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Haiti

Haïti, Gonaïves : la fête de l'indépendance sous le signe du renouveau

La commémoration des 206 ans d'indépendance d'Haïti s'est déroulée dans la solennité aux Gonaïves (Artibonite), le 1er janvier, en présence des hautes autorités de l'Etat. Et la Place d'Armes rénovée, symbole d'une ville en quête de développement, a servi de cadre pour l'événement.

L'occasion pour le président René Préval de rappeler les bienfaits de la stabilité.

Parallèlement aux travaux de réhabilitation, entamés au lendemain des cyclones Hanna et Ike qui l'avaient dévastée, la ville des Gonaïves a été témoin de plusieurs travaux entrepris dans le cadre de la célébration des 206 ans d'indépendance. Des travaux dont le montant total s'élève à plus de 30 millions de gourdes.

La Place d'Armes de la ville, le principal lieu de célébration, a été réhabilitée. Peinture, jardinage, nettoyage et éclairage de cette aire ont coûté 2 millions de gourdes. Au centre-ville, les grandes artères, en chantier depuis près d'un an, ont été déblayées. C'est le cas notamment de l'Avenue des Dattes et de la rue Toussaint Louverture. Dans certaines rues, des techniciens de l'Electricité d'Haïti (EDH) ont installé de nouvelles lampes électriques.

D'un autre côté, les travaux de restauration de la Cathédrale du Souvenir, qui a accueilli un parterre de personnalités lors du Te Deum traditionnel, ont coûté 4 millions de gourdes. A la rue Christophe prolongée dans la localité de Descahos, a été érigé un stand géant aux couleurs du bicolore (bleu et rouge). Et c'est là qu'ont été prononcées les allocutions du président Préval du maire de la ville.

La stabilité et ses avantages

Lors d'un discours-bilan, le président Préval a mis en relief quelques réalisations enregistrées durant ses deux mandats, rendues possibles par la stabilité et la sécurité. Une route comme Port-au-Prince-Mirebalais-Hinche-Cap, entamée sous son premier mandat (1996-2000), serait déjà achevée si le pays n'avait pas connu l'instabilité et l'insécurité, a fait savoir le chef de l'Etat. Il en est de même de la route nationale numéro 1, reliant Port-au-Prince aux Gonaïves.

Aussi a-t-il plaidé pour la continuité dans le renforcement du dialogue et de la stabilité. Il en a profité pour annoncer le début, ce mois de janvier, de la construction du tronçon Saint Marc-Gonaïves. La construction des routes nationales # 2 (Port-au-Prince-Les Cayes) et #7 (Les Cayes-Jérémie) vont bon train.

Concernant la production agricole, le chef de l'Etat a relevé la baisse du prix des engrais lors de son premier mandat. Il a également fait part de la construction de plusieurs canaux d'irrigation, en vue de stimuler la production agricole dans le cadre de la réforme agraire à cette époque. Depuis 2006, date du début de son second mandat, la production agricole a augmenté de 25%, 81.000 ha de terre ont été réhabilités et trois millions de boutures et de semences ont été distribués aux planteurs, a-t-il affirmé.

En ce qui a trait à l'énergie électrique, le pays ne produisait que 83 mégawatts à son arrivée au pouvoir en 2006. Grâce à la sécurité et à la stabilité, 182 mégawatts sont disponibles aujourd'hui, soit une augmentation de 120%. En 2011, la production pourrait passer à 210 mégawatts, a-t-il annoncé.

Au plan de l'emploi, René Préval a relevé que seuls 12.000 emplois étaient disponibles dans les usines à son arrivée au pouvoir en 1996. En 2006, au début de son second mandat, le nombre d'emplois dans les usines est passé à 14.000. En 2009, il est de 26.000 et pourrait passer à 50.000 en 2010 et même atteindre 100.000 en 2011, si le dialogue et la stabilité sont poursuivis, prévoit le président.

M. Préval a particulièrement salué les efforts de la Police nationale d'Haïti (PNH), de la Justice et de la communauté internationale dans la création de ce climat favorable au développement. L'occasion pour lui d'insister pour la poursuite du dialogue et de la stabilité après son départ du pouvoir.

« Sans l'unité et la stabilité, on ne peut rien construire. S'il n'y avait pas eu le dialogue entre Dessalines, Pétion et l'armée indigène, il n'y aurait pas eu Vertières, Haïti n'aurait pas existé », a-t-il insisté. Pour lui, en effet, « l'instabilité est un véritable poison pour le développement de ce pays ».

De son côté, Mgr Yves Marie Péan s'est félicité des progrès accomplis au niveau de la sécurité des personnes et des biens. « Aujourd'hui, des pays comme le Canada ou les Etats-Unis ont retiré notre pays de la zone rouge. En outre, plusieurs opportunités d'investissement se manifestent. Ce sont des signes qui montrent que nous sommes sur la bonne voie », a encore relevé l'Evêque qui a invité les responsables du pays à redoubler d'ardeur et à poursuivre ce processus.

Au terme de son homélie, Mgr Péan a insisté sur le fait que seuls le respect de l'autre et la prise de conscience écologique vont consolider ces progrès. En ce sens, l'Evêque a lancé un vibrant appel en faveur de la paix, de la reforestation et du reboisement du pays. « Sauver notre environnement, notre milieu de vie, c'est nous sauver nous-mêmes », a-t-il insisté.

Autre intervention, la Mairie des Gonaïves qui s'est félicitée du climat de sécurité rétabli depuis environ deux ans dans cette « ville matrice de tous les grands évènements qui ont jalonné l'histoire de ce pays ». Ces acquis sont à mettre à l'actif de « la Police nationale, avec le soutien de la MINUSTAH ».

« Grâce à votre engagement personnel et à la solidarité de la communauté internationale, la vie a repris aux Gonaïves. Nous vous exprimons toute notre gratitude », souligne le maire principal Stephen Moïse dans un message délivré par le maire adjoint, Jean François Adolph.

En effet, plusieurs chantiers ont été lancés depuis l'été 2008. Et parmi eux, des travaux de protection de la ville en cas d'inondations importantes de la taille de Hanna et Ike réalisés sur toute la longueur du fleuve Laquinte, l'achèvement à 80% des travaux de drainage de la ville, la construction du tronçon Bigot-Carrefour Bienac en passant par l'Avenue des Dattes, la réhabilitation des pompes dans la basse plaine des Gonaïves, réhabilitation des places Mme Coleau et des Martyrs du 28 novembre 1985.

La Mairie a annoncé d'autres projets comme la construction de deux hôpitaux dont l'un, universitaire, grâce à la Coopération canadienne et l'autre avec l'aide d'un groupe d'Haïtiens vivant aux Etats-Unis. Par ailleurs, les autorités municipales plaident pour la réhabilitation du wharf et la construction d'un port de standard international.

Rédaction : Vicky Delore Ndjeuga
Edition : Hugo Merveille