L'épidémie d’Ebola continue de sévir dans les provinces du nord-Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC) depuis août 2018. Actuellement, le nombre de cas augmente à grande vitesse et de nouvelles stratégies sont mises en place. Ici, ALIMA présente un aperçu exhaustif de ses activités opérationnelles dans la riposte.
Dernière mise à jour : le 11 avril 2019
Contexte : l'épidémie d'Ebola en RDC s'accélère à nouveau
Selon les chiffres communiqués par le Ministère de la Santé de la République démocratique du Congo et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 72 cas confirmés de maladie à virus Ebola ont été enregistrés la semaine du 25 mars 2019, et 65 la semaine du 1er avril, soit le pic le plus élevé depuis le début de l'épidémie en août 2018.
Cette épidémie d'Ebola est la deuxième plus importante de l'histoire derrière celle de 2014-2016 qui avait causé la mort de plus de 11 000 personnes en Afrique de l'Ouest. Le seuil des 1 000 cas confirmés a été dépassé le 24 mars 2019. L'épidémie touche les provinces du nord-Kivu et de l'Ituri, à l'est du pays.
Une des spécificités de cette épidémie est aussi d'être la première ayant lieu dans une zone de conflit actif. Ceci pose d'importants défis opérationnels. Par ailleurs, des attaques directes sur des centres de traitements Ebola à Katwa et Butembo ont eu lieu fin février.
Réponses d'ALIMA à l'épidémie d'Ebola en RDC : soins, recherche et inclusion des communautés
Depuis le début de l'épidémie, ALIMA travaille en collaboration avec le Ministère de la Santé, l'OMS et les différents acteurs de la réponse pour venir en aide aux populations affectées par Ebola.
Conformément à son approche, ALIMA a déployé une intervention médicale combinant réponses aux urgences, recherche et innovation, et travail avec les communautés et les acteurs locaux.
ALIMA s'appuie sur son expérience à la fois dans la riposte aux fièvres hémorragiques virales en RDC, en Guinée, au Nigéria et au Niger, et dans la conduite d'essais cliniques et de recherche sur Ebola en Guinée notamment avec l'Inserm et le NIH.
Soutien au Centre de Traitement Ebola de Béni
ALIMA travaille au Centre de Traitement Ebola (CTE) situé dans l'Hôpital Général de Référence de Béni depuis le 15 août 2018 en soutien du Ministère de la Santé de la RDC. Béni est une ville d'environ 400 000 habitants situé au nord de la province du Nord-Kivu.
Au 07 avril 2019, ALIMA et le ministère de la Santé ont pu prendre en charge dans le CTE de Béni près de 2 500 patients (confirmés et suspects), dont un total de 234 patients confirmés. Parmi ces patients on dénombre 38 enfants de moins de 5 ans, 74 patients de moins de 18 ans. 125 personnes ont survécu ce qui représente un taux de guérison 57% (13 patients étant toujours hospitalisés).
Actuellement le CTE appuyé par ALIMA à Béni a une capacité de 56 lits, dont 12 CUBEs. L'équipe ALIMA dédiée à la réponse compte 113 employés, dont 20 internationaux.
Après plusieurs semaines où l'on enregistrait une baisse de cas confirmés et de patients admis, Béni est redevenu depuis deux semaines l'une des zones les plus touchées avec Mandima et Butembo. Au 11 avril, 12 patients confirmés et 31 cas suspects y étaient hospitalisés.
Soutien au Centre de Transit et mise en place d'un Service d'Observation Intégré à Katwa
Suite à l'évolution géographique de l'épidémie, ALIMA a déployé des équipes dans la zone de santé de Katwa, dans l'agglomération de Butembo depuis le 11 février 2019. La ville de Butembo compte une population d'environ 1 million d'habitants. ALIMA vient en soutien du Ministère de la Santé pour le fonctionnement d'un Centre de Transit de 20 lits.
Face à la nécessité de travailler avec la communauté pour qu'elle s'approprie les différents éléments de la riposte, les équipes ALIMA ont proposé une nouvelle approche le "Service d'Observation Intégré". Ouvert depuis le 15 mars, ce SOI permet à un centre de santé de prendre en charge des cas suspects d'Ebola.
