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Un réfugié centrafricain remporte un concours local de dictée

Grâce à sa passion pour la lecture et son don pour les mots, cet élève de cinquième année est lauréat d’un concours de district en République démocratique du Congo (RDC).

Par Nándor Gergely à Inke, République démocratique du Congo | 21 novembre 2018

Nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale de l’enfance – une journée dédiée aux enfants et à leur bien-être. En cette journée, nous rendons hommage à Charli dont la curiosité intellectuelle est exceptionnelle pour un enfant de son âge. A seulement 10 ans, ce réfugié centrafricain a réalisé un exploit unique : remporter la première place d’un concours de dictée dans un district de la République démocratique du Congo.

Son école, située dans le camp de réfugiés d’Inke où il habite, est confrontée à de nombreux défis. Les salles de classes, principalement abritées par des bâches en plastique, sont souvent en sureffectif, avec un nombre limité de manuels scolaires pour des élèves pourtant avides d’apprendre. Etudier dans ces conditions s’avère difficile.

Malgré cela, Charli s’épanouit en lisant avec passion et en apprenant de nouveaux mots.

« Je lis tout ce qui me tombe sous la main, à n’importe quelle occasion, même la nuit », dit Charli. « Si seulement on avait plus de livres. »

Le HCR, l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés, a ouvert le camp d’Inke en 2013, lorsque d’intenses combats ont éclaté en République centrafricaine (RCA), obligeant des milliers de personnes à fuir leurs foyers. Aujourd’hui, plus de 17 700 réfugiés vivent dans ce camp.

Près de 64 pour cent de la population réfugiée en RDC sont des mineurs âgés de 17 ans voire moins. Le HCR porte assistance à ces enfants en les aidant à s’intégrer dans le système éducatif congolais, en construisant et en réhabilitant des écoles pour les réfugiés et la population locale.

Pour marquer la Journée mondiale de l’enfance, Ann Encontre, la Représentante régionale du HCR basée à Kinshasa, explique que l’éducation des enfants réfugiés comme Charli est un outil essentiel pour leur protection. « Chaque enfant a le droit d’aller à l’école, d’apprendre et de s’épanouir pleinement à l’abri du danger », dit-elle. « Chaque enfant doit pouvoir exercer ce droit fondamental, que nous sommes déterminés à protéger. »

Le HCR prend également en charge certains frais de scolarité et du matériel scolaire, tels que les uniformes et les fournitures. L’école de Charli est l’une des écoles soutenues par le HCR, dont les performances sont meilleures que certains établissements dans cette partie du pays. Environ 20 pour cent des étudiants sont d’origine congolaise, habitant dans les villages alentour.

Les enseignants de l’école ont rapidement remarqué l’intérêt de Charli pour l’orthographe et l’ont nominé pour participer à un concours de dictée où il est arrivé premier du district devant des centaines d’élèves réfugiés et congolais. Cette première place l’a automatiquement qualifié pour participer au concours régional, où la compétition était plus rude. Charli admet que les épreuves préliminaires étaient plus complexes et il a dû s’entrainer d’autant plus.

« Mon école m’a soutenu en me donnant des leçons d’orthographe », explique-t-il.

Avant l’épreuve finale, il ne disposait que de deux jours pour s’entraîner. Le HCR a pu prendre en charge son voyage et son logement à Mobayi-Mbongo, la ville où a eu lieu le concours. « Nous avons si bien dormi cette nuit-là », se souvient-il avec joie. C’était la première fois qu’il quittait sa grand-mère et tutrice, Odette, qui s’occupe seule de quatre autres petits-enfants.

Charli est devenu orphelin dans sa petite enfance. Quelques proches survivants ont fui la République centrafricaine après une attaque survenue dans leur village en 2013.

« Certains de nos amis ont été tués, mais nous avons réussi à traverser la rivière tous ensemble. Nous avons été pris en charge et amenés au camp trois jours après », explique Odette.

Éduquer les enfants dont elle est tutrice n’a pas toujours été chose facile, mais Odette est déterminée à faire en sorte qu’ils aient toutes les chances de se construire un avenir meilleur, en particulier après la récente réussite de Charli à ce concours.

« Ma principale préoccupation pour le moment est l’éducation de mes petits-enfants », ajoute-t-elle. « J’aimerais qu’ils aient un soutien encore plus important dans ce domaine. »

Les préoccupations d’Odette ne sont pas infondées. En effet, le manque de fonds limite la capacité du HCR à couvrir tous les besoins dans le secteur éducatif, en particulier pour l’enseignement secondaire.

« La majeure partie de notre assistance est consacrée à l’enseignement primaire. Poursuivre des études jusqu’à l’enseignement secondaire est pourtant crucial », explique Ann Encontre du HCR. « Cela réduit considérablement l’exposition des jeunes à la criminalité, au recrutement forcé ou à des mécanismes d’adaptation négatifs tels que le recours aux pratiques sexuelles pour survivre. »

Elle ajoute qu’il est important que les jeunes élèves réfugiés comme Charli aient non seulement la possibilité d’avoir accès à l’école, mais également d’y rester, afin de leur assurer un avenir meilleur.

Odette cultive un petit jardin à l’extérieur du camp, ce qui lui permet de nourrir et d’assurer un revenu pour subvenir aux besoins de Charli et des autres enfants. Elle fait également des pâtisseries que sa petite-fille vend. Sa détermination est une source d’inspiration pour Charli. L’énergie positive de sa grand-mère a été un élément moteur pour sa préparation au concours de dictée provincial, où il a été confronté à onze autres élèves de cinquième année.

Il savait qu’il allait rencontrer des difficultés avec les homonymes puisqu’il confondait souvent « nez » et « né » lors des révisions. Il est finalement arrivé en seconde position.

Alors que tout le monde le félicitait pour cette deuxième place, il ne pouvait cacher sa déception.

« J’aurais aimé faire mieux », dit-il. « Si je le pouvais, je referais à nouveau ce concours.

Cependant, ce concours annuel est organisé uniquement pour les élèves de cinquième année et vise à les aider à se préparer aux examens finaux. Seuls les parents qui ont les moyens financiers peuvent par la suite inscrire leurs enfants dans le secondaire.

Charli espère continuer ses études et a des rêves plein la tête.

« Un jour, j’aimerais retourner en République centrafricaine et devenir ministre de l’Education », dit-il.