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Haiti

Haïti : Justice et Paix appelle à la conscience citoyenne pour freiner la violence

P-au-P., 1 juil. 05 [AlterPresse] --- La Commission Justice et Paix a lancé un appel à la conscience citoyenne pour freiner la violence, qui a fait plus de 1900 morts dans la zone métropolitaine de la capitale entre juillet 2002 et mai 2005, selon un bilan que s'apprête à rendre public l'organisme de défense des droits humains.

Dans ce bilan de 35 mois, couvrant Port-au-Prince, Carrefour, (sud de la capitale) Delmas, (périphérie nord) Pétion Ville (banlieue est), la commission a répertorié « 1914 cas de morts violentes », par armes à feu et armes blanches, selon les précisions fournies à AlterPresse par Jocelyne Colas, responsable de formation à la commission.

« Lutter contre la violence est l'affaire de chacun et de chacune » a déclaré Jocelyne Colas. « Le combat contre la violence implique la participation de tous et de toutes, et toute la population doit manifester sa bonne volonté et entreprendre des actions pour sortir le pays de ce cycle de violence », a-t-elle ajouté.

Les causes de la violence dans la zone métropolitaine sont diverses, a indiqué la responsable de formation de Justice et Paix. « L'impunité, la précarité, l'exode rurale, l'absence des services de bases dans les communautés, la circulation illégale d'armes à feu, le trafic illicite des stupéfiants, la passivité des citoyens et citoyennes du pays, l'exclusion sociale sont autant de facteurs qui occasionnent ces barbaries », a-t-elle estimé.

La militante de droits humains en appelle au gouvernement pour rendre disponibles les ressources nécessaires afin que la justice et la police puissent mener à bien leur mission et créer un climat favorable à la création d'emplois permettant aux plus démunis de pourvoir à leurs besoins primaires.

Le nombre de tués par balles entre juillet 2002 et mai 2005 s'élève à 1504 personnes, parmi lesquelles 944 cas imputés a des groupes armés non identifiés. La commission a indiqué avoir répertorié 56 cas d'individus abattus par les proches du régime déchu de Jean Bertrand Aristide, entre 2003 et 2004.

La région métropolitaine de Port-au-Prince a vécu ses moments de violations les plus flagrantes de droits humains durant la période 2003-2004, au cours de laquelle 813 morts violentes ont été recensées au niveau de la zone métropolitaine. Entre 2004 et 2005, 753 personnes ont été tuées, la commission a relevé 348 décès par suite de violence entre 2002 et 2003.

16 exécutions sommaires ont été perpétrées par des secteurs non identifiés. La police est mise en accusation dans le meurtre de 275 personnes. La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d'Haiti (MINUSTAH) a donné la mort à 13 compatriotes et un groupe dénommé « zéro tolérance », proche de l'ex président Jean Bertrand Aristide, a ôté la vie à 45 êtres humains, selon Jocelyne Colas.

Sur les 1914 décès, 1723 sont des hommes et 191 des femmes. Aucun secteur n'a été épargné. 65 policiers, 7 ex-militaires et 10 enfants sans abris sont au nombre des victimes recensées par Justice et Paix.

Les zones volatiles du pays ont été, pour la plupart, l'objet d'attention de la part de la commission Justice et Paix. A Cité Soleil (nord de Port-au-Prince), Justice et Paix a dénombré 322 personnes tuées, 155 à Delmas 2 et Delmas 4 (secteur nord), 105 à carrefour (périphérie sud). Sur les 1914 morts répertoriés, 1221 corps ont été ramassés sur le pavé.

[lf do apr 01/06/2005 16:25]