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DR Congo

Urgence humanitaire de niveau 3 en R.D. Congo - Rapport de situation n° 3 – 22 juin 2018

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« Bilan final de la réponse L3 d’octobre 2017 à avril 2018 »

Ce rapport est un bilan de la réponse humanitaire fournie par la communauté humanitaire pendant toute la durée de l’urgence L3 (du 20 octobre 2017 au 20 avril 2018). Il a été produit par OCHA RD-Congo en collaboration avec les partenaires. Pour rappel, les zones L3 étaient les suivantes : (1) La Région du Kasaï : Provinces du Kasaï Central, Kasaï, Kasaï Oriental, Lomami, Sankuru et Kwilu ; (2) La Province du Tanganyika, et les Territoires de Pweto (Province du Haut-Katanga), et de Malemba-Nkulu (Province du Haut-Lomami) ; (3) Les Provinces du Sud-Kivu et le Territoire de Kabambare (Province du Maniema). L’analyse de la situation humanitaire vise à décrire le contexte post-L3.

Faits saillants

• Au moins 2,2 millions de personnes ont bénéficié d’une assistance humanitaire depuis octobre 2017, soit 88,4 pour cent des personnes ciblées dans la Région du Kasaï, dans la zone Tanganyika – Pweto – MalembaNkulu, et dans la zone Sud-Kivu – Kabambare.

• Les secteurs les mieux couverts ont été : Eau,
Hygiène et Assainissement avec 103,2 pour cent de personnes atteintes, Sécurité alimentaire (88,4 pour cent), Abris d’urgence/Articles Ménagers Essentiels (42,7 pour cent), et Santé (40 pour cent).

• Malgré la fin de l’urgence L3 depuis le 20 avril, d’immenses besoins persistent, en particulier en matière d’Education, de Nutrition et de Protection, des secteurs qui ont atteint moins de 20 pour cent de leurs cibles.

• La situation sécuritaire reste fragile dans certaines poches des zones L3, ce qui continue d’entrainer de nouveaux déplacements de population, et des besoins humanitaires supplémentaires.

• Par ailleurs de nouvelles crises surgissent dans d’autres zones du pays, telle que l’épidémie Ebola en Equateur ou encore une dégradation de la situation sécuritaire dans la Province de l’Ituri (Territoire de Djugu) qui a entrainé de multiples déplacements de population.

Aperçu de la situation actuelle

Région du Kasaï: Au terme de l’urgence L3, d’importants besoins humanitaires subsistent pour les déplacés qui ont pu rentrer dans leurs localités d’origine grâce à la stabilisation du climat sécuritaire au cours des derniers mois.

Dans les Territoires de Demba (Kasaï Central), Luebo, Mweka, et Ilebo (Kasaï) par exemple, les personnes retournées se trouvent dans une situation particulièrement précaire : la quasi-totalité des infrastructures sociales de base et des moyens de subsistance ont été détruits, et la présence humanitaire sur place est faible. De plus, les violences persistantes dans certaines poches entrainent ponctuellement de nouveaux déplacements de population, comme dans les Territoires de Mweka et Kamonia (Kasaï). Ainsi le 21 mai, selon des sources locales, plus de 3 000 ménages auraient fui la localité de Matopolo (ZS Kakenge, Territoire de Mweka) vers celle de Nkinda, à la suite d’une attaque de miliciens qui aurait fait 24 blessés graves et 8 civils morts. Par ailleurs, la Région du Kasaï fait face à d’autres problématiques humanitaires, comme la résurgence du Choléra. Au moins 883 cas de choléra (dont 48 décès) ont été enregistrés au Kasaï Oriental entre février et juin, y compris 166 nouveaux cas depuis le 11 juin. De même, dans la province du Sankuru (ZS de Bena Dibele), une flambée de choléra a touché 158 personnes (dont 38 décès) en deux semaines, soit un taux de létalité de 24 pour cent (en date du 13 juin 2018).

Province du Tanganyika, Territoire de Pweto (Province du Haut-Katanga), et Territoire de Malemba-Nkulu (Province du Haut-Lomami) :

Dans la Province du Tanganyika, les mouvements de retour des personnes déplacées se poursuivent, grâce à une amélioration du contexte sécuritaire. Dans le Territoire de Manono, par exemple, près de 10 000 personnes déplacées sont rentrées au cours des trois derniers mois dans les aires de santé de Kayumba et Mambwe, selon une ONG locale. Ces personnes retournées figurent parmi les 155 200 personnes qui s’étaient déplacées depuis juin 2016, à la suite de conflits intercommunautaires. Leurs besoins humanitaires sont multiples, car la majorité des infrastructures de base ont été détruites (habitations, écoles, structures sanitaires etc.). Le manque d’accès à l’eau potable entraine un risque de résurgence des maladies d’origine hydrique. Dans le Territoire de Pweto (Province du Haut-Katanga), la situation est également difficile pour quelques 59 000 autres retournés sans assistance qui ont regagné leurs villages d’origine entre novembre 2017 et avril 2018. Ce mouvement de retour a été particulièrement favorisé par l’accalmie sécuritaire observée depuis la deuxième moitié du mois de février 2018, la reddition de quelque 1 400 miliciens, ainsi que les mauvaises conditions de vie dans les lieux de déplacements. Toujours dans le Territoire de Pweto, les conditions nutritionnelles et la santé des populations affectées seront à moyen terme probablement impactées négativement par le manque d’accès à une alimentation équilibrée et suffisante ainsi que par la perte des moyens d’existence et de production agricole2 .Par ailleurs, les inondations du mois de mars 2018 qui ont touché environ 90 000 personnes, ont entrainé la perte totale de leurs capacités d’accès aux biens et services de base.

Province du Sud-Kivu et Territoire de Kabambare (Province du Maniema) :

Dans le Territoire de Kabambare, la persistance des conflits entraîne de nouveaux déplacements ainsi que des incidents de protection. Ainsi, environ 24 000 personnes dans les aires de santé de Kimbaseke 1 et 2, Salamabila et Camp-Central, auraient fui de nouveaux affrontements entre FARDC et Mayi-Mayi, du 24 mai 2018. Sur place la tension reste encore vive, ce qui limite l’accès humanitaire dans la zone. Dans la Province du Sud-Kivu, les besoins humanitaires post-urgence L3 restent également importants. Dans le Territoire de Fizi par exemple, le taux de malnutrition aigüe sévère est de 4,1 pour cent, selon les dernières données disponibles. De même la situation de l’éducation est préoccupante, en particulier dans le centre de ce Territoire. Selon les résultats d’une mission d’évaluation du Cluster éducation menée du 14 au 22 mai, 55 pour cent de près de 4 300 enfants déplacés en âge scolaire des aires de santé de Fizi Centre, Kananda, Mukera et Kichula n’ont pas accès aux cours, de même que 74 pour cent des 5 650 enfants retournés et 58 pour cent de plus de 10 000 enfants autochtones. Les défis dans le domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement sont également de taille. Par ailleurs la Province du Sud-Kivu est une zone endémique pour le choléra, et plus de 1 900 cas ont déjà été notifiés depuis début 2018 ainsi que quelque 2 800 cas de rougeole. Le contexte sécuritaire fragile au Sud-Kivu, ainsi que dans le Territoire de Kabambare laisse présager de nouveaux déplacements et une augmentation de la vulnérabilité des populations, notamment une détérioration de l’accès aux services sociaux de base.

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