Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, John Holmes, a présenté aujourd'hui, au cours d'une conférence de presse tenue au Siège de l'ONU à New York, les derniers développements de la situation humanitaire en Haïti, où il s'est rendu durant deux jours en fin de semaine dernière. Il s'agissait, a-t-il expliqué, d'attirer l'attention sur la situation qui prévaut sur place et sur les besoins, en cours de réévaluation.
M. Holmes, qui a rencontré le Président Préval, le Premier Ministre et divers autres membres du Gouvernement haïtien à Port-au-Prince lors de sa visite, s'est également rendu pour une demi-journée aux Gonaïves, la ville la plus affectée par les ouragans de la fin août et du début septembre.
Six semaines après le dernier ouragan, la situation y reste dramatique, a déclaré M. Holmes. Un nouveau lac, de grande dimension, s'est formé aux portes de la ville des Gonaïves. Dans la ville elle-même, les eaux se sont retirées, mais il y a toujours d'énormes quantités de boue. Les principales rues ont toutefois été nettoyées. Des progrès ont donc été réalisés, mais il reste énormément de travail à accomplir au cours des mois à venir, et la saison des ouragans n'est pas encore finie, a rappelé avec inquiétude M. Holmes. Si un nombre important de personnes sont rentrées chez elles, vivant parfois sur le toit de leur maison, ou dans la cour, dans des abris temporaires, il reste plus de 30 000 personnes encore hébergées dans des abris, des écoles ou des bâtiments publics.
Il y a donc toujours un grand besoin d'assistance à Haïti, et les agences des Nations Unies travaillent dur pour procurer l'aide nécessaire, a poursuivi le Coordonnateur des secours d'urgence. Selon lui, les moyens logistiques ont considérablement amélioré l'accès, et un approvisionnement minimal décent est désormais fourni en termes d'abris, de nourriture, d'eau potable et de soins médicaux. Néanmoins, il est clair qu'il faut faire encore davantage pour améliorer les capacités d'intervention du système de Nations Unies et sa coordination, a relevé John Holmes.
M. Holmes a déclaré qu'environ 40% des promesses d'aide d'urgence faites lors du premier « appel d'urgence » lancé au profit d'Haïti voici environ cinq semaines -pour un montant de 107 millions de dollars- ont été honorées. C'est un progrès, mais c'est encore trop peu, a ajouté M. Holmes, qui a annoncé pour les deux semaines à venir le lancement d'un nouvel « appel d'urgence » consolidé. Comme d'habitude, ce dernier visera cette fois, non plus seulement une assistance humanitaire d'urgence, mais aussi une aide au rétablissement initial. En même temps, toujours selon la procédure classique, une évaluation des besoins post-catastrophe est en cours.
M. Holmes a lancé de nouveau un appel aux donateurs pour qu'ils fassent preuve de davantage de générosité. Il a notamment fait remarquer que, si, actuellement, on peut livrer assez de nourriture, c'est en puisant dans d'importants stocks de secours qu'il faudra reconstituer. Il a toutefois noté que, par expérience, les promesses en matière d'assistance humanitaire sont honorées, mais parfois tardivement.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a toutefois observé qu'à ce stade, la crise financière mondiale n'a pas affecté les projets humanitaires et de développement, et il a lancé un appel aux principaux donateurs pour qu'elle ne le fasse pas. M. Holmes a notamment expliqué qu'en Europe, où il était voilà deux semaines, il a reçu l'assurance que la part des principaux donateurs, que les budgets humanitaires pour 2009 ne seront pas affectés. Mais il s'est dit plus inquiet en ce qui concerne les besoins en ressources d'appui au développement. En outre, a-t-il remarqué, on assiste actuellement à de nombreux autres appels humanitaires, par exemple pour le Darfour, l'Afghanistan ou la RDC. Il y a donc une tension, mais pas forcément liée directement à la crise financière.
M. Holmes a également rappelé que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) ne devrait pas être fortement affecté par le risque d'une réduction de 2% du prochain budget par l'Assemblée générale, car seul 6% du budget général de OCHA provient du budget régulier de l'Organisation. OCHA ne planifie pas actuellement sur la base d'une réduction de ses fonds, a ajouté M. Holmes.
M. Holmes a souligné l'importance d'une stratégie d'atténuation des effets des catastrophes, nécessaire partout en Haïti, et particulièrement aux Gonaïves; sans quoi on verra simplement encore plus de tragédies de ce type à l'avenir puisque, a-t-il rappelé, le pays est de toute façon géographiquement placé sur la trajectoire de nombreux ouragans. Il a toutefois rappelé que les ouragans ont tué environ 800 personnes dans l'ensemble du pays, alors qu'en 2004 l'ouragan Jane a lui seul avait fait quelque 3 000 morts, y voyant une indication de certains progrès dans la préparation et l'alerte précoce. Il faut cependant prendre des mesures pour gérer les eaux pluviales, réparer les berges et les digues souvent détruites, et pratiquer la reforestation, a-t-il poursuivi.
Pour M. Holmes, il est clair qu'il faut aussi déplacer la population de plusieurs districts des Gonaïves, qui sont trop exposés. Mais il faudra des investissements de plusieurs dizaines de millions de dollars rien que pour la région des Gonaïves, a-t-il estimé. La communauté internationale devrait accepter d'investir dans de tels projets, qui auraient en outre l'avantage de profiter à l'économie haïtienne en créant de très nombreux emplois grâce à des programmes à haute intensité de main d'œuvre, a préconisé John Holmes.
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