P-au-P, 10 sept. 2010 [AlterPresse] --- Quelques dizaines de personnes ont observé un sit-in, ce vendredi 10 septembre 2010, devant le siège du gouvernement haïtien, au « Bicentenaire » (bas de la ville de Port-au-Prince, la capitale), à l'initiative d'un groupe de pression dénommé FRAKKA (Force de Réflexion et d'Action sur la Problématique du Logement), pour réclamer de meilleures conditions de vie.
Maintenus à distance de l'immeuble logeant la Primature par une dizaine de policiers, les manifestants, issus de différents camps de sinistrés, ont adressé un message, par mégaphone, au président René Préval et au premier ministre Jean Max Bellerive, leur demandant des logements plus décents que les tentes et dénonçant l'insalubrité ainsi que la misère dans les centres d'hébergement.
« Nous ne sommes pas en train de demander des faveurs, mais de réclamer [que l'on respecte] nos droits constitutionnels » a déclaré Rénold Bourdeau du camp Barbancourt II.
« Selon la Constitution (article 22), tout le monde a droit à l'éducation gratuitement ainsi qu'à des logements décents et dignes », a-t-il argumenté.
Les manifestants ont également menacé de bouder les prochaines élections.
« Il faut que nous ayons d'abord un logement avant d'aller aux urnes, de la nourriture, la santé, l'éducation pour les enfants » a déclaré Bourdeau, soulignant que les sinistrés « sont l'électorat ».
Les manifestants ont également dénoncé les menaces d'expulsions dont ils sont victimes de la part non seulement de propriétaires privés qui veulent récupérer leurs terrains occupés mais aussi de certaines mairies à propos des places publiques sur lesquelles nombre de sans-abris se sont installés après le 12 janvier 2010 .
En visite dans le pays, cette semaine, l'expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits humains en Haïti, Michel Forst, a réitéré sa demande d'un moratoire sur les expulsions qui, selon lui, sont « illégales » et se font sans l'aval d'une autorité judiciaire.
De nouvelles manifestations de personnes déplacées sont prévues lundi et mardi prochain à Pétion-ville, à l'appel de « Li lè li tan » ( Il est grand temps), un mouvement créé dans des centres d'hébergement de cette commune située à 8 kilomètres à l'est de Port-au-Prince.
1.300.000 personnes déplacées sont réparties dans 1.300 camps à la capitale et les autres régions touchées par le séisme, selon de nouvelles estimations du gouvernement cité, jeudi, par l'expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits humains en Haïti. Les conditions sont « très précaires » et les abris « insuffisamment préparés pour la saison cyclonique », a constaté monsieur Forst