Par Skye Wheeler
PORT-AU-PRINCE, Haïti, 18 janvier 2012 - Dans deux tentes exiguës de l'UNICEF, plantées au beau milieu de l'Hôpital général, l'Infirmière en chef Bluette Jean-Louis et le Dr Josiane Andrianarisoa s'occupent des enfants sévèrement mal nourris. Beaucoup d'entre eux sont malades.
« Quelquefois on a des bébés mal nourris qui tombent malades. Quelquefois ce sont les malades qui deviennent mal nourris. C'est que nous appelons un cercle vicieux », explique le Dr Andrianarisoa, qui dirige le programme nutritionnel de Concern Worldwide à Port-au-Prince.
Même avant le séisme dévastateur de 2010, la malnutrition en Haïti avait atteint des seuils de crise. Un enfant sur cinq de moins de cinq ans avait un poids insuffisant et près d'un tiers souffrait de malnutrition chronique. Mais aujourd'hui, deux ans après la catastrophe, on assiste à une expansion sans précédent des services de nutrition préventifs et thérapeutiques pour les enfants et les femmes.
Créer des solutions durables
Le Dr Andrianarisoa qui est partie intégrante de ces services étendus, aide à garantir la durabilité de ces programmes.
Elle passe ses journées à parcourir les rues étroites de la capitale, entrant et sortant des cliniques de nutrition gérées par Concern, s'assurant que chaque enfant sous sa responsabilité va aussi bien que possible. Et, d'une façon cruciale, elle transmet ses connaissances à ses collègues haïtiens.
Dans l'une des tentes de l'Hôpital général, l'Infirmière en chef Bluette Jean-Louis, le Dr Josiane Andrianarisoa et un des pédiatres locaux de l'hôpital ont évalué le cas de la jeune Maya Max Davens, âgée de 4 mois.
Comme le bébé se tortille, le docteur Josiane Andrianarisoa interroge le pédiatre sur son plan de traitement et passe ensuite ses notes en revue. Le fait d'aider les docteurs locaux à affiner leurs compétences permet de garantir que les programmes de nutrition en Haïti continueront à opérer efficacement à l'avenir.
L'importance de l'allaitement
« C'est un beau bébé. Il n'est pas trop malade, juste mal nourri ». dit le Docteur Andrianarisoa en se tournant vers la mère de Maya Max, Marie-Louise Surin, pour lui demander si elle avait allaité son nourrisson.
Celle-ci répond qu'elle a essayé pendant longtemps mais que Maya Max a toujours refusé de prendre le sein. Finalement, elle a renoncé et a commencé à la nourrir au lait de vache et à la semoule de maïs.
« Ce n'est pas bien », répond le Dr Andrianarisoa. « Vous devez l'allaiter jusqu'à au moins six mois ».
Le lait maternel contient tout les nutriments dont a besoin le bébé et lui fournit aussi des anticorps qui renforcent son système immunitaire. L'UNICEF et ses partenaires travaillent pour promouvoir l'importance de l'allaitement maternel dans le pays, dans le cadre plus large de la lutte contre la malnutrition chez l'enfant.
Marie-Louise Surin va apprendre comment allaiter correctement Maya Max et, en attendant, le bébé va recevoir du F100, une sorte de lait fortifié plein de matière grasse, de vitamines et de minéraux. Le lait fortifié et d'autres nourritures fortifiées, le soutien technique et d'autres ressources sont fournis par l'UNICEF à beaucoup de cliniques et d'hôpitaux du pays.
Quand Maya Max et sa mère quitteront le Centre de nutrition, le bébé continuera de recevoir des soins en ambulatoire afin de s'assurer que son état continue de s'améliorer. Chaque fois qu'un bébé quitte le Centre, c'est un triomphe pour l'Infirmière en chef Bluette Jean-Louis et le Dr Josiane Andrianarisoa.
« Vous vous sentez heureuse quand ils grandissent », dit le Dr Andrianarisoa. « J'adore mon travail ».
De nouvelles installations
Les tentes à l'Hôpital général sont encombrées de berceaux et de cartons de pate d'arachide fortifiée. Les docteurs et les infirmiers doivent se déplacer avec soins pour aller d'un patient à un autre.
Entre deux berceaux, une mère dort à même le sol. L'air est épais et humide, et chacun transpire.
Mais tout à côté, se trouve la nouvelle zone de nutrition - pas une tente, mais une grande pièce avec de nouveaux berceaux et des ventilateurs qui soufflent depuis les murs où sont peintes des fresques murales.
« L'UNICEF a payé pour tout cela. C'est beaucoup plus proche des toilettes et des équipements sanitaires. C'est bien mieux ainsi », affirme le Dr Andrianarisoa.