La Haut Commissaire des Nations Unies aux Doits de l'homme, Mme Navanethem Pillay, a clôturé, ce 5 novembre, une visite de 72 heures en Haïti Entre autres objectifs de cette visite : s'enquérir de l'évolution des droits de l'homme dans le pays et voir la situation socioéconomique dans laquelle vit la population haïtienne.
« Je suis à ce poste depuis seulement deux mois, mais j'ai senti le besoin de venir visiter Haïti dès maintenant parce que ce pays sort d'un conflit, connaît une transition et fait face à des défis socioéconomiques, politiques et humanitaires notamment après les cyclones », a fait valoir la Haut Commissaire des Nations Unies aux Doits de l'homme, Mme Navanethem Pillay, à l'occasion de sa visite.
Aussi, Mme Pillay a-t-elle inscrit l'objectif de sa visite dans sa volonté d'« observer la situation de mes propres yeux ». Une occasion pour la Haut Commissaire des Nations Unies aux Doits de l'homme d'« exprimer ma solidarité au peuple haïtien et attirer l'attention de la communauté internationale sur la nécessité d'aider et de soutenir Haïti.»
Pour avoir sur place une meilleure idée de la question des droits de l'homme, la Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'homme a visité « Kay Jistis » (Maison de la Justice), un projet initié par la Section Justice de la MINUSTAH. Financé à 95% par l'USAID et par par le Consortium international d'Assistance légale à hauteur de 5%, Kay Jistis fournit une assistance légale et des conseils juridiques aux personnes démunies de Cité Soleil, victimes de la violence ou en conflit avec la loi.
En effet, la situation de violence à laquelle le quartier était en proie a souvent conduit à des interventions des Forces de l'ordre aboutissant à des arrestations. Et parfois, les gens sont gardés longtemps en prison, victimes de la détention préventive prolongée. Dans ces cas, intervient Kay Jistis pour permettre d'accélérer le processus de sorte que les détenus puissent être présentés devant leur juge naturel.
Un des bénéficiaires de ce programme est Jameson Divers, 22 ans. « Lors d'une rafle à Cité Soleil, j'ai été arrêté par les Forces de l'ordre sous l'accusation d'association de malfaiteurs sans que j'aie commis un acte quelconque. Je suis resté en prison pendant 19 mois, sans être jugé », confie-t-il à Mme Pillay. Grâce à l'intervention de Kay Jistis, il a été enfin présenté au juge puis libéré, si l'on en croit sa maman, qui l'accompagnait lors de ce témoignage.
Pour aider les individus en conflit avec la loi, le Barreau de Port-au-Prince a mis à disposition de Kay Jistis une pléiade d'avocats. Ces derniers accompagnent les plaignants aux différents échelons du système judiciaire haïtien, soit du tribunal de Paix ou du Parquet jusqu'à la Cour de Cassation, si les cas l'exigent.
Les avocats reçoivent les doléances des plaignants, qualifient les infractions. Aussi, décident-ils, selon la nature des cas, d'orienter les plaignants vers le tribunal de paix de la Commune ou le Parquet. Les gens qui reçoivent des mandats de comparution bénéficient aussi gratuitement de l'assistance légale des avocats.
Par ailleurs, kay Jistis fournit aux habitants de Cité Soleil des formations en éducation civique relative au respect des institutions. Ils sont également formés sur les droits et les devoirs des citoyens, la gestion des conflits et sont sensibilisés sur le fait qu'ils ne doivent pas se faire justice eux-mêmes.
Après kay Jistis, c'était au tour du quartier Bélékou, l'un des plus démunis de ce grand bidonville, d'accueillir la Haut Commissaire. Accompagnée, entre autres, de l'Inspecteur Rosemond Aristide, responsable du Sous-Commissariat de Cité Soleil, elle a parcouru cette zone marécageuse faite d'un dédale inextricable de ruelles où se côtoient animaux et êtres humains.
Mme Pillay voulait voir « les conditions matérielles d'existence des habitants ». Cette visite n'est pas passée inaperçue. Et pour cause. Un jeune résident de Bélékou, qui la regardait passer, a en effet déclaré : « je suis content que ces étrangers viennent voir que nous vivons ici avec des porcs. A la moindre averse, nous sommes inondés. C'est inacceptable même pour des animaux ».
Le point de vue de l'Inspecteur Aristide n'est pas différent. Il estime que « les conditions dans lesquelles vivent ces gens constituent un cas type de violation des droits de l'homme ». Il a par ailleurs ajouté : « en raison de la situation de la population, le travail de la police est compliquée. Si leur condition de vie ne change pas, les efforts de la Communauté internationale risquent de rester vains ».
Bastion du kidnapping dans le temps, la zone est aujourd'hui contrôlée par les Forces de l'ordre. Mais, reconnaît l'inspecteur, « la situation demeure fragile car, en raison de la topographie de ce quartier, les policiers peuvent difficilement y pénétrer ». Et l'Inspecteur Aristide de poursuivre : « Il n'y a plus de violence armée dans la Cité, mais les conflits continuent d'exister. Les gens ont souvent recours aux armes blanches et des instruments contondants ».
La Haut Commissaire des Nations Unies aux Doits de l'homme a promis de répandre les informations relatives aux conditions dans lesquelles vit la population haïtienne, en particulier les habitants de Cité Soleil.
Au cours de cette visite, Mme Navanethem Pillay a rencontré de nombreuses personnalités haitiennes. Entre autres, le chef de l'Etat, René Garcia Préval, le Ministre des Affaires Etrangères, Alrich Nicolas, le Secrétaire d'Etat à la Justice, Daniel Jean, ainsi que le Secrétaire d'Etat à la Sécurité publique, Luc Eucher Joseph. La Haut Commissaire des Nations Unies aux Doits de l'homme a eu également des entretiens avec des personnalités de la MINUSTAH, dont le Représentant spécial du Secrétaire général, Hédi Annabi.