La Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR) récemment formée par le gouvernement a défini jeudi à Port-au-Prince ses modalités de fonctionnement et d'intervention. Selon son président, l'ancien député Alix Fils-Aimé, l'organisme ne vient pas se substituer à la Police Nationale d'Haïti et à la Justice. Son travail consistera plutôt à favoriser la création d'un climat de confiance et de dialogue entre tous les secteurs afin de parvenir à un désarmement général.
De ce point de vue, Alix Fils-Aimé a estimé que tous les secteurs détenant des armes illégales devront les remettre. Il ne s'agira pas d'une action menée contre un groupe particulier. Il souligne à ce sujet que le dialogue a déjà été engagé avec des représentants de l'élite économique en vue de trouver dans l'harmonie les voies et moyens pour la restitution à l'Etat d'armes dont des membres de ce secteur ont fait l'acquisition pour la protection de leurs entreprises et de leur personne.
Un certain équilibre sera établi dans l'approche de la CNDDR entre les différents secteurs détenant des armes, a précisé M. Fils-Aimé.
Le président de la CNDDR a tenu d'autre part à préciser que la commission travaillera en toute indépendance et ne sera sous la tutelle d'aucun organisme étranger. La durée du mandat de la commission est fonction des résultats obtenus, indique-t-il.
Le point d'orgue de la première conférence de presse de la CNDDR a été la question de la présence en son sein du nommé Jean Baptiste Jean Philippe (alias Samba Boukman), porte-parole de l'Opération Bagdad, campagne de terreur orchestrée par les partisans d'Aristide de fin septembre 2004 à juillet 2005.
L'ancien député Alix Fils-Aimé a mis au défi quiconque peut prouver l'implication de Jean-Baptiste Jean Philippe dans des actes répréhensibles ou qui établirait qu'il ait été l'objet, à un moment ou à un autre, d'un avis de recherche de la police. Le président de la CNDDR considère que l'intéressé peut s'estimer en droit d'exercer des poursuites contre ses détracteurs s'il estime être l'objet de diffamation.
Dans un dossier rendu public cette semaine, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), un important organisme de défense des droits humains basés à Port-au-Prince, a dénoncé la présence de « Samba Boukman » au sein de la commission indiquant que, en plus d'avoir été porte-parole de l'Opération Bagdad, ce dernier et ses alliés sont connus pour avoir fait du viol des femmes un moyen dans leur combat politique.
Ce rapport a soulevé le courroux des milieux lavalassiens (partisans d'Aristide). Les médias proches de ce secteur autant que les militants et organisations lavalas sont partis en guerre contre le RNDDH. Des informations obtenues de sources dignes de foi laissent croire qu'ils auraient résolu d'engager une poursuite contre le RNDDH. Selon d'autres informations non-confirmées, des « actions » d'un autre genre auraient été envisagées contre le RNDDH au cours de réunions de puissantes organisations lavalas tenues dans un quartier populaire de la capitale. [jmd/RK]