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Haiti

Haïti : Dans un hôpital de Port-au-Prince, une planche de salut pour les mères

Par Elizabeth Kiem

Cette année, le rapport-phare de l'UNICEF, « La Situation des enfants dans le monde » - qui doit paraître le 15 janvier - examine le besoin de combler l'un des plus grands écarts existant en matière de santé entre les pays industrialisés et les pays en développement : la mortalité maternelle. Cet article fait partie d'une série consacrée à ce sujet.

PORT-AU-PRINCE, Haïti, 12 janvier 2009 - Dans le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental, personne ne lutte autant que les femmes qui essaient de faire vivre leurs familles.

Ce sont les femmes qui participent à la majeure partie de l'économie parallèle d'Haïti et élèvent de nombreux enfants avec les revenus les plus insignifiants. Ce sont aussi les femmes qui souffrent le plus de l'absence d'un système de santé à la portée de leur bourse.

« Le pays n'a pas grand-chose à offrir. En ce qui concerne les femmes, c'est encore pire. Elles sont vraiment les chefs de famille, survivant avec de très faibles ressources, » affirme la Spécialiste de la santé de l'UNICEF, Mireille Trebie. « La plupart des femmes possèdent un petit commerce d'alimentation ou un « pèpè » (o=F9 elles revendent des objets usagés). Et elles doivent s'occuper de six à huit enfants. »

Des balles aux bébés

Depuis sa création dans les années soixante comme quartier modèle pour plus de 10 000 Haïtiens à revenus modestes, le bidonville de Cité Soleil est devenu tentaculaire. Il abrite maintenant 300 000 personnes et croule sous la pauvreté, le chômage, l'analphabétisme et la malnutrition.

Jadis gangrené par la violence perpétrée par les gangs, ce quartier est aujourd'hui sous le contrôle d'une force de stabilisation de l'ONU. Le résultat est que l'hôpital Choscal, le principal établissement hospitalier du quartier, peut maintenant se consacrer à des interventions vitales au service des femmes et des enfants.

Fonctionnant sur un mince budget que cautionnent l'UNICEF et Médecins du Monde, Choscal dispose d'un centre de nutrition et d'un service de pédiatrie pour les enfants souffrant de malnutrition sévère et offre des soins prénatals et obstétriques gratuits aux femmes enceintes. Chaque mois, environ 300 bébés y sont mis au monde.

« Ici, nous essayons de faire de notre mieux pour réduire le coût des prestations. La plupart des gens savent que nous sommes le moins cher des centres hospitaliers du secteur et par conséquent nous avons un nombre élevé de patients, » affirme la directrice de l'hôpital, le Dr Jacqueline Sainte-Fleur.

A cours de ressources, même pour le minimum

Des programmes pilotes comme celui des soins obstétriques gratuits de Choscal sont en train de se développer progressivement dans l'ensemble du pays avec la participation de l'UNICEF et de ses partenaires. Le gouvernement est également en train de réagir au besoin d'un plus grand continuum de soins afin de faire diminuer les taux de mortalité maternelle et infantile.

Mais pour des mères comme Naomi, qui, au service de malnutrition de l'hôpital, doit s'occuper de ses enfants malades, laissant ses autres nombreux enfants aux soins d'amis et de parents, les examens post-natals ne peuvent guère aller au-delà.

« Mon bébé va mieux,» déclare-t-elle. « Mais comment vais-je payer les honoraires et les ordonnances pour qu'il reste en bonne santé ? »

L'UNICEF encourage le développement des programmes afin d'attirer plus de femmes dans le système de santé existant o=F9 elles peuvent tirer avantage d'informations sur la santé reproductive et la nutrition des enfants en bas âge.

« Il existe un mouvement pour informer les femmes et les inciter à venir dans les dispensaires pour y recevoir des soins prénatals et y être suivies [durant leur grossesse], » affirme Mireille Trebie, de l'UNICEF. « Si les mères de la Cité Soleil et d'autres quartiers défavorisés sont prêtes à profiter complètement du climat actuel de non- violence, dit-elle, c'est la situation dans laquelle Haïti a besoin de se trouver. »