Par Benjamin Steinlechner
CAP HAITIEN, Haïti, 6 janvier 2012 - Presque chaque jour, le Père Stra se promène en ville, à Cap Haïtien à la recherche de garçons qui sont prêts à quitter la rue pour le sanctuaire du Centre Don Bosco.
C'est au cours de l'une de ces promenades qu'il a rencontré Pierre Juno (ce n'est pas son vrai nom), un adolescent de 15 ans dont la vie a basculé le jour où sa mère est décédée. Son père s'est remarié avec une autre femme qui s'est mise à le battre jusqu'à ce qu'il se décide à fuir, rejoignant les milliers d'enfants qui luttent pour leur survie dans les rues d'Haïti, exposés aux abus, à la violence et au recrutement forcé dans les gangs infâmes du pays.
Le Centre d'accueil et d'hébergement pour enfants des rues Don Bosco Lakay Lakou est la seule institution de ce genre à Cap Haitien, fournissantnon seulement un abri contre la violence et l'insécurité des rues, mais aussi une chance d'étudier. Ceux qui vivent au Centre doivent promettre, et signer un contrat confirmant cet engagement, qu'ils iront à l'école.
« Le plus important pour aider ces enfants est de comprendre quelle est leur vie dans la rue », explique le Père Stra. « Nous les invitons à venir et à passer quelques heures avec nous chaque jour. Ils réapprennent petit à petit à vivre dans un environnement sûr. Ils viennent et repartent librement. À la fin, ils décident par eux-mêmes s'ils veulent ou non rester avec nous ».
On manque de Centre d'accueils
Le centre Don Bosco Centre offre aux enfants quelque chose de particulier : pas seulement un abri mais aussi une communauté, et pas seulement une aide pour le présent, mais aussi les connaissances et l'éducation qui les aideront pour leur avenir.
En Haïti, peu d'enfants ont une telle occasion. Même avant le tremblement de terre de 2010 qui a dévasté le pays, l'UNICEF estimait qu'au moins 50 000 enfants étaient hébergés dans des établissements quelconques de prise en charge. Beaucoup de ces institutions étant mal gérées.
La plupart des enfants vivant dans ces établissements ne sont pas orphelins ; beaucoup ont été placés là par des parents qui espèrent qu'ainsi ils recevront une éducation et que l'on s'occupera bien d'eux. Mais, trop souvent, ce n'est pas le cas. En fait, les enfants vivant dans ces institutions, qui sont entassés dans des dortoirs aux sanitaires souvent inappropriés, sont plus vulnérables aux épidémies de malades comme le choléra, et sont bien plus susceptible d'être exploités, exposés au travail forcé et aux abus sexuels.
Améliorer les normes de prise en charge
Avec l'aide et une formation de l'UNICEF, L'IBESR, l'Institut du bien-être social et de recherches , s'est employé à rechercher et à évaluer ces Institutions de prise en charge et fait un rapport sur leurs normes d'accueil.
Cent cinquante travailleurs sociaux employés par l'IBESR, et formés par l'UNICEF, travaillent également à rechercher les familles des enfants placés en institution pour voir s'ils peuvent retourner chez eux en toute sécurité.
Entre-temps, le Centre Don Bosco, qui est partenaire de l'UNICEF, intervient pour aider ceux qui comme Pierre ne peuvent retourner chez eux.
Dans la rue, Pierre a enduré la violence et la faim. Mais avec l'aide du Père Stra et du Centre Don Bosco, il va apprendre à se bâtir une nouvelle vie.
« J'ai voulu venir au Centre parce que je sais qu'ici on va me venir en aide », a déclaré Pierre à son arrivée au centre.