BISSAU, le 18 juillet (IRIN) - Deux
agents de sécurité ont été tués et un blessé lorsqu'une vingtaine d'hommes
armés et en tenue militaire ont attaqué samedi matin à l'aube le ministère
de l'Intérieur à Bissau, la capitale de la Guinée Bissau, a déclaré le
ministre de l'Intérieur Mumine Embalo.
Embalo a déclaré à la presse que quatre
personnes ont été arrêtées à l'issue de l'échange de coups de feux, deux
d'entre elles, faisant partie du groupe d'assaillants, ont été appréhendées
pendant les affrontements. Les deux autres suspects ont été arrêtés plus
tard, a-t-il ajouté.
Le brigadier général Armando Gomes, chef d'Etat-major, a qualifié cette attaque « d'incident isolé » perpétré par des individus voulant mettre à mal le retour du pays à l'ordre constitutionnel.
Cette attaque survient une semaine avant le deuxième tour des élections présidentielles, le 24 juillet prochain, qui marquera le retour à la démocratie de la Guinée Bissau après le coup d'état sans effusion de sang de septembre 2003.
Candidat officiel du parti au pouvoir, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée Bissau et du Cap vert (PAIGC), Malam Bacai Sanha, a remporté le premier tour des élections présidentielles, le 19 juin dernier. Au deuxième tour il sera confronté à Joao Bernardo « Nino » Vieira, ancien chef d'État militaire arrivé en deuxième position au premier tour.
Aucun des deux candidats aux élections présidentielles n'a commenté les attaques mystérieuses du week-end dernier contre le ministère de l'Intérieur.
Radio Bombolom, une radio privée très écoutée à Bissau, a indiqué que les assaillants portaient l'uniforme du bataillon des commandos parachutistes basés à l'aéroport de Bissau. Cette information n'a pas été confirmée officiellement.
Le chef d'Etat-major, Gomes, a seulement indiqué que les personnes impliquées dans les attaques ont agi de leur propre initiative, sans aucun ordre de la hiérarchie.
Carlos Gomes Junior, le premier Ministre, a condamné les attaques du ministère de l'Intérieur, en indiquant qu'il ne comprenait les motivations des auteurs de cette attaque, à une semaine d'une échéance électorale si importante.
C'est la deuxième fois que des militaires dissidents tentent d'interrompre le processus électoral.
Le 24 mai dernier, un groupe de soldats soutenant l'ex-président Kumba Yala a pris d'assaut à l'aube le palais présidentiel et l'a occupé pendant plusieurs heures exigeant que Yala, évincé du pouvoir par le coup d'état de 2003, soit rétabli dans ses fonctions. Ils ont quitté pacifiquement le palais au bout de quelques heures.
Selon le gouvernement, Yala a lui-même participé à l'occupation, mais l'ex-président, réputé pour ses humeurs capricieuses et imprévisibles, a par la suite nié toute implication dans cette attaque.
Yala a été battu au premier tour du scrutin et a choisi d'apporter ses voix à Vieira, au deuxième tour.
Le groupe d'observateurs dépêché par l'Union européenne (UE) pour superviser le déroulement du processus électoral a publié un communiqué condamnant l'attaque du ministère de l'Intérieur. Un groupe de 60 autres observateurs de l'UE arrivera mardi à Bissau pour se joindre aux 20 déjà présents dans le pays.
Les représentants de la Mission de l'ONU en Guinée Bissau (UNGOBIS) se sont abstenus de tout commentaire sur l'attaque
En Guinée Bissau, les actes de violence commis par les militaires sont généralement impunis.
A ce jour, aucune personne n'a été inculpée ni arrêtée pour la mutinerie d'octobre 2004 qui s'est soldée par l'assassinat de Verissimo Correia Seabra, l'ex-chef d'Etat-major de l'armée, et d'un de ses principaux conseillers.
De même, aucune personne n'a été inculpée ni condamnée pour l'occupation du palais présidentiel par des partisans de Yala, en mai dernier.
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