Lieu de l'opération: AFRIQUE DE
L'OUEST (Guinée-Bissau et Sénégal)
Montant de la décision: 1.000.000 EUR
Numéro de référence de la décision: ECHO/-WF/BUD/2006/03000
Exposé des motifs
1 - Justification, besoins et population cible.
1.1. -Justification:
Le 14 mars 2006 les troupes nationales Bissau Guinéennes ont lancé une offensive à l'arme lourde contre une faction du Mouvement des forces démocratiques de Casamance - MFDC - dans le nord ouest du pays à la frontière avec le Sénégal. Cette faction rebelle dirigée par Salif Dialo est entrée en territoire Bissau guinéen à partir de la Casamance, région au sud du Sénégal, afin d'échapper aux attaques d'un groupe rival. Aucune solution, ni militaire, ni politique, n'a encore été trouvée pour résoudre ce conflit en cours.
Les affrontements ont contraint plus de 8.500 civils à fuir leur domicile, et la situation est telle qu'il est peu probable que les déplacés puissent rentrer chez eux dans un avenir prévisible. Par ailleurs, 20.000 autres personnes vivant entre Suzana et Varela, deux localités du Nord-Ouest du pays, sont littéralement isolées depuis que les combats ont éclaté. En effet, la route reliant ces deux villes à la ville frontalière de Sao Domingos à 40 km à l'Est est impraticable à cause de mines anti personnelles récemment posées dans la zone, et l'accès par la mer est extrêmement périlleux.
Les paysans installés de part et d'autre de la région frontalière du Sénégal et de la Guinée- Bissau ont souffert de deux décennies d'une guérilla déclenchée en 1982 par le mouvement séparatiste du MFDC qui exigeait l'indépendance de la Casamance. Depuis des années, les affrontements armés et les mines anti personnelles disséminées ont rendu difficile la culture de noix de cajou, qui constitue généralement la seule source de revenus des populations locales. La signature en décembre 2004 d'un protocole de paix entre le MFDC et le gouvernement sénégalais permettait d'espérer une issue positive à ce conflit.
Par ailleurs, de juin 1998 à mai 1999, la Guinée-Bissau a été secouée par une guerre civile dans laquelle sont intervenus des soldats sénégalais et Guinéens (de Guinée Conakry). Les accords de paix et les élections présidentielles de 1999 n'ont pas suffit à mettre un terme aux tentatives de déstabilisation politique qui se sont poursuivies jusqu'en novembre 2000. Les dernières élections présidentielles de juillet 2005 ont vu revenir Joao Bernardo Vieira comme président pour la troisième fois.
Le pays tente encore de se remettre de ces longues années d'instabilité, et la population qui n'aspire qu'à la paix a progressivement repris le chemin des champs. Malheureusement les récents combats ont débuté au moment où les villageois se préparaient aux récoltes. La présence de mines terrestres et d'autres munitions non explosées est un autre sujet de préoccupation majeur, compte tenu de la menace qu'elles font peser sur les personnes qui vivent dans cette région. Il faudra cependant attendre la fin du conflit pour entreprendre des actions de déminage.
1.2. - Besoins:
Les principales préoccupations humanitaires sont la sécurité des populations prises au piège dans les combats, et l'assurance que leurs besoins de base en nourriture, santé, eau et hygiène et protection seront couverts dans les prochains mois.
Selon le CICR, 1.800 déplacés se sont réfugiés à Bissau, 1.514 à Sao Domingo, 1.200 à Colagaire (près de Suzana) 1.056 à Ingoré et 985 à Cacheu, soit un total de 6.582 déplacés enregistrés. De plus, environ 2.000 réfugiés sénégalais installés en Guinée-Bissau ont été forcés à retourner à Ziguinchor et Bourkadié au Sénégal. Si la plupart ont trouvé à se loger chez des parents ou des amis, d'autres, dont beaucoup d'enfants, se retrouvent dans un camp de fortune. Par ailleurs, de nombreuses personnes se seraient réfugiées dans les forêts de la région.
Le Programme alimentaire mondial a déjà fourni cinq tonnes de nourriture - du riz, de l'huile végétale et un mélange hautement nutritif de maïs et de soja, et du sucre - aux déplacés, y compris aux personnes qui ont fui vers le nord et traversé la frontière pour se réfugier dans le sud du Sénégal.
De son côté, le CICR a facilité le transport des déplacés afin de les éloigner de la zone de combats. En collaboration étroite avec la Croix-Rouge sénégalaise, le CICR fournit aux personnes déplacées de la nourriture, de l'eau potable, des articles d'hygiène de première nécessité et des ustensiles de cuisine. De l'autre côté de la frontière, le CICR apporte un soutien logistique à la Croix-Rouge de la Guinée-Bissau qui fait l'impossible pour aider les personnes déplacées malgré le risque immense représenté par les mines.
Les 20.000 personnes confinées à l'Ouest de Suzana n'ont bénéficié d'aucune distribution de nourriture et n'ont pas les moyens financiers de s'approvisionner parce qu'ils ne peuvent plus commercialiser leur production de noix de cajou. Par ailleurs, il n'y a pratiquement plus de médicaments disponibles dans les centres de santé.
1.3. -Population cible et régions concernées:
La population cible est celle affectée par le conflit actuel, c'est-à-dire les populations déplacées en Guinée Bissau et au Sénégal ainsi que les populations en situation de blocus à l'Ouest de Sao Domingos.
On estime à 28.000 la population vulnérable nécessitant un soutien humanitaire d'urgence, dont la plupart se trouvent dans la moitié Nord-Ouest de la Guinée-Bissau, mais également en Casamance, au Sud du Sénégal.
1.4. - Evaluation des risques et contraintes éventuelles:
L'accès à la zone affectée par les combats étant très difficile, que ce soit par la route à cause des mines ou par la mer à cause de dangereux courants, les partenaires humanitaires comme le CICR y accèdent par le Sénégal où ils ont leur base logistique. Il n'y a aucune issue immédiate au conflit, et tout indique que les combats vont se poursuivre. Or une intensification des combats pourrait compromettre la fourniture de toute aide humanitaire.