Bissau, Guinée-Bissau: Les effets du changement climatique affecteront sérieusement les régions où les femmes sont plus dépendantes des ressources naturelles qu'elles tirent de l'environnement local.
Les femmes assument une lourde charge de travaux divers comme le labour des champs, le moulinage du grain, le transport de l'eau, la cuisson au feu de bois, et ceci au quotidien dans des milieux qu'elles connaissent parfaitement bien.
C'est pour cette raison que Antje Kraft, volontaire VNU allemande en Guinée Bissau, pense qu'il y a lieu d'utiliser ce potentiel féminin : « Les femmes, adultes ou plus jeunes, ont l'expérience de divers environnements. Leurs connaissances du milieu local devraient être exploitées comme source d'information vitale pour façonner les politiques nationales de l'environnement inclusif. »
La volontaire VNU fait l'analyse des conséquences du changement climatique sur la condition des femmes en Guinée Bissau et rapporte que ce sont essentiellement les femmes et les jeunes filles qui se chargent de la recherche de l'eau potable et de son utilisation quotidienne dans les foyers. « Tout effet sur l'eau les affectera très fortement, que ce soit au niveau des heures passées chaque jour dans la recherche de l'eau de cuisson ou de bien d'autres travaux », affirme-t-elle.
Antje Kraft apporte une expertise sur la condition des femmes et l'égalité entre les sexes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et au Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). A propos du rôle de la femme dans la société en Guinée Bissau, la volontaire s'interroge : « Ne devraient-elles pas être partenaires entières de la gestion de l'eau ? Si les femmes emploient plus de temps à gérer l'eau, auront-elles le temps d'aller à l'école, de participer à la vie sociale et économique ? »
Ces réflexions démontrent qu'il faut rechercher des solutions spécifiquement adaptées aux besoins de la femme tout en tenant compte des nombreuses contraintes qu'elle subit au jour le jour. Antje Kraft prend l'exemple de l'utilisation de combustibles plus propres et plus efficaces. « Ces nouvelles sources d'énergie permettent de réduire l'utilisation généralisée actuelle de bois et d'autres sources pour la cuisson et le chauffage. Elles causent moins de pollution dans les foyers, en particulier dans les cuisines, où les femmes et les enfants séjournent le plus souvent.
Cette transition vers des sources d'énergie durable permettra aussi de réduire les charges quotidiennes et les difficultés physiques impliquées dans la collecte du combustible en zone rurale, qui sont surtout les charges supportées par les femmes et les filles. »
La volontaire pense que les écoles et autres installations communautaires peuvent être utilisées pour éduquer les gens sur le changement climatique ainsi que sur l'égalité de genre. « Dans les zones rurales, le passage à des combustibles plus propres comme alternatives à l'utilisation du bois de plus en plus rare, ainsi que l'introduction d'eau de pompage mécanisé, peut libérer les filles des activités de survie comme la collecte de bois et le transport de l'eau, activités qui interfèrent avec la fréquentation scolaire. La libération de ce temps peut donc contribuer à l'habilitation des filles et femmes, et - on l'espère - vers l'égalité. »