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Guinea

Guinée: les enquêtes sur les massacres de Conakry doivent inclure une participation internationale

Le Cap (Afrique du Sud), 9 Octobre 2009 - La Commission d'enquête sur le massacre d'environ 150 personnes par des éléments de l'armée guinéenne, le 28 septembre 2009, doit être indépendant, impartiale et doit comporter une participation internationale importante, déclare le Centre International pour la justice transitionnelle (CIJT).

L'Union Africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) doivent jouer un rôle de premier rang dans cette enquête, de sorte que l'impunité ne prévale pas, tels que stipulent la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples ainsi que d'autres instruments garantissant les droits de l'homme auxquels les Etats Africains ont souscrit.

« Il existe une culture d'impunité en Guinée, et particulièrement l'impunité des violations des droits de l'homme commis par des agents de l'Etat. Et la Guinée n'a pas du tout puni les graves violations contre l'exercice des droits civils et politiques commises ces deux dernières années », dit Suliman Baldo, Directeur du Programme Afrique au sein de la CIJT. « Seule une commission d'enquête impartiale et internationale pourra établir la vérité sur les massacres de Conakry. Ce serait alors un acte fondateur qui résulterait en l'établissement des responsabilités pour les autres innombrables violations graves des droits de l'homme en Guinée ».

En effet, le 28 septembre, des éléments de l'armée guinéenne ont tiré à balles réelles sur une manifestation de la société civile et des partis politiques organisée au « Stade du 28 septembre »pour protester contre la candidature éventuelle du leader de la junte au pouvoir, Dadis Camara, à l'élection présidentielle, prévue en 2010. Des témoins confirment que les victimes étaient abattues alors qu'ils tentaient de s'enfuir du stade, plusieurs d'entre eux touchées au dos. Près de 150 personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées.

Camara a annoncé que des enquêtes seraient organisées. Etant donné sa position de commandant suprême de l'armée guinéenne, toute initiative d'enquête nationale est vouée à l'échec. D'autres initiatives d'enquêtes organisées dans des conditions similaires ont échoué en Guinée. Il s'agit notamment de la commission d'enquête nationale de mai 2007 et la commission dialogue et réconciliation d'avril 2008. Elles n'ont pas du tout fonctionné et son restées lettres mortes.

« Il existe diverses illustrations visant à instituer une culture de lutte contre l'impunité en Afrique de l'Ouest, en faisant recours à l'expertise internationale. La Commission vérité et réconciliation en Sierra Leone en est un exemple » renchérit Baldo. « La Guinée doit mettre sur pied une commission d'enquête internationale immédiatement. Cela ouvrira la voie à une gamme variée de mesures de lutte contre l'impunité qui assurerait que justice et dignité soient garanties aux victimes des graves abus des droits de l'homme ».

A propos de la CIJT

Le Centre International pour la justice transitionnelle assiste les initiatives des Etats à mettre un terme à l'impunité des crimes de masse et des violations des droits de l'homme. Le Centre œuvre autant dans les sociétés qui émergent des systèmes répressifs ou de conflits armés que dans des régimes démocratiques ou des inégalités historiques ou des violations en masse persistent. Pour plus d'information, visitez le site internet www.ictj.org.

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