Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Guinea

"J'ai eu le virus d’ebola et j’ai survécu"

Par Moustapha Diallo, FICR

Ayant grandi en Guinée, un pays surnommé le «château d’eau de l’Afrique», en raison du nombre de fleuves qui y prennent leur source, Saa Sabas, un ingénieur agronome de formation, était prédestiné à travailler et à prendre sa retraite dans le secteur agricole. Le destin en avait décidé autrement, et l’homme de 41 ans, s’est retrouvé comme employé à la pharmacie du centre de santé de Gueckédou.

C’est là-bas, dans ce centre de santé, qu’il a contracté le virus Ebola, un des virus les plus meurtriers connus dans le monde.

Saa Sabas avait un parent malade hospitalisé au centre de santé. C’est donc, tout naturellement, qu’il s’est porté volontaire pour être au chevet de celui-ci, afin d’épargner les autres membres de la famille de faire, chaque jour, des dizaines de kilomètres de pistes séparant leur village au centre de santé.

«Je lui donnais souvent à manger et à boire. Je nettoyais également ses vomissements et ses vêtements» explique Saa Sabas. « Il avait de la fièvre et de la diarrhée, mais je ne savais pas qu’il était atteint d’Ebola».

«Beaucoup de gens sont tombés malades et sont morts parce qu’ils ne savaient pas qu’ils avaient affaire à Ebola, étant donné que les principaux symptômes de cette maladie, à savoir la fièvre, les douleurs, la faiblesse musculaire, les vomissements et la diarrhée, sont similaires à ceux de nombreux autres virus», explique Dr Isabelle Guess, membre de l’équipe de santé déployée par la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) pour soutenir la Croix-Rouge Guinéenne à répondre à la flambée de fièvre Ebola qui s’est emparée du pays depuis quelques mois. «La population et le personnel médical ne connaissaient pas la maladie d’Ebola car c’est la première fois qu’elle a été détectée en Guinée».

Le virus Ebola ne se propage pas dans l’air et ne peut être transmis que par contact direct avec le sang ou les sécrétions corporelles d’une personne infectée ou décédée. Cela signifie que ceux qui sont à proximité des personnes malades ou décédées sont les plus exposées aux risques d’infection.

En raison de son contact étroit avec une personne infectée, et parce qu’il ne portait pas l’équipement de protection individuelle adéquate comme des gants, des masques et des lunettes, Saa Sabas finit par attraper le virus Ebola.

«J’ai frôlé la mort» dit-il, d’une voix tremblante. «J’ai eu des douleurs atroces et une diarrhée répétitive et abondante. En quelques heures, j’ai commencé à perdre du poids».

Il a été rapidement transféré au centre de traitement Ebola mis en place à Guéckédou. Le traitement symptomatique précoce qu’il a reçu, combiné à son esprit de combativité pour rester en vie, finissent par payer.

«Je menais une lutte acharnée contre la mort qui a fini par abandonner» dit-il avec une pointe d’humour. Aujourd’hui Saa Sabas s’est rétabli et fait partie des premiers patients Ebola guéris au niveau du centre de santé de Guéckédou.

A son retour chez lui, Saa Sabas a été stigmatisé, au lieu d’être accueilli à bras ouverts. Ses voisins pensaient qu’il était encore contagieux. «Les gens me fuyaient, même quand je leur montrais mon certificat de guérison. Mais maintenant, grâce aux activités de sensibilisation menées par la Croix-Rouge, ils m’ont accepté», explique Saa Sabas qui porte désormais le surnom d’anti-Ebola dans sa communauté.

Avec une équipe de volontaires de la Croix-Rouge Guinéenne, Saa Sabas visite actuellement les communautés et les sensibilise sur la façon de se protéger et de prévenir la propagation de la maladie, pour apaiser certaines des craintes et rumeurs, mais également pour lutter contre l’ignorance liée à cette maladie dangereuse.

«Je suis un des leurs et je peux leur parler dans une langue qu’elles comprennent. Qui d’autre que moi est mieux placé pour leur parler de l’Ebola»? se demande-t-il. «Ebola existe et va continuer à décimer les membres de ma communauté, si nous n’agissons pas de toute urgence. Beaucoup de gens sont déjà morts et c’est pourquoi je participe aux activités de sensibilisation. J’invite les gens à aller rapidement dans les centres d’isolement et de traitement, dès l’apparition des premiers symptômes de la maladie, afin d’augmenter leurs chances de guérison et de survie».

La FICR a lancé des opérations d’urgence dans six pays de l’Afrique de l’Ouest. Certains pays ont été touchés par l’épidémie d’Ebola (Guinée, Libéria), alors que d’autres sont à risque (Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Sierra Leone). Ces opérations devraient toucher quelque 10 millions de personnes. Pour plus d’informations sur les différentes opérations d’urgence, visitez www.ifrc.org/afrique.