Deux ans après le terrible séisme du 12 janvier 2010 en Haïti, les défis à relever pour la reconstruction restent immenses :
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Près de 550 000 personnes déplacées vivent encore dans des camps de fortune - L’épidémie de choléra qui sévit depuis 15 mois n’est toujours pas endiguée - 52% des habitants n’ont pas d’accès à l’eau potable - 800 000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire.
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La gouvernance du pays reste toujours instable, tant au niveau des institutions nationales qu’au niveau des processus de décentralisation et de déconcentration.
Deux ans après, ONG et Gouvernements font le bilan de leurs actions.
Après la Conférence de New York du 31 mars 2010, 5,5 milliards de dollars ont été engagés par la communauté internationale pour répondre à l’urgence.
En 2010, suite à sa visite en Haïti, le président Sarkozy avait promis 326 millions d’euros sur deux ans (100 millions supplémentaires par rapport à une situation sans séisme[1]) dont 65 millions d’euros à travers les mécanismes communautaires de l’UE.
Aujourd’hui 70% de cette aide a été décaissée et a permis de financer de grands projets, tels que la reconstruction de l’hôpital de Port au Prince, la contribution à la réalisation du cadastre haïtien, la rénovation urbaine de deux quartiers touchés par le séisme à Port-au-Prince, le renforcement de l’Etat, la formation à la sécurité publique, l’enseignement à distance, etc. La France a également financé de l’aide alimentaire (à hauteur de 3,3 millions d’euros en 2011).
L’aide française se répartit comme suit :
Aide humanitaire et livraison de matériels : 24,5 M€
Appui budgétaire global : 40 M€
Annulation de la dette : 52,5 M€
Aide projets : 100 M€
Part allouée au budget de l’aide de l’Union Européenne : 65 M€[2]
Feu la Commision intérimaire pour la reconstruction d’Haïti
Etablie en avril 2010, la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti avait pour objectif de faciliter et coordonner les investissements et efforts de reconstruction du pays. Son mandat a pris fin le 21 octobre 2011. Sa disparition pose de sérieuses questions, parmi lesquelles la coordination d’une vision stratégique des grands projets d’ONG, la participation des représentants des capitales régionales haïtiennes, mais aussi la présence des acteurs non gouvernementaux haïtiens dans les instances de décision. L’instabilité politique du pays reste une entrave à une utilisation optimale des fonds.
Actions des ONG
Plusieurs ONG membres de Coordination SUD ont répondu à l’urgence de janvier 2010 et poursuivent leurs actions pour accompagner la reconstruction du pays sur le long terme, malgré la baisse actuelle des dons :
Acted a permis, entre septembre 2010 et décembre 2011, d’offrir un logement à 2726 familles dans la commune de Léogâne et dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, soit plus de 13 000 personnes qui ont retrouvé un foyer pour se reconstruire et pour envisager une nouvelle vie.
Action contre la faim, accompagne désormais les populations haïtiennes vers la transition et continue de transférer les activités d’urgence des sites de déplacés vers les quartiers d’origine.
Aide et action et ses partenaires soutiennent des écoles et rénovent des centres de formation professionnelle.
Care France privilégie aujourd’hui un soutien de reconstruction, en partenariat avec les acteurs locaux institutionnels, privés et la société civile haïtienne.
Frères des hommes soutient plus que jamais son partenaire le Mouvement Paysans Papaye, en formant et développant des techniques agricoles innovantes.
Handicap International va prochainement transmettre son centre orthopédique à une institution haïtienne et a dernièrement coordonné la construction d’abris permettant de reloger 4799 personnes vulnérables.
Le CCFD-Terre solidaire soutient dans le pays 7 organisations locales de développement qui s’investissent aujourd’hui dans des projets de long terme.
Le Gret est intervenu notamment sur l’accès à l’eau potable dans des quartiers de Port-au-Prince, dans un contexte tendu où les services de l’Etat peinent à intervenir.
Médecins du Monde s’associe au dessinateur Rémi Courgeon, pour présenter Haïti deux ans après. En 2011, les équipes de Médecins du Monde en Haïti ont réalisé 250 000 consultations et actes chirurgicaux.
Le Secours catholique participe à la reconstruction en soutenant des partenaires locaux qui interviennent en priorité sur des actions liées à l’éducation, la santé, la reconstruction de logements, le développement agricole et les droits humains.
Le Secours islamique France poursuit son action humanitaire, avec une attention toute particulière à l’enfance.
Partenaire de Coordination SUD, la Fondation de France a engagé les trois quarts des 33 millions récoltés grâce à la générosité des donateurs. Elle soutient 164 projets qui ont bénéficié à 700 000 personnes.
Le 9 janvier, Solidarités International a organisé, à Paris, un Forum humanitaire sur la reconstruction en Haïti. Au cours de cette journée, Solidarités International, La Croix rouge française, le Gret, Acted et ACF ont échangé sur leurs réponses respectives à l’urgence et à la reconstruction d’Haïti.
[1]http://minustah.org/?p=20246 [2]http://www.ambafrance-ht.org/La-France-depuis-le-seisme ambassade française en Haïti