Bafwasende, le 08 décembre 2017 (caritasdev.cd) : Plusieurs villages et champs détruits et abandonnés ; des Aires de santé vidées de leur personnel, pillées ou détruites ; la Cité vidée de sa population, dont une partie est dans la forêt et une autre repartie dans des villages tout au long de la route de sortie vers Kisangani et Bafwasende, tel est le triste tableau que présente la Cité d’Opienge, un poste d’encadrement d’environ 66.121 habitants du Territoire de Bafwasende, en Province de la Tshopo. Les premiers éléments d’information recueillis par la Caritas-Développement Kisangani font état de multiples besoins humanitaires enregistrés dans cette zone. Dans un rapport succinct daté du 03 décembre 2017, ce bureau diocésain de Caritas Congo Asbl plaide alors pour une intervention multisectorielle urgente de la part des autorités publiques compétentes et de la Communauté humanitaire.
« Cette situation a provoqué le déplacement de plus de 19.000 personnes, soit 3.200 ménages. Si la plupart ont fui vers Kisangani et Bafwasende, d’autres se dirigent vers le Maniema ou le Sud-Kivu. A considérer les ménages encore en fuite dans la brousse, il est fort probable que ce déplacement concerne près de 5.000 familles », a déploré ce vendredi l’Abbé Udaga Néné, contacté au téléphone par caritasdev.cd.
Située à 140 km du chef-lieu du territoire de Bafwasende et à 342 km de la ville de Kisangani, la cité d’Opienge est habitée par les Barumbi et les Bakumu qui sont des populations autochtones. Totalement enclavé, le poste d’encadrement d’Opienge qui s’étend à plus de 180 km en pleine forêt équatoriale avec une population d’environ 66.121 habitants, dispose de l’un de Parcs nationaux les plus riches et de l’un de plus importants gisements des minerais de la RDC. Les infrastructures routières totalement dégradées, il n’y a pas de moyens de communication viables, pas d’infrastructures scolaires et sanitaires adéquates.
Une manière violente de réclamer de l’aide humanitaire
Les affrontements du mois de juin-septembre 2016 qui ont opposé les deux groupes des miliciens Mai-Mai de Monsieur Luc Yabili contre Monsieur Guidon de Oninga de la province de Nord-Kivu dans les foyers miniers d’Opienge ont occasionné le déplacement des populations vers Balobe, Babomongo, Basaula, Angamapasa. Les déplacés ont été assistés par les ONG internationales et nationales de janvier à novembre 2017. Se croyant victimes de la situation, les Kumus voulaient à ce que toute l’assistance soit orientée vers eux à Balobe au lieu d’Opienge, village qu’ils pensent être des Barumbi.
C’est ainsi que les Kumu vont revendiquer leur part de l’aide et menacer de détruire tout ce que les ONG ont laissé à Opienge. En effet, les humanitaires avaient procédé à la distribution des articles ménagers essentiels, réfectionné, aménagé et équipé certaines infrastructures à Opienge et ses environs.
C’est ainsi que, le 30 novembre 2017, après avoir occupé un mois durant les villages Balobe, Angamapasa, et Babobongo, ce sera le tour d’Opienge-centre (12.022 habitants). Ce poste administratif est passé sous contrôle d’un groupe Maï-Maï, le jeudi 30 novembre 2017 à 6h30 du matin, après un bref affrontement avec les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). L’objectif actuel de ces Maï-Maï, a indiqué notre source, serait de prendre le contrôle de la cité d’Opienge, d’abord pour réclamer leur dû auprès des organismes et ONG, ensuite, réaliser leur souci de toujours prendre le contrôle du parc de Maiko qu’ils considèrent comme leur patrimoine ancestral et passer à l’exploitation des matières premières.
Des Aires de Santé pillées
Selon les témoignages recueillis de la Zone de Santé, la population civile d’Opienge est constituée en grande partie des déplacés et des retournés depuis un certain temps. Plusieurs villages et champs ont été détruits et abandonnés. Six sur les 15 Aires de Santé qui composent la Zone de Santé d’Opienge ont été soit vidées de leur personnel, soit pillées ou détruites : Opienge-Centre (12.022 Habitants) ; Basaula (3.649 Hab.) ; Babomongo (3.705 Hab.) ; Anga Mapasa (4.386) ; Balobe (2.779) et Elongo (4.098).
Au niveau de Balobe où la situation a commencé, il a été signalé le pillage systématique des biens de la population et des commerçants de la place.
« Présentement, la Cité d’Opienge, vidée de sa population, est sous contrôle des Maï-Maï. Notre source nous signale qu’une partie de la population est dans la forêt et une autre repartie dans des villages tout au long de la route de sortie vers Kisangani et Bafwasende », soulignait dimanche la note de la Caritas Kisangani.
Il s’agit des villages environnants suivants : Babule (à 85 km de la grand-route), Ndrekoko (à 70 km de la grand-route), Babagulu (à 49 km) et Bafwabalinga (à 232 km de Kisangani).
De multiples problèmes humanitaires enregistrés
Cette situation est à la base de multiples problèmes humanitaires enregistrés dans la région, entre autres : des cas des violences sexuelles enregistrés dans la Zone de Santé, le manque d’abris pour de nombreuses familles déplacées, la désertion scolaire par les élèves, l’accès difficile aux soins médicaux et à l’eau potable, le surpeuplement des familles d’accueil, de nombreux enfants abandonnés et souffrant de la malnutrition ainsi que le manque de vêtements, de couvertures et nourriture.
« De tout ce qui précède, une intervention multisectorielle est souhaitée et serait la bienvenue », conclut la Caritas Kisangani.
Pour toutes informations supplémentaires, veuillez contacter :
Guy-Marin KAMANDJI, Chargé de Communication, Tél. +243 998 45 60 39, gkamandji@caritasdev.cd , communication@caritasdev.cd
Abbé Néné UDAGA, Directeur de la Caritas Kisangani, Tél. +243 99 355 18 18, udaganene@yahoo.fr
Plus d’infos sur notre site web : www.caritasdev.cd; Facebook.com/pages/Caritas-Congo-Asbl; Twitter : @CaritasCongo , Skype : caritas.congo