Confiance et perplexité, optimisme et prudence : il s'agit des différents états d'esprit que l'on rencontre sur les avenues de la capitale Conakry et dans les quartiers qui donnent sur le port et les bidonvilles de la banlieue, depuis que le ministre de la Défense guinéen et président intérimaire de la junte militaire, le général Sekouba Konate, s'est dit disposé à accepter la nomination d'un Premier ministre désigné par l'opposition, mettant l'accent sur la nécessité de rebâtir l'union des Guinéens et de jeter les nouvelles bases de l'état et satisfaisant ainsi la requête d'un gouvernement d'union formulée par l'opposition. "Les Guinéens sont soulagés", dit à la MISNA Fofana Bakary, vice-président du Conseil national des Organisations de la société civile guinéenne (Cnoscg), qui précise : "Cela confirme la volonté de Konate de ne pas rester éternellement au pouvoir : la société civile, les partis politiques et les syndicats commenceront maintenant à s'entretenir pour trouver un accord sur le nom du nouveau Premier ministre". Président intérimaire de la junte militaire - qui s'est emparée du pouvoir il y a un an -, Konate a déclaré mercredi soir en direct à la télévision qu'il accepterait la nomination d'un chef du gouvernement issu du mouvement social des Forces Vives : une étape qualifiée de décisive par les médiateurs africains, notamment ceux de la Communauté économique des états d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), pour rétablir la légalité constitutionnelle et organiser des élections en Guinée, après la violente répression d'une manifestation de l'opposition le 28 septembre dernier à Conakry. L'hypothèse du retour au commandement de la junte du capitaine Moussa Dadis Camara - à la tête du putsch militaire opéré en décembre 2008 au décès du président et général Lansana Conté, qui était au pouvoir depuis 24 ans - apparaît quant à elle de plus en plus improbable, depuis que celui-ci a été blessé par l'un de ses plus proches collaborateurs en décembre 2009 puis hospitalisé au Maroc. "Maintenant, le véritable problème - précise Come Traoré, secrétaire de la Conférence épiscopale nationale - c'est la réconciliation entre les forces qui forment la base du pouvoir de la junte, c'est-à-dire entre les différentes branches de l'armée et les services de sécurité". Selon Guineenews, les semaines à venir pourraient se caractériser par une éventuelle rupture entre Konate et le capitaine Jean-Claude Pivi, rallié au capitaine Camara et ministre chargé de la sécurité présidentielle, dont les hommes ont été accusés par l'Onu d'avoir coordonné la répression de septembre et le massacre qui s'était ensuivi, soldé par la mort de dizaines d'opposants. En attendant, plusieurs gouvernements étrangers ont exprimé leur satisfaction pour la nouvelle ouverture formulée par la junte guinéenne. Ex-puissance coloniale dans le pays intéressée par les grandes richesses minières d'une des nations les plus pauvres du monde, la France estime quant à elle que Konate "a fait son devoir". La Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite, matière première avec laquelle on fabrique l'aluminium ; pourtant, elle occupe la 170ème place (sur 182) dans l'index du développement humain élaboré par l'Onu. (VG/CC/CN)
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