En visite en Haïti depuis le 22 mai, l'expert indépendant des Nations Unies sur les droits de l'homme en Haïti, Louis Joinet, a tenu, ce mercredi 30 mai, une conférence de presse dans les locaux de la MINUSTAH, à la fin de son séjour.
A l'occasion, il a dressé le bilan de ces observations sur la situation dans le pays : des avancées ont été constatées même si encore faiblement perçues par la population.
A l'issue de sa visite en Haïti, Louis Joinet a partagé avec la presse haïtienne les principales observations faites durant son séjour. L'expert indépendant a indiqué avoir été positivement surpris de constater une évolution, dans le bon sens, de la situation des droits de l'homme dans le pays. « La dynamique s'inverse, ce que je n'avais jamais constaté auparavant», a-t-il souligné.
Le premier progrès observé, selon Louis Joinet, a trait à la lutte contre les gangs. « Le président René Préval a lui-même donné le feu vert pour mener ces opérations contre les bandes armées après les avoir invitées sur la table de la concertation », a-t-il rappelé.
Il a également indiqué avoir constaté une réelle volonté politique de s'attaquer aux problèmes de la justice, se référant, entre autres, à la commission justice mise sur pied sous l'instigation du président de la République. Le processus de certification des agents de la Police Nationale d'Haïti (PNH), encore appelé « veting », fait en outre partie des progrès constatés par l'expert indépendant.
Le dépôt, au parlement, des lois relatives à la réforme de la justice ou en faveur de la promotion et de la liberté des femmes, l'ouverture 7 jours sur 7 du parquet du tribunal civil de Port-au-Prince, la tenue des assises criminelles, le fonctionnement d'un bureau d'assistance légale publique au Cap-Haïtien, la mise sur pied d'une commission traitant des cas de détention préventive prolongée sont autant de progrès également enregistrées selon Louis Joinet.
L'expert indépendant des Nations Unies note toutefois que les avancées ne sont pas encore amplement senties par la population. « Pour l'instant, l'impact de ces progrès sur la population est faibles», a-t-il dit, soulignant qu'« il faut du temps pour que le public perçoive les changements et le relais doit être avant tout assuré par les élus, surtout pour faire passer les réformes ».
Durant sa visite en Haïti, l'expert indépendant des Nations Unies a été reçu à deux reprises par le président de la République, a rencontré les présidents des deux chambres et s'est entretenu avec des hauts cadres de la MINUSTAH.
« Son séjour en Haïti a été très positif », a confirmé Thierry Fagart, chef de la section des Droits de l'homme de la MINUSTAH, précisant qu'«il a pu faire le suivi de ces précédentes recommandations et a observé une dynamique de progrès dans le pays ».
« La priorité maintenant devrait être de consolider les institutions d'Etat de droit et d'encourager le gouvernement dans cette action. C'est à ce prix seulement que l'on peut espérer arriver au respect des droits de l'homme en Haïti », a estimé Thierry Fagart.