I. Résumé exécutif
Sur l’ensemble de la zone enquêtée 71,8 % des ménages, soit 4 925 884 personnes sont frappées d’insécurité alimentaire globale (Modérée + Sévère) comparé à 73,2 % en juin 2016, soit une très légère baisse de 1,9 %. En référence aux EFSA menées en 2016 et 2017, à l’exception des territoires de Kabalo et Moba, la prévalence de l’insécurité alimentaire globale (Modérée + Sévère) a régressé dans les 10 autres territoires enquêtés. En effet, cette prévalence est passée de 81 % en décembre 2017 à 84 % en avril 2019 à Kabalo et de 79 % en décembre 2017 à 84 % en avril 2019 à Moba.
Cependant, les résultats de l’EFSA 2019 révèlent que le niveau de prévalence de l’insécurité alimentaire globale reste élevé dans quasiment tous les territoires. Cette proportion varie de 44 % à Kamina à 91 % à Nyunzu.
Plusieurs facteurs seraient à la base de ce niveau élevé de prévalence à l’insécurité alimentaire. Il s’agit notamment de l’insécurité, de l’enclavement et d’autres chocs subis par les ménages dans les trois mois qui ont précédé l’enquête. En effet, sur l’ensemble de la zone d’étude, plus de 2 ménages sur 5 (43 %) ont subi au moins un choc dans les trois mois qui ont précédé l’enquête. La plus forte proportion des ménages ayant subi au moins un choc a été observée à Kalemie avec 64 % des ménages concernés. Par contre, le taux le plus bas est enregistré à Kapanga (26 %). Les deux principaux chocs qui ont le plus frappé les ménages sont : « La maladie grave d’un membre du ménage » et « Le décès d’un membre actif du ménage » avec respectivement 73 % et 24 % des ménages concernés sur l’ensemble de la zone enquêtée. La maladie grave d’un membre du ménage a plus frappé les ménages des territoires de Moba et Bukama avec 80 % des ménages concernés chacun et Kabalo et Manono à hauteur de 82 % chacun. La plus faible proportion concernant ce choc s’observe à Nyunzu (33 %) et Pweto (49 %). Quant au second choc : « le décès d’un membre actif du ménage », il a frappé près de la moitié des ménages à Kongolo (49 %) contre 15 % des ménages concernés à Kalemie et Moba. Ces chocs subis par les ménages accroissent inévitablement la morbidité des ménages et réduisent les opportunités de générer des ressources indispensables aux besoins alimentaires des ménages.
Pour ce faire, en réponse à toutes ces difficultés, les ménages se retrouvent obligés de recourir progressivement à des stratégies de survie de plus en plus dégradantes. Ils commencent par les stratégies basées sur la consommation alimentaire, notamment : « la consommation des aliments moins préférés et moins chers » et « la réduction de la quantité des repas ». Ce niveau de recours à ces stratégies est mesuré par l’Indice des Stratégies de Survie réduit (r-CSI). Globalement le r-CSI est passé de 10,3 points en juin 2016 à 14,6 points en avril 2019, soit une aggravation de 4,3 points d’indice. Par ailleurs, comparativement à l’EFSA de décembre 2017, cet indice a notablement augmenté à Nyunzu en passant de 14,2 points en à 25,3 points en avril 2019 et a relativement moins fluctué dans les autres territoires.
A l’instant où ces stratégies deviennent inefficaces, les ménages recourent ensuite à des stratégies de plus en plus dégradantes et sévères (stratégies basées sur les moyens Page 9 sur 70 d’existence). Il s’agit notamment de : « Emprunter l’argent ou la nourriture », « Dépenser l’épargne » et « la vente des actifs domestiques ». Ces dernières stratégies enfoncent de plus en plus les ménages dans la vulnérabilité.
Une autre stratégie à laquelle recourent encore plus les ménages est l’endettement. Cette dernière a été pratiquée par près de 3 ménages sur 5 (59 %) dans les trois mois qui ont précédé l’enquête.
Quant aux dépenses, les résultats de l’étude révèlent qu’en avril 2019, les ménages dépensent en moyenne 62 % de leur revenu mensuel à l’alimentation contre 67 % alloués aux mêmes dépenses en juin 2016. Cette proportion élevée des dépenses alimentaires sur les dépenses totales limite forcément les pouvoirs d’accès des ménages aux services sociaux de base.
A l’instar des EFSA de juin 2016 et décembre 2017, dans tous les territoires couverts par l’évaluation, la principale source de revenu reste toujours l’agriculture et la vente de produits agricoles (vivriers, cultures de rente). En avril 2019, elle est pratiquée par près de 9 ménages sur 10 (87 %). Après cette source, viennent la Pêche/Chasse/cueillette et vente des produits de la pêche/chasse/cueillette (16 %) ; le Travail journalier rémunéré agricole (en nature ou en espèces) (12 %) ainsi que le Commerce (12 %) sont également les autres principales sources de revenu des ménages.