Après une année 2008 difficile, 2009 a apporté une lueur d'espoir en Haïti avec des avancées réalisées dans plusieurs domaines de la vie sociopolitique et économique. Cependant, de nombreux autres défis devront être relevés en 2010 pour consolider la stabilité et réunir les conditions d'un développement économique et social durable. Ce jeudi 7 janvier, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Hédi Annabi, faisait le point de la situation en Haïti à l'occasion de la nouvelle année.
galerie «On a vu se profiler à l'horizon, en 2009, l'espoir d'un nouveau départ. Il appartient aux Haïtiens, et aux Haïtiens seuls, de transformer cet espoir en réalité, en travaillant ensemble au service des intérêts supérieurs de leur pays ». Tels ont été les propos du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies lors d'une conférence de presse au Quartier général de la MINUSTAH à Port-au-Prince.
En effet, souligne-t-il, de nombreux résultats positifs obtenus en 2009 sur le plan économique et social notamment laissent présager un avenir meilleur en Haïti. Par exemple, Haïti a réussi, en dépit d'une conjoncture nationale et internationale difficile, à éviter la récession qui a affecté tant d'autres pays. Aussi, le pays a-t-il obtenu un taux de croissance de son Produit Intérieur Brut (PIB) de près de 2,5 %.
Haïti a également obtenu, au cours de l'année 2009, un allègement de sa dette de 1,2 milliards de dollars vis-à-vis de ses partenaires financiers internationaux. De même, le pays a vu l'annulation de ses dettes vis-à-vis de certains de ses principaux partenaires bilatéraux.
Dans le domaine agricole, une augmentation substantielle de la production a été constatée, ce qui a permis de commencer à réduire l'insécurité alimentaire. Des améliorations ont été également réalisées au niveau des infrastructures, en particulier des routes et des ponts.
Autre fait positif de l'année, la nomination du Président Bill Clinton en mai 2009 comme envoyé Spécial de l'ONU. Le travail entrepris par ce dernier pour changer l'image d'Haïti et convaincre les pays donateurs et les investisseurs privés de faire un effort supplémentaire, a permis de mettre en valeur le potentiel économique du pays.
Cependant, « ces perspectives prometteuses ne pourront se matérialiser pleinement que si la stabilité politique et la sécurité peuvent être maintenues », fait savoir M. Annabi. Celui-ci croit en la nécessité pour le Gouvernement de poursuivre « la mise en œuvre des plans de réformes institutionnelles adoptés en 2006 et 2007, notamment en ce qui concerne le renforcement de l'Etat de droit et la lutte contre la corruption ».
L'occasion pour M. Annabi de saluer l'installation rapide d'un nouveau Gouvernement sous la direction du Premier Ministre Bellerive. Pour lui, cela a permis de rassurer les partenaires internationaux d'Haïti et les investisseurs potentiels.
De meilleures conditions sécuritaires
Dans le domaine de la sécurité, grâce à une étroite collaboration entre la Police Nationale d'Haïti (PNH) et la MINUSTAH, plusieurs activités criminelles ont connu un déclin au cours des douze derniers mois, selon M. Annabi qui cite le nombre de kidnappings. Il se félicite que les opérations et patrouilles conjointes PNH/MINUSTAH aient permis de contenir la violence qui menaçait, au début du mois de décembre, de perturber les fêtes de fin d'année.
Cette amélioration des conditions sécuritaires est due à plusieurs facteurs dont le renforcement des effectifs de la PNH qui a vu l'intégration de 1200 nouveaux agents en 2009. L'institution policière a aussi bénéficié « d'équipements indispensables » et de financement en vue de se doter d'infrastructures nécessaires à son développement.
Le Secrétaire général des Nations Unies a rappelé que la MINUSTAH continue d'apporter une assistance technique et opérationnelle à la PNH en vue du développement et du renforcement de l'institution. A terme, l'appui de la MINUSTAH à la PNH vise à doter celle-ci de la capacité d'assurer seule les fonctions de maintien de l'ordre sur l'ensemble du territoire national.
Hédi Annabi a cité d'autres efforts déployés dans les domaines de la judiciaire. L'ouverture de l'Ecole de la Magistrature et la construction d'une nouvelle prison à la Croix-des-Bouquets sont parmi les efforts louables.
Les élections, un défi majeur
Cependant, si l'avenir parait prometteur, un défi majeur reste à relever, croit le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies. Et ce « défi majeur de l'année 2010 », ce sont les élections législatives et présidentielles, comme il a souligné dans son discours du nouvel an. « Ces élections revêtent une importance capitale pour l'avenir du processus démocratique en Haïti et pour la consolidation de la stabilité », a-t-il fait remarquer.
Selon M. Annabi, « leur réussite permettrait au pays d'entrer dans un cercle vertueux où la stabilité et le développement se renforceront mutuellement ». Mais « leur échec contribuerait à aggraver la méfiance et la suspicion et pourrait mettre en cause les progrès accomplis au cours des quatre dernières années », a-t-il poursuivi.
Aussi est-il, à son avis, « essentiel que ces élections soient honnêtes et transparentes et qu'elles traduisent la volonté du peuple haïtien librement exprimée à travers les urnes ». Et d'ajouter que « la réussite des élections ne dépend pas seulement du CEP ». Elles exigent également « le plein engagement de tous les acteurs politiques concernés, de la société civile et de tous les citoyens, qui devront chacun apporter leur contribution ».
Quant à la MINUSTAH, elle continuera à fournir un appui logistique et sécuritaire au processus électoral, conformément au mandat qui lui a été confié par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, a annoncé le chef de la Mission. Ainsi contribuera-t-elle, en collaboration avec les bailleurs de fonds et le PNUD, à créer les conditions techniques d'une bonne élection.
En 2010, la MINUSTAH, le système des Nations Unies et la communauté internationale seront aux côtés des Haïtiens pour continuer à appuyer et consolider les progrès accomplis. Cependant, « il revient aux Haïtiens de prendre en charge leur propre destin », croit M. Annabi.
Rédaction : Hugo Merveille
Edition : Faustin Caille