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ENTRE TENSIONS ET INCERTITUDES, UN TÉMOIGNAGE DE LA FRONTIÈRE DE HAÏTI
Des informations confuses relatives à des
tensions parviennent de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine
dont la douane a renforcé les contrôles afin d'éviter un afflux massif
de Haïtiens irréguliers. Des centaines de Haïtiens se sont rassemblés mercredi
au point-frontière situé entre Ouanaminthe et Dajabón, en République Dominicaine,
sollicitant l'autorisation de franchir la frontière pour pouvoir acheter
des vivres et des bougies pour la nuit, suite à la panne du réseau électrique
et du ravitaillement en eau potable qui a affecté Haïti après le séisme.
Le Corps spécialisé de sécurité frontalière (Cesfron) et l'armée n'ont
laissé passer que les détenteurs d'un passeport haïtien et d'un visa dominicain,
précise la presse dominicaine. Jeudi, au lever du jour, les tensions semblaient
être rentrées dans l'ordre. "Je suis à la frontière nord que je vais
traverser par Dajabón. Ici tout semble normal. Mais nous savons que de
l'autre côté de la frontière, en territoire haïtien, le chaos est total
: toute communication tant radiophonique que télévisée ou téléphonique
est impossible, la population semble complètement coupée du monde",
dit à la MISNA père Regino Martinez de Solidaridad Fronteriza, organisme
des jésuites qui travaille en collaboration avec les Service des Jésuites
pour les réfugiés et les migrants (Sjrm). "=C0 ce que nous avons appris,
les Haïtiens du Nord ne semblent même pas avoir idée de ce qui est arrivé
à Port-au-Prince, d'autant plus que les déplacements sont entravés par
les routes démolies et que les informations ne peuvent pas circuler",
ajoute père Regino, qui attend de pouvoir passer la frontière pour se rendre
à Port-au-Prince. Le religieux ajoute quelques mots avant de passer la
frontière : "Dès que je serai en territoire haïtien, mon portable
ne captera plus et sera hors service". Il explique que les vivres
et les biens de première nécessité (importés pour la plupart de l'étranger)
qui arrive à Port-au-Prince sont ensuite acheminés vers les villages de
l'arrière-pays. "Le paradoxe c'est que la famine risque d'affecter
surtout les zones o=F9 le séisme n'a pas causé de gros dégâts mais qui dépendent
de la capitale pour leur ravitaillement. De plus, l'essence est déjà introuvable
en territoire haïtien, les activités des banques ont été suspendues et
il est désormais difficile de se procurer de l'argent pour acheter les
choses les plus urgentes, qui ont déjà commencé à atteindre des prix fous
: on m'a raconté aujourd'hui qu'une bouteille d'eau se vendait 15 dollars
dans les rues de la capitale !", ajoute père Regino, avant de confirmer
les informations relatives aux premiers pillages commis dans la nuit de
mercredi. =C0 Port-au-Prince, le jésuite sait que ses confrères, qu'il espère
rejoindre bientôt, vont bien : "Ils ont eu de la chance et n'ont pas
subi de gros dégâts, malgré la catastrophe". Pendant ce temps, à Santo-Domingo,
la communauté haïtienne est inquiète : l'ambassade haïtienne croule sous
les demandes de ses ressortissants, impatients d'obtenir des nouvelles
de leurs proches. En attendant, dans le quartier connu sous le nom de Pequeño
Haití, près du marché Modelo, les gens prient et tentent coûte que coûte
de se renseigner sur la situation de l'autre côté de la frontière. (FB/CN)
[CO]