La violence, la pauvreté, la fermeture des établissements scolaires, ainsi que la résurgence du choléra et la malnutrition poussent les enfants et leurs familles au bord de l’abîme
Du fait de la conjugaison dévastatrice des menaces que constituent l’agitation politique, l’intensification des violences armées, la résurgence du choléra, la malnutrition et l’inflation galopante, la survie de la moitié des enfants en Haïti en 2023 dépendra probablement de l’aide humanitaire. En effet, les enfants et leurs familles font actuellement face à un seuil critique : leur accès à l’eau potable, à l’éducation et aux services de santé de base est limité, tandis qu’ils peinent à se procurer des aliments financièrement abordables.
Dans cet environnement particulièrement instable et dangereux, l’UNICEF collabore avec ses partenaires afin de renforcer les efforts déployés pour protéger les familles et leur fournir le soutien vital dont elles ont désespérément besoin. Les mesures mises en place incluent notamment :
L’appui aux services nutritionnels
On estime que plus de 4,9 millions de personnes vivant en Haïti font face à une famine aiguë, et que des dizaines de milliers d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’émaciation sévère, également appelée malnutrition aiguë sévère. Incapables de lutter contre les infections à bactéries, à virus ou à champignons, les enfants émaciés succombent à diverses maladies. L'appauvrissement des ménages complique de plus en plus l’accès à une alimentation de qualité, tandis que l’insécurité et les violences armées continues ne font qu’aggraver les difficultés.
L’UNICEF appuie la fourniture de services nutritionnels, dont le traitement de la malnutrition aiguë, tout en assurant également la distribution de suppléments en micronutriments, de médicaments vermifuges et de vaccins.
La livraison de fournitures médicales
En octobre 2022, après plus de trois ans sans aucun signalement de cas, Haïti a déclaré une résurgence du choléra, une maladie mortelle lorsqu’elle est associée à la malnutrition. Les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère sont en effet particulièrement vulnérables au choléra et beaucoup plus susceptibles d’en mourir.
Malgré un environnement extrêmement instable, l’UNICEF a, en collaboration avec ses partenaires, intensifié ses efforts pour protéger les familles du choléra en fournissant des kits de traitement et en améliorant l’accès à l’eau potable. L’organisation a appuyé le Ministère de la santé dans le déploiement d’une campagne de vaccination, en livrant notamment des doses de vaccin oral, en dotant les équipes de vaccination de glacières pour le transport des vaccins, et en favorisant la communication relative aux risques par le biais de la mobilisation des communautés.
La promotion d’environnements d’apprentissage sûrs
L’éducation est prise pour cible en Haïti. Les actes de violence armée perpétrés contre les établissements scolaires et les élèves, tels que les fusillades, les saccages, les pillages et les enlèvements, ont considérablement augmenté au cours de l’année passée, tandis que les troubles généralisés et l’insécurité croissante commencent à détériorer le système éducatif du pays. Les attaques contre les établissements scolaires commises par les groupes armés ont de lourdes répercussions sur la sécurité, le bien-être et les capacités d’apprentissage des enfants. Parallèlement, les enfants ne fréquentant plus l’école par peur pour leur sécurité courent davantage de risques d’être recrutés par les groupes armés.
Pour les enfants vivant dans un contexte marqué par l’agitation civile et la violence urbaine, l’école représente bien plus que la possibilité d’apprendre. Elle leur offre le soutien de leurs enseignants et de leurs pairs, l’accès à des repas et le sentiment d’une certaine normalité. Aussi, l’UNICEF exhorte l’ensemble des parties prenantes à éviter toute action susceptible de mettre en péril le droit des enfants à l’éducation.
L’UNICEF encourage l’accès et le retour à l’apprentissage en toute sécurité, en fournissant notamment du matériel scolaire et en menant des actions de plaidoyer visant à mettre fin aux attaques perpétrées contre l’éducation. L’organisation versera par ailleurs des subventions en espèces assorties de conditions aux établissements scolaires qui intégreront des enfants vulnérables et amélioreront les infrastructures éducatives, ainsi que la gestion des capacités des enseignants.
La fourniture d’un soutien psychosocial
Enlèvements, maisons incendiées, massacres et déplacements : la vie des enfants en Haïti est constamment menacée par l’intensification des violences armées, en particulier dans la capitale, Port-au-Prince. Les risques latents liés à la violence, notamment à la violence sexuelle et à la violence liée au genre, ainsi que la séparation des familles et les déplacements, pèsent lourdement sur la santé mentale et le bien-être des enfants.
Outre les actions de plaidoyer visant à prévenir la violence armée à l’encontre des enfants et des communautés et à y mettre un terme, l’UNICEF accorde la priorité aux interventions de soutien psychosocial ciblant les enfants. Celles-ci consistent notamment à recenser les plus vulnérables et à leur fournir, le cas échéant, des soins et des services d’orientation. L’UNICEF appuie également les services de protection destinés aux victimes de violence liée au genre, aux enfants séparés de leur famille et non accompagnés et à ceux associés aux groupes armés, tout en renforçant les réseaux de proximité consacrés à la protection de l’enfance.
L’aide au relèvement et à la préparation aux catastrophes
Plus de 18 mois après qu’un puissant séisme a frappé le sud-ouest d’Haïti en août 2021, tuant plus de 2 200 personnes, détruisant des dizaines de milliers d’habitations et transformant les infrastructures de base en champs de ruines, le pays se relève lentement de la catastrophe. Si des progrès importants ont été accomplis malgré les problèmes majeurs posés par les troubles sociaux et politiques et la violence permanente, il reste difficile de garantir notamment l’accès aux services de santé, d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, de protection et d’éducation.
Présent en première ligne dans les heures qui ont suivi la catastrophe, l’UNICEF continue d’appuyer la reconstruction et la réhabilitation des établissements scolaires dans le sud-ouest d’Haïti, ainsi que la remise en état des systèmes d’approvisionnement en eau, et de fournir des transferts en espèces aux familles vulnérables pour les aider à se relever des conséquences du séisme.
Parallèlement, l’UNICEF s’emploie à accroître les activités de préparation en vue de la prochaine saison des ouragans, afin de protéger les populations déjà vulnérables avant qu’il ne soit trop tard.
Actuellement, l’aide humanitaire constitue le seul rempart empêchant le pays de sombrer dans le chaos. L’UNICEF, qui travaille sans relâche pour faire en sorte qu’aucun enfant ne soit laissé de côté, a déjà reçu un précieux soutien de la part des donateurs. Cependant, pour répondre aux besoins urgents et croissants, nous devons obtenir rapidement un appui supplémentaire, en particulier des financements souples. Les financements souples fournis par les partenaires et les donateurs sont essentiels afin que l’UNICEF puisse intervenir rapidement en Haïti et dans d'autres situations d’urgence, tout en assurant la préparation aux menaces futures.