Le paludisme constitue le premier problème de santé publique en Guinée. Il sévit de manière stable sur l'ensemble du pays. Le début de la saison pluvieuse est la période où le plus grand nombre de cas est enregistré avec des pics en mai et juin. En ce qui concerne l'incidence annuelle, les régions de la Guinée-Forestière (à forêt dense) et de la Basse-Guinée (marécageuse) sont plus touchées que celles de la savane (Haute-Guinée) et des montagnes (Moyenne-Guinée).
La proportion des décès par paludisme par rapport à l'ensemble des décès chez les moins de 5 ans qui se font dans les formations sanitaires représente 40,7%. Ce fléau touche également les femmes enceintes (répercussions sur le poids de naissance, l'accouchement prématuré, l'avortement et l'anémie notamment pendant les 1ères et 2ème grossesses).
Selon les résultats de l'Enquête démographique et de santé (EDS) 2005, réalisée par le ministère du Plan, 53 % des femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) souffrent d'anémie dont 3 % d'anémie sévère. Pour les enfants de moins de 5 ans, ce taux est 77 %, dont 7% d'anémie sévère.
Face à la résistance croissante à la chloroquine et l'insatisfaction des patients, les autorités ont décidé de l'introduction d'une combinaison thérapeutique à base d'artésiminine (CTA). La nouvelle politique du pays est de renforcer :
- la prise en charge des cas simple de paludisme avec une CTA, compte tenu de la résistance actuellement observée du plasmodium aux antipaludiques ordinaires (chloroquine) ;
- la prévention du paludisme chez la femme enceinte par le traitement préventif intermittent ;
- l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticides (MII) et d'autres matériaux imprégnés d'insecticides ; et
- la gestion de l'environnement.
Les moustiquaires imprégnées d'insecticides (MII) constituent le moyen de prévention le plus efficace mais leur taux d'utilisation est encore très faible dans la population en général. Selon les résultats de l'EDS 2005, le taux de couverture est de 1,4% chez les enfants de moins de 5 ans et de 1,7% chez les femmes enceintes (dans les préfectures non encore couvertes par le Fonds Mondial pour cette stratégie).
Par contre, l'enquête de couverture menée en 2006 par le ministère de la Santé publique, dans les six préfectures couvertes par le Fonds mondial a montré une couverture de 41 % chez les enfants de moins de 5 ans et de 53 % chez les femmes enceintes. Les études réalisées en collaboration avec l'OMS n'ont pas révélé de résistance des vecteurs aux insecticides usuels.
Plusieurs bailleurs de fonds s'investissent dans le cadre de la lutte contre le paludisme en Guinée. Par exemple, le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme intervient à hauteur de 6, 893 509 dollars EU (Round 2) et 26,978.927.000 dollars EU (Round 6).
La Banque mondiale, à travers le projet d'Appui au programme national de développement du secteur de la santé (APNDS),appuiera 18 districts sanitaires pour un coût approximatif de 5, 906, 250 dollars EU. Cet appui est destiné à l'approvisionnement en médicaments, microscopes, matériel de laboratoire, tests de diagnostic rapide et diverses formations des prestataires.
La stratégie de lutte contre le paludisme du gouvernement guinéen a permis un partenariat entre le ministère de la Santé publique et les ministères de l'Environnement, Agriculture et de l'Élevage ; des Travaux publics (TP) et Urbanisme et Habitat ; de l'Intérieur et de la Sécurité et celui de l'information pour la sensibilisation des populations sur l'assainissement. Un comité interministériel siège périodiquement à cet effet pour évaluer la situation.
Le Projet national de lutte contre le paludisme a pour objectif au cours de la célébration de la journée africaine de lutte contre le paludisme 2007, de susciter un leadership, un partenariat pour mieux faire connaître les nouvelles stratégies de lutte contre le paludisme, l'utilisation des moustiquaires imprégnées, et l'introduction des CTA dans la prise en charge des cas simples de paludisme. Pour ce faire, il y aura une mobilisation sociale, des manifestations culturelles et artistiques, appuyées par les medias locaux pour mieux disséminer cette information.
Tabara Barry, Responsable des communications