Résumé
La présente étude a été réalisée dans le cadre du Projet « Migration, environnement et changement climatique : Données à l’usage des politiques » (MECLEP). Elle a pour objectif de contribuer aux connaissances globales sur les liens entre les migrations et les changements environnementaux, notamment le changement climatique. Nous explorons ainsi, dans cette étude de cas, la façon dont les différentes formes de mobilité humaine peuvent soit contribuer, soit entraver l’adaptation à l’environnement et au changement climatique. Nous analysons aussi dans ce rapport les liens entre ces formes de mobilité et la vulnérabilité des ménages dans trois municipalités haïtiennes (Gonaïves, La Marmelade et Port-au-Prince), sélectionnées en raison de leur vulnérabilité face aux changements climatiques et environnementaux.
Il ressort du rapport que les ménages comptant au moins un migrant sont moins vulnérables que ceux qui n’en comptent aucun. Parmi toutes les formes de mobilité étudiées, les mouvements migratoires sur le court terme sont associés à un taux de vulnérabilité plus élevé que les autres, tandis que les déplacements saisonniers et circulaires semblent, eux, s’inscrire dans la stratégie de diversification des moyens de subsistance la plus prometteuse.
En revanche, l’étude rejoint les conclusions d’enquêtes précédentes (de Haas, 2005 ; de Haan, 2011 ; Skeldon, 1997 ; Banque mondiale, 2006), qui indiquent que ce ne sont ni les ménages les plus pauvres, ni les ménages les plus riches qui migrent le plus souvent, mais bien les membres de ménages disposant d’un revenu médian. Au vu du potentiel que recèle la migration, notamment comme stratégie de réduction de la vulnérabilité, il serait souhaitable de mettre en place une politique migratoire inclusive qui se concentrerait sur les besoins des ménages les plus pauvres.
Les résultats de cette étude montrent donc qu’il conviendrait de renforcer les politiques visant à accroître le potentiel que recèle la migration en tant que stratégie d’adaptation aux changements environnementaux et climatiques, tout en prévenant et en réduisant les risques liés au déplacement. Outre le projet de la politique nationale migratoire d’Haïti (actuellement en discussion), on observe une interconnexion entre la migration, la vulnérabilité des ménages et plusieurs domaines d’action politique, dans lesquels il serait important d’intégrer la thématique de la migration, en tenant compte des spécificités des femmes haïtiennes.