entre autres, de forces spéciales capables de capturer des chefs de gang qui règnent en maîtres dans les quartiers populaires de Port-au-Prince, depuis le déclenchement, le 30 septembre 2004, de "l'opération Bagdad" par des milices surarmées liées à l'ancien dictateur haïtien Jean-Bertrand Aristide. Le Secrétaire général adjoint a également souligné l'absence d'un service d'intelligence au sein de la MINUSTAH qui limite forcément ses capacités opérationnelles. "Ce n'est pas tant une question d'avoir des troupes robustes, il faut des équipements de nuit, du personnel entraîné" a avancé Jean-Marie Guehénno, en guise de réponse à l'évocation par des membres du Conseil de sécurité de l'envoi éventuel de troupes françaises et canadiennes en Haïti.

"La sécurité pose un défi immédiat. La situation est mauvaise et il n'y a pas d'amélioration en vue pour l'instant. Il y aussi une grande différence entre ce que l'on voit ailleurs et à Port-au-Prince où la situation n'est pas bonne, en particulier dans deux bidonvilles, Bel-Air et Cité Soleil" a-t-il poursuivi.

"Les élections peuvent constituer une pierre angulaire du progrès dans le pays ou s'avérer une occasion manquée" a averti le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix dans ses considérations sur la situation politique d'Haïti. Guehénno rejette les arguments selon lesquels la tenue des élections, d'ici quelques mois, relèverait de l'impossible. Il rappelle toutefois que le processus électoral génère de la tension politique dans tous les pays, a fortiori dans un pays polarisé comme Haïti.

Parlant de la situation humanitaire qui frise la catastrophe dans certaines régions du pays , Jean-Marie Guehénno a confié "j'ai été choqué par ce qu'ai j'ai vu dans les bidonvilles d'Haïti, la misère, le manque d'accès à l'eau potable et le taux très élevé de chômage". Il a, dans la foulée, souhaiter voir bientôt "la couleur de l'argent qui a été promis par la communauté internationale à Haïti".

Après son passage à Port-au-Prince, Guehénno avait affirmé que la situation d'Haïti était beaucoup plus grave que celle du Darfour (Soudan) où une catastrophe humanitaire, consécutive à une guerre civile, a fait des centaines de milliers de morts et de déplacés.