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Haiti

En attente de triplés sans le savoir

Grâce à l’appui du projet SSIAF, les trois nouveau-nés sont en bonne santé

Ndiaga Seck

Il n’est pas évident d’attendre un enfant et d’en accoucher trois, d’un coup. C’est ce qui est arrivé à Lisette Joseph, résidente de Les Anglais, dans le Département du Sud en Haiti.

« J'ai toujours cru que je portais un seul enfant. Après que le garçon fut né, on m'a dit qu'il y en avait un autre. Une fois à l’hôpital, on m'a dit qu'il y en avait encore un troisième », raconte-t-elle.

Les nouveau-nés sont certes les bienvenus mais la famille qui les accueille est déjà nombreuse et très vulnérable. « Avec ces trois derniers, nous avons maintenant six enfants », s’inquiète Wiscar Léone, le mari de Lisette, soulignant qu’ils ont perdu un enfant l’année dernière.

Le projet SSIAF renforce la capacité des structures sanitaires

Les Anglais a été balayée par un tremblement de terre de magnitude 7,2 faisant des pertes humaines par milliers et d’importants dégâts matériels. Au moins 97 institutions sanitaires ont été détruites ou endommagées dans le sud-ouest d’Haïti, réduisant l’accès aux soins de santé a près d’un million de personnes. Six mois plus tard naissent les bébés de Lisette qui ont besoin d’une attention particulière et une prise en charge optimale pour survivre. Par chance, le centre de sante de Les Anglais est bien équipé pour faire face.

« On a prodigué aux bébés les soins nécessaires et ensuite on a pris leurs mesures dont leur périmètre crânien et leur longueur. On les a habillés et par la suite, installés sur la table chauffante munis de leurs serviettes. On a placé les trois bébés comme dans la crèche du petit Jésus », narre Miss Vanessa Chevalier, la sage-femme qui les a reçus. Ils étaient petits et placés sur la même table, l’un après l’autre.

Le centre de santé de Les Anglais bénéficie du projet Services de santé intégrés pour les adolescentes et les femmes (SSIAF), financé par le Canada et mis en œuvre par les agences des Nations unies UNFPA, ONUSIDA, OPS/OMS et l’UNICEF, en appui au ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), et au Le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF). Il a pour objectif d’améliorer la santé sexuelle et de la reproduction des femmes et des adolescentes et la santé des nouveau-nés et des enfants dans le Sud et la Grand’Anse, particulièrement touchés par l’ouragan Matthew.

La santé de la mère, du nouveau-né et de l’adolescente reste très précaire dans le Sud et la Grande Anse alors que le taux de planification familiale y est encore très préoccupant. 37% des besoins en matière de planning familial dans le Sud et 35% dans la Grande Anse ne sont pas satisfaits. Avant le séisme, seul 57% des institutions offraient les trois méthodes mécanique, orale et longue durée réversible de contraception. Seul 1,8% des femmes optent pour les méthodes de longue durée et de nombreuses femmes en union ne sont pas informées des méthodes disponibles, notamment celles leur permettant de limiter les naissances. Huit femmes sur 10 n’ont pas été informées par un professionnel de santé lors de leur dernière visite médicale.

Les Léone n’ont pas les moyens de prendre soin de six enfants

Lancé en 2018 pour une durée le de cinq ans, le projet SSIAF vise à améliorer la santé sexuelle et de la reproduction des femmes et des adolescentes et la santé des nouveau-nés et des enfants des deux départements. Le couple Léone reste légitime bénéficiaire de ce projet, car rendu vulnérable par les catastrophes naturelles, et ne pouvant sûrement pas payer les frais médicaux requis pour sauver la vie de trois nouveau-nés en même temps, tout en prenant soin de trois autres enfants. Et Lisette ne devrait pas avoir respecté ses consultations prénatales pour avoir ignoré qu’elle attendait plusieurs enfants. « Je ne savais pas que j'allais mettre autant d'enfants au monde. J'étais frustrée. Je n'ai jamais vu une chose pareille », s’étonne-t-elle.

Lisette a également accouché à la maison l’un des triplés, accroissant les risques de mortalité à la naissance. En Haiti, le taux de mortalité infantile est de 59 pour 1000 selon l’étude EMMUS VI de 2017, demeure l’un des plus élevés du continent américain. Il est de 28 pour 1000 et de 40 pour 1000 dans la Grande Anse et du Sud respectivement. Les agents de santé se battent pour inverser la tendance.

« Vu que nous sommes supportés par le projet SSIAF, nous rendons visite aux matrones et les encourageons à référer les patientes à l'hôpital. Nous faisons aussi des visites à domicile et prodiguons des kits de planning familial, des consultations prénatales et organisons cliniques mobiles », dit Miss Chevalier.