Guerda Jonka s’appuie sur une canne pour se déplacer. Une canne qui l’accompagne depuis qu’un accident de la circulation lui a pris sa jambe gauche, un beau jour de l’année 1989. Cependant loin d’avoir raison d’elle cette infirmité a servi de stimulant à cette robuste et courageuse femme pour aider les sourds muets à prendre conscience de leur place dans la société.
Présidente de l’Organisation de Défense des Droits des Sourds Muets, ODDSM, qu’elle a fondée en 1993 Mme Jonka aime se sentir utile. « Je me sens fière de rendre service à une catégorie très méprisée de la société », déclare cette femme de 55 ans.
Née d’une famille de 13 enfants dont elle est le quatrième, elle a grandi dans le quartier de Martissant à l’entrée sud de la ville de Port-au-Prince.
Alors qu’elle était en classe de seconde, elle a abandonné l’école pour aider sa mère à supporter le poids familial après la mort de son père.
« Nous étions deux à aller travailler, car la famille faisait face à de nombreux problèmes de formes et de dimensions diverses ».
Une vision plus grande de service
L’idée de créer l’ODDSM avait germé vers les années 90-91 après avoir ‘’fait face’’ à un sourd muet, le père de son unique enfant et fils.
« Depuis cette période, j’ai pris conscience des difficultés auxquelles les sourds muets faisaient face », confie Mme Jonka qui révèle avoir travaillé avec d’autres personnalités dont le Dr Michel Péan( Ex-Secrétaire d’Etat pour l’Intégration des Personnes Handicapées) en vue de donner naissance à la « Secrétairerie d’état à l’intégration des personnes handicapées », SEIPH.
Aujourd’hui, plus de 300 âmes ont quotidiennement les yeux rivés sur Guerda. Grâce à ses démarches 138 sourds muets bénéficient d’une allocation ou subvention de l’Etat. 100 autres ont reçu une formation en fabrication de produits détergents.
Et, 25 d’entre eux travaillent à la production et la vente de détergents. Pour Marie Michèle Vixéant, responsable de la production, bien des choses ont changé.
Les personnes qui ne travaillent pas dans cet atelier notamment les jeunes femmes se débrouillent dans la couture et la broderie et vendent leurs produits elles-mêmes.
Par le biais de son association, ces personnes reçoivent également des formations sur les maladies sexuellement transmissibles, sur le choléra ou encore les bonnes pratiques d’hygiène.
« Je suis un handicapée, je participe à ma manière à l’avancement du pays. Vous aussi vous avez un rôle à jouer dans la société. Attention à la paresse. Travaillez avec vigueur, tempérance et patience, et la réussite viendra à coup sûr !, conseille Guerda aux femmes du pays.
Rédaction : Pierre Jérôme richard
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