En Éthiopie, un grand nombre de femmes et de filles n’ont pas les moyens de s’acheter des protections périodiques, et n’ont pas accès à des infrastructures sanitaires adaptées pour assurer leur hygiène menstruelle dans de bonnes conditions. Pour pallier ce problème, l’AFD a accompagné avec Care deux projets visant à lutter contre le tabou des règles et la précarité menstruelle.
Comme dans un grand nombre de pays, les règles sont souvent un véritable tabou en Éthiopie. 70 % des jeunes filles éthiopiennes n’ont ainsi jamais entendu parler des menstruations avant de les avoir pour la première fois. Et même lorsqu’elles sont informées, elles rencontrent parfois des difficultés pour gérer leurs menstruations sereinement et dans de bonnes conditions d’hygiène. Pour améliorer la situation, Care France et Care Éthiopie interviennent, avec le soutien de l’AFD, dans plusieurs régions afin de renforcer la sensibilisation et améliorer l’accès à des protections durables et à des infrastructures sanitaires adaptées.
Un meilleur accompagnement
À Adama, une ville située au sud d’Addis Abeba, le projet a permis aux écoles de s’équiper pour mieux accompagner les filles lors de leurs menstruations.
Ayelu Mengistu, enseignante à l'école secondaire Adama Boset, a pu constater directement l'impact positif du projet sur l'assiduité des filles à l'école : « Auparavant, les filles manquaient la classe sans explication, en raison de leurs menstruations. Mais aujourd'hui, grâce à l'accès à des serviettes hygiéniques d'urgence, à des antidouleurs et même à du thé chaud, elles peuvent aller à l'école en toute sérénité. » En effet, des salles dédiées à l’hygiène menstruelle ont été équipées dans les écoles pour permettre aux filles de se reposer en cas de douleurs, de se changer en cas de fuites et de s’informer à tout moment.
Les sanitaires ont par ailleurs été rénovés, ce qui permet aux filles de bénéficier d’un niveau d’hygiène adapté. Marshaye Fsha (photo ci-dessus), une élève de l'école primaire Geda Kilole, se réjouit de la réhabilitation des toilettes : « Auparavant, les toilettes de l'école n'étaient pas hygiéniques, sentaient très mauvais et n'étaient pas agréables à utiliser. Depuis qu’elles ont été entièrement rénovées, je me sens à l'aise pour les utiliser. » Les filles ont également de quoi jeter leurs serviettes périodiques et se laver les mains.
Déconstruire les préjugés
En parallèle, des sessions de sensibilisation ont été menées, à la fois dans les écoles, les centres de santé et le parc industriel, pour déconstruire les tabous et les préjugés qui entourent les règles, en associant les pères, oncles, frères ou cousins.
Rahel Gebrehiwot, infirmière au centre de santé Mukeiya Haro, souligne l'importance d’embarquer tout autant les femmes que les hommes : « Inclure les hommes dans de telles initiatives est bénéfique pour les femmes de leur famille. Elles n'ont parfois pas de source de revenus, et il est donc essentiel que les hommes les soutiennent dans l’achat de protections hygiéniques. »
Un point de vue partagé par Surafel Ketaw, un élève de l'école primaire de Geda Kilole, qui analyse son comportement passé à l’aune de ses nouvelles connaissances sur les menstruations : « Avant de participer au programme, mes amis et moi avions l'habitude de nous moquer des filles pendant leurs menstruations, par exemple si elles avaient une tache sur leurs vêtements, c'était principalement par ignorance. Aujourd'hui, j’ai une meilleure compréhension et je souhaite soutenir les filles de toutes les manières possibles. »
Accompagner toute la chaîne de production
Enfin, ce projet comporte un volet de distribution subventionnée de serviettes réutilisables, avec un accompagnement de la chaîne de distribution locale. Et les femmes qui les ont essayées sont conquises : « Non seulement cela a réduit mes dépenses, mais cela a aussi amélioré mon confort, surtout pendant les journées chaudes, et c’est plus hygiénique ! », explique avec enthousiasme Selam Tsegaye , qui travaille comme agent d'entretien au centre de santé Mukeiya Haro.
Suite à ce premier projet pilote, l’AFD travaille également, à travers une plateforme de dialogue public-privé, au développement d’une filière de production nationale, permettant de développer des produits plus abordables, mais également biodégradables pour les produits jetables, adaptés aux besoins des Éthiopiennes.