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Haiti

Augmenter l’accès à l’eau par la reforestation

septembre 18, 2018/dans UNICEF, Water and Sanitation documents /par Jean Panel Fanfan

L’UNICEF avec une contribution de l’USAID met en œuvre des projets de réhabilitation d’eau dans plusieurs départements du pays. L’un des volets importants de ce programme est la reforestation autour des sources de captage d’eau afin de protéger et faciliter la recharge de la nappe phréatique et de permettre aux populations d’avoir de l’eau en quantité et en qualité suffisante.

Dans le Sud, le partenaire d’exécution du projet, la Croix-Rouge néerlandaise, va dans les endroits les plus reculés en menant à bien ce programme, avec l’appui de la DINEPA.

Cayes, le 18 Septembre 2018- La localité Mulat (3ème Boni) commune de Tiburon, est l’une des bénéficiaires. C’est un endroit très difficile d’accès, et le relief escarpé rend encore plus difficile l’accès à l’eau potable. Sous la supervision de la DINEPA, la Croix-Rouge Néerlandaise, avec le support de l’UNICEF et de l’USAID, conduit des activités d’adduction d’eau potable, comme la construction d’une source de captage, d’un réservoir ainsi que des bornes fontaines pour puiser l’eau.

D’un autre côté, des activités de reboisement sont menées afin d’assurer la pérennité du projet. L’un des responsables du projet au niveau communautaire, Saurel Vital, Casec de la section, ne cache pas sa satisfaction quant à la réalisation du projet. « Il y a eu beaucoup d’amélioration en ce qui concerne la situation de l’eau. Elle n’était pas potable et les animaux avaient l’habitude de souiller l’eau car la source n’était pas captée », explique-t-il.

« Il est d’une importance capitale de planter des arbres. Notre localité avait une très grande couverture végétale. Le cyclone Matthew a déraciné la grande majorité des arbres, rendant la communauté extrêmement vulnérable. La Croix-Rouge Néerlandaise a exécuté des projets de reboisement autour des sources d’eau construites ce qui va permettre de conserver cet ouvrage », se réjouit-il.

L’organisation a distribué 16 082 de plantules aux riverains des sources réhabilitées, incluant 11 900 arbres fruitiers et 4182 forestiers, elle a également organisé des séances de formation sur la protection de l’environnement. Pour l’ensemble du projet, 14 hectares ont été reboisées sur le périmètre de protection de 6 sources dont 3 hectare dans la zone de Mulat avec 2148 arbres comprenant 1500 arbres fruitiers et 848 arbres forestiers.

« Il y a eu beaucoup d’amélioration dans notre vie depuis ce projet d’eau. De plus, nous sommes mieux imbus de l’importance des arbres. Nous avons reçu des formations sur les techniques de plantation des arbres et bois de pousse et nous allons en planter beaucoup plus », souligne l’un des riverains. Dans le cadre du projet 120 personnes des communautés ont été formées sur les techniques de plantation des bois de repousse et des arbres.

L’engagement communautaire a fait la différence

La communauté s’est rapidement impliquée dans le projet de reboisement, elle a participé à la construction d’une clôture autour de la source de captage, procédé à des nettoyages en arrachant les mauvaises herbes, et sensibilisé les gens afin qu’ils empêchent aux animaux de manger les plantules. Ils vont continuer de planter des arbres bien après le départ de la Croix-Rouge Néerlandaise.

« Nous avons accueilli ce projet avec beaucoup de chaleur, tout le monde était partie prenante. Nous avons mis sur place un service de volontariat. La communauté a participé au transport du matériel, car c’est très loin. Maintenant il nous revient de pérenniser ce projet. Nous sommes en train de les responsabiliser, car le projet nous appartient, désormais », poursuit M. Vital.

Un projet important

Joesmy Louis, agronome et coordonnateur Livelyhood, au sein de la Croix-Rouge Néerlandaise, insiste sur l’importance de planter des espèces d’arbres spécifiques afin de contribuer à la recharge de la nappe phréatique. Les formations ont permis aux gens de planter eux-mêmes des plantules qu’ils avaient préparées.

Pour combattre la sècheresse qui menaçait les arbres, des techniques artisanales ont été mise en place, comme l’utilisation de bidon d’eau sur la racine des arbres de manière régulière, de pailles pour réduire l’impact du soleil.

« Les gens n’ont pas été payés pour planter les arbres. Ils se sont levés de très tôt, tambour à la main dans une ambiance festive, avec la participation de tout le monde pour ce mouvement de reboisement », se réjouit-il. Le mélange d’arbres fruitiers a contribué à augmenter l’intérêt de la population.

Une localité très isolée

La localité de Mulat culmine à plusieurs centaines de mètres de hauteur. Nichée dans les montagnes, elle est pratiquement inaccessible. Il faut un bon chauffeur et une voiture tout-terrain solide pour y parvenir. Car la route est très étroite, tracée par la population avec les moyens du bord, c’est-à-dire rien.

Les grosses roches sont partout présentes, avec les falaises à pic qui sont tout prêtes, l’inquiétude est omniprésente pour tous les passagers. La route résiste même aux inévitables motos, on n’en voit pas sur la route. Les conditions de vie sont très difficiles pour les riverains.

Mme Maria Luisa Fornara, Représentante de l’UNICEF en Haïti, explique que l’accès à l’eau potable permet de protéger les familles, principalement les enfants contre les maladies.

« Conformément aux principes d’équité qui guide l’UNICEF, nos interventions se font à travers tout le pays. Avec un accent sur les endroits difficiles d’accès où la population est très vulnérable. Nous remercions l’Etat haïtien pour son accompagnement et le peuple des Etats-Unis pour ce financement qui nous a permis de faciliter l’accès à l’eau potable pour ces familles », conclut-elle.

Le couvert végétal autour des sources joue plusieurs rôles. En effet, les sols forestiers retiennent les eaux de pluie qui se fraient un chemin jusqu’aux nappes aquifères, permettant leur recharge. Les forêts riveraines évitent le ruissellement de sols acides dans les lacs et les rivières d’eau douce qui en seraient très affectés. Elles réduisent les crues, limitent des inondations, empêchent l’érosion des sols.