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Interdiction faite aux ressortissantes et ressortissants haïtiens d’aller se faire soigner dans des hôpitaux publics en République Dominicaine Spécial

Les ressortissantes et ressortissants haïtiens se sont vu désormais refuser l’accès gratuit aux soins de santé en République Dominicaine. Des femmes haïtiennes qui ont l’habitude d’aller accoucher dans les hôpitaux publics en territoire dominicain ne sont plus autorisées à le faire. Dans le cas contraire, elles devront payer pour avoir accès aux soins de santé dans des centres hospitaliers privés dominicains, a confirmé une organisation partenaire dominicaine du GARR.

Cette mesure intervient suite à la déclaration à maintes reprises du Directeur du service national de la santé, Nelson Rodriguez Monegro, qui estime que c’est inadmissible que le gouvernement dominicain dépense 5 milliards de pesos chaque année en soin de santé pour les étrangers notamment les femmes enceintes de nationalité haïtienne.

Pour prendre le contrôle de la situation, les autorités dominicaines ont procédé à une augmentation de l’effectif des militaires depuis plus d’un mois dans les points frontaliers haïtiano-dominicains.

Cette mesure a déjà provoqué le rapatriement de plusieurs femmes enceintes haïtiennes qui ont tenté de traverser la frontière pour aller donner naissance à des nouveau-nés en République voisine.

Le 16 septembre 2017, 40 ressortissants haïtiens dont 15 femmes enceintes qui tentaient d’entrer en territoire dominicain ont été arrêtés et reconduits en Haïti, a souligné le journal en ligne dominicain Listin Diario.

Parallèlement le budget général de la République Dominicaine pour l’année 2018 a été approuvé en Conseil des ministres le 25 septembre 2017. Il s’estime à 814,821 milliards de pesos, soit 17 milliards de dollars américains. Cette loi de finances est 7 fois plus élevée que celle de la République d’Haïti pour l’exercice 2017-2018 qui s’estime à 144 milliards de gourdes, soit environ 2 milliards de dollars américains.

Le ministre dominicain des finances, Donald Guerrero, a indiqué au cours d’une conférence de presse que le budget sera accentué sur deux principaux axes : stimuler l’économie et soutenir les secteurs sociaux. En ce qui concerne les dépenses publiques, elles seront de l’ordre de 684 milliards de pesos.

Soulignons que la priorité sera accordée dans le budget notamment aux secteurs de la santé et de l’éducation, avec la construction de nouvelles écoles, le reboisement dans les bassins versants.

Selon le Directeur du budget, Luis Reyes, 11 milliards de pesos seraient alloués à la réhabilitation des hôpitaux. Pour mieux les équiper, une enveloppe de 1,4 milliard de dollars est prévue.

En ce qui a trait au secteur de l’éducation, 152,7 milliards de pesos dominicains y seront alloués. Ce qui représente une augmentation de 9,7 milliards par rapport à l’année 2017.

En Haïti, plusieurs communes frontalières du Sud-est, du Centre, de l’Ouest et du Nord-est font face à des difficultés majeures en matière d’infrastructures sanitaires.

Pour tous les cas qui nécessitent une intervention chirurgicale, les résidentes et résidents de ces zones sont contraints de parcourir plusieurs kilomètres pour accéder au service hospitalier dans d’autres communes. Ce qui fait que généralement, ils/elles préfèrent se rendre en territoire voisin en vue de recevoir des soins de santé à un coût réduit.

Tel est le cas des résidentes des communes frontalières de Cornillon/Grand-Bois (Ouest), de Thiotte, d’Anse-à-Pitre (Sud-est), de Belladère et de Thomassique (Centre). À l’exception d’Ouanaminthe où il y a un centre hospitalier équipé et privé où les résidentes et résidents de ladite commune frontalière doivent avoir de moyens financiers pour accéder aux services sanitaires.

Hormis les états piteux de la route, une femme enceinte à Anse-à-Pitres ou Thiotte qui doit subir une césarienne, est contrainte de se rendre à Jacmel. Une autre qui réside à Belladère doit se rendre à Mirebalais, pour la commune de Cornillon/Grand-Bois, elle doit se rendre à Port-au-Prince tandis que les femmes enceintes résidant à Thomassique devront aller à la commune de Hinche. Une situation qui fait augmenter l’affluence des patients en quête de soins de santé.

Comparativement à la République Dominicaine, Haïti, dans le budget pour l’exercice fiscal 2017-2018, a accordé une part non significative à l’éducation et à la santé. Des 144 milliards de gourdes prévues, seulement 15,9% est destiné au secteur de l’éducation et 4.3% à la santé pour une population de plus de 10 millions d’habitants.

Le GARR estime qu’il est temps que les autorités haïtiennes accordent de l’importance à la santé et l’éducation de la population haïtienne.

Il plaide en faveur d’un budget rectificatif où des fonds suffisants seront alloués aux secteurs de la santé et de l’éducation. Ce qui permettra de réhabiliter et de construire des écoles publiques, des centres hospitaliers dans le pays notamment dans les zones frontalières au bénéfice des filles et fils du pays afin qu’elles/ils n’aillent plus se faire humilier en territoire dominicain en quête de soins de santé et de pain de l’instruction.