Travail avec les communautés
ALIMA mène dans chaque projet des activités de sensibilisation et d'échange avec les communautés à travers des visites des centres Ebola (CTE ou CT) et des rencontres dans les communautés. Le but est de présenter les activités d'ALIMA aux communautés pour qu'elles comprennent la maladie à virus Ebola, comment fonctionne les soins et les mesures pour se protéger. Dans une volonté d'une meilleure intégration de la riposte Ebola par les communautés, des discussions avec les différents leaders communautaires, chefs de quartier et infirmiers titulaires permettent de définir ensemble quelle structure sanitaire pourra accueillir un SOI.
Des activités de sensibilisation dans les écoles ont également été menées avec par exemple une pièce de théâtre suivie d'une session de questions-réponses pour sensibiliser les écoliers à la MVE et à l'importance de se rendre dans un centre dès l'apparition des premiers signes.
Les actions d'ALIMA dans la recherche et l'innovation sur Ebola
Un des objectifs d'ALIMA sur Ebola est d'améliorer significativement la qualité de la prise en charge médicale des patients Ebola.
Un nouveau standard de prise en charge construit autour d'un nouvel outil : Le CUBE
ALIMA a ainsi lancé des initiatives visant à changer la gestion et l'organisation du protocole de traitement, plus spécifiquement avec l'intégration des CUBE innovants d'ALIMA (Chambre d'Urgence Biosécurisée pour Épidémies) (voir la vidéo).
Le CUBE est un outil conçu par ALIMA qui transforme la prise en charge d'Ebola, tant pour les équipes médicales que pour les patients et leur famille. (Lire l'article dans le Lancet sur le CUBE "FRONTLINE: a new treatment facility for Ebola virus disease")
Le CUBE est une chambre individuelle de niveau de biosécurité P4. Chaque CUBE dispose d'un lit, d'un set complet d'équipement de monitoring, d'un système de décontamination, de pousse-seringues, d'une oxygénothérapie complète et d'une climatisation.
Le principal avantage technique du dispositif réside dans les 2 demi-combinaisons, intégrées aux parois transparentes. Grâce à elle, le soignant peut pratiquer des soins invasifs sans passer par une laborieuse phase d'équipement. Chaque semi-combinaison est flanquée de 2 paires de manchons étanches, afin de transmettre du matériel au soignant.
Parmi de nombreux autres avantages, le CUBE garantit en outre une surveillance plus réactive des patients et rend possible des visites des proches interactives et réconfortantes.
Un plateau technique médical significativement amélioré pour Ebola
Dans le CTE appuyé par ALIMA, le plateau technique à disposition des équipes médicales a radicalement évolué. De nouveaux protocoles et de nouveaux outils biomédicaux ont également été intégrés lors de cette riposte, tels que l'échographe portable, les moniteurs de réanimations connectés par wifi et bluetooth.
Pour plus d'informations, voir les articles publiés dans les revues scientifiques cosignés par Dr Richard Kojan, président d'ALIMA :
- article dans The Lancet "The evolution of supportive care for Ebola virus disease",
- articledans le New England Journal of Medicine : "Shifting the Paradigm --- Applying Universal Standards of Care to Ebola Virus Disease".
La gestion des données a également été améliorée grâce à de nouvelles méthodes de collecte, standardisées avec d'autres partenaires, fournissant ainsi des informations plus précises tout au long de l'hospitalisation d'un patient. Des analyses biomédicales plus poussées sont possibles et pourront de plus participer à améliorer les pratiques cliniques à l'avenir.
De nouveaux traitements sont proposés aux patients et un essai clinique est mené pour évaluer leur sécurité et leur efficacité
ALIMA a pu intégrer, dès la fin du mois d'août 2018, des nouveaux traitements contre Ebola. Dans un premier temps cela a été fait dans le cadre du protocole à usage compassionnel encadré par le Ministère de la Santé de la RDC et l'OMS (protocole MEURI).
Dans un second temps, depuis le 20 novembre 2018, ALIMA met en oeuvre un essai clinique randomisé multicentrique pour évaluer l'innocuité et l'efficacité de ces thérapies. Cet essai associe le Ministère de la Santé de la RDC, l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) de la RDC, l'OMS, le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) qui fait partie des National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, ALIMA, Médecins Sans Frontières et d'autres organisations.
Quatre médicaments jugés prometteurs sont évalués et comparés pour évaluer leur sécurité et déterminer lequel est le plus efficace. Les patients qui le souhaitent peuvent rejoindre l'essai sur une base volontaire.