
L'heure de la mobilisation a sonné dans la ville minière de Siguiri touchée par le virus Ebola. Toutes les composantes de la société civile sont appelées à la rescousse pour éviter la propagation de la maladie.
Le casque vissé sur la tête, les mineurs de la Société Aurifère de Guinée de la ville de Siguiri ont interrompu leur travail quelques instants. Rassemblés par petits groupes dans la cour ou les ateliers en ce premier jour d’août, ils écoutent gravement les agents de la Croix Rouge locale et de l’OMS venus les informer sur la maladie à virus Ebola qui a fait plus de 300 victimes dans leur pays.
Située environ à 800 km au Nord-Est de la capitale guinéenne et proche de la frontière malienne, la ville minière de Siguiri est un foyer actif de la maladie à virus Ebola. Au 5 août 2014, le centre de traitement, mis sur pied depuis plusieurs semaines, avait déjà enregistré 6 cas: 4 cas confirmés dont 2 décès. Une liste de plus de 140 contacts, les proches des malades susceptibles d’être contaminés, a été établie. Une mesure clé pour parvenir à détecter les porteurs du virus et enrayer au plus vite la propagation de la maladie.
Mobilisation à tous les niveaux
Sous la houlette des équipes de la Croix Rouge guinéenne, les actions de sensibilisation se multiplient à tous les niveaux. La plus grande société minière de la localité, la Société Aurifère de Guinée qui emploie quelque 2400 personnes participe activement à cette mobilisation. «Nous sommes préoccupés par cette maladie, vu la panique qui s’est installée au sein des travailleurs depuis que le gouvernement a déclaré la présence du virus Ebola dans notre zone», nous confie le Dr Sylla Ansoumane, directeur des services de la santé de la Société Aurifère de Guinée.
Près de 1800 employés ont ainsi appris à connaître les dangers de la maladie et à s’en protéger en adoptant de strictes règles d’hygiène. Ils ont d’ailleurs réclamé que soient rapidement installés des kits de lavage des mains à toutes les entrées et sorties ainsi que dans la clinique de l’usine. Des personnels de sécurité auront pour tâche de faire respecter le contrôle sanitaire et les règles d’hygiène mis sur place au sein l’usine.
Les messages de prévention relayés dans les mosquées
Toutes les composantes de la société civile de Siguiri sont appelées à la rescousse pour faire circuler les messages de prévention qui permettent de sauver les vies. Les animateurs radio ont été informés sur les mesures de précaution à prendre afin qu’ils relaient une information correcte le plus largement possible.
Les autorités religieuses, imams et prêtres, ont été formées sur les bonnes pratiques concernant le traitement des corps et sur la manière de sécuriser les enterrements. Une quinzaine d’imams réunis à la Direction préfectorale de l’éducation ont pu exprimer leurs inquiétudes: «Quand nos fidèles musulmans meurent de cette maladie, ils sont enterrés par la Croix Rouge sans que l'on ne puisse prier» s’alarme El hadj Moussa Kanté. Les explications apportées le rassurent: «Comme vous venez de dire qu’on peut prier sur nos défunts mais sans les toucher, c’est bien» reconnait-il. Les imams se sont engagés à devenir les porte-paroles de la Croix Rouge dans les différentes mosquées de la ville.
Les syndicats des transporteurs sont aussi partie prenante de cette vaste mobilisation et ils seront tenus régulièrement informés car la propagation de la maladie se fait aussi lors du déplacement des personnes contacts qui utilisent le transport terrestre. Il leur revient donc de signaler tout cas de déplacement des personnes concernées.
Protéger les professionnels de santé
Au-delà de son aide apportée à la mobilisation sociale, l’OMS s’emploie aussi à recenser les besoins des professionnels de santé sur place pour leur fournir les équipements essentiels à leur protection. À Siguiri plus d’une vingtaine de médecins sont listés parmi les personnes contacts à suivre. Et depuis le début de l’épidémie en Guinée, sur une trentaine de médecins infectés, 22 sont décédés.
Les autorités guinéennes redoublent d’efforts pour pouvoir enrayer la progression de la maladie et faire parvenir aux populations les informations dont ils ont besoin y compris dans la langue locale de la zone de Siguiri, le Maninka. La mobilisation est sur tous les fronts, chaque habitant de Siguiri doit connaître les mesures qui le protègeront du virus devenant à son tour un acteur clé de la mobilisation engagée dans tout le pays.