Dans le département du Sud, c'est une conférence-débat qui a servi de coup d'envoi à la campagne sur le droit à l'eau potable en Haïti. Organisée par la Section des Droits de l'homme du Bureau régional de la MINUSTAH aux Cayes, cette campagne qui a débuté le 10 octobre doit s'étendre sur une période de deux mois.
L'objectif de la campagne est de sensibiliser la population et le gouvernement haïtien sur le droit à l'eau potable ainsi que des obligations qui découlent de ce droit pour l'Etat et pour les citoyens.
La situation en matière d'eau potable et d'assainissement reste, en effet, alarmante en Haïti. « Le taux moyen de couverture en eau potable pour tout le pays est d'environ 50% », indique un rapport publié par Programme Eau Potable et Assainissement en milieu Rural (EPAR),.
Pour résoudre le problème, différentes difficultés doivent être surmontées. Entre autres, le faible investissement de l'Etat dans ce secteur et une mauvaise gestion de l'eau par la population.
« Les populations croient avoir droit à un approvisionnement en eau et aux services sanitaires sans débourser un centime », explique à titre d'exemple Joseph Roosevelt Ferjuste, coordonateur du Programme EPA.
Ainsi, la campagne met l'accent sur l'obligation qu'a l'Etat de prendre des mesures visant à l'amélioration de l'accès à l'eau potable - selon ses possibilités et de manière progressive. Elle porte aussi sur l'obligation qu'ont les citoyens de payer à l'Etat le coût de ces services.
Les citoyens sont par ailleurs sensibilisés sur la nécessité de protéger les installations d'adduction et les sources d'eau, « Des informations sur la protection des sources, sur les méthodes de gestion rationnelle de l'eau sont autant d'aspects à couvrir dans notre campagne d'information», informe Serge Delille, de la Section des Droits de l'homme de la MINUSTAH.
Lors des différentes interventions ayant marqué le lancement, l'accent été mis sur l'importance de la participation communautaire dans l'exécution et la gestion des projets d'eau potable. « Les membres de la communauté doivent s'impliquer dans chaque étape du projet. C'est la seule façon d'assurer un développement durable du droit à l'eau, surtout en milieu rural », a martelé Pama Saint Felix, Responsable de la gestion d'un projet d'adduction d'eau potable exécuté par la Caritas à Vieux-Bourg, localité de la commune d'Aquin.
Pour sa part, la Coordonatrice régionale de la Section des Droits de l'homme, Donna Plotkin, a expliqué que les projets de captage et d'adduction d'eau devraient être faits en privilégiant une approche participative. «En Haïti, cette approche permet aux membres des communautés d'adresser leurs demandes au gouvernement et aux bailleurs en tant que détenteurs du droit à l'eau potable. Ceci leur permet d'avoir non seulement leur mot à dire dans la politique du secteur, mais aussi dans l'exécution et la gestion des projets», a-t-elle précisé. Une approche qui, selon elle, devait assurer leur durabilité.