Libenge, le 26 novembre 2019 (caritasdev.cd): « Libenge est un territoire qui a subi une inondation énorme. Nous avons 77 villages qui ont été touchés. A peu près 175.000 personnes, soit environ 30.600 ménages sont victimes de ces inondations », a indiqué lundi son Administrateur, Monsieur Antoine Wutshu Nonge, recevant une mission de solidarité de Caritas Congo Asbl. Derrière son bureau, il a exposé des photos illustrant les dégâts subis par sa population. « La plupart des victimes ont perdu tous leurs biens et sont obligés à mener une nouvelle vie, une vie de misère et de sans-abris », a déploré l’Administrateur du Territoire.
Il y a des écoles et des églises inondées, empêchant les élèves de reprendre les cours. En outre, certaines écoles sont occupées par les membres de familles des Directeurs et enseignants inondés.
Interviewé lundi 25 novembre 2019 par caritasdev.cd, il a révélé que « jusque-là, nous avons vu OCHA dans nos murs. Pour des évaluations. Tout le monde vient d’abord pour les évaluations. Evaluations sur évaluations, mais l’aide tarde à venir. La population commence à en avoir assez. Mais, on nous dit que le Ministre en charge des Affaires Humanitaires (Ndlr : du Gouvernement central) était à Gemena. Il va descendre à Zongo ensuite ici à Libenge. Nous l’attendons à bras ouverts pour résoudre cette situation ».
La mission de solidarité de Caritas Congo Asbl, conduite par son Secrétaire Exécutif Mr Boniface Nakwagelewi, s’est rendu compte de ce tableau désolant lui dressé par l’Administrateur du Territoire.
A Batanga, par exemple, localité située à 12 km de Libenge avec environ 5.000 habitants, des maisons en pisé construites le long de la rivière Ubangi, offrent un triste spectacle. En face de la rivière, les maisons de Zinga, cité de la République Centrafricaine (RCA) sont bien visibles.
Dans la parcelle de Mme Pierrette Sabali, les eaux se sont retirées de près de 10 mètres. Une pirogue stationnée dans la parcelle et des traces de débris charriés par la rivière démontrent encore la présence de la crue. La toiture en paille de sa maison, partiellement détruite, est dangereusement penchée ; les bois et sticks la constituant sont à découvert. «Trois familles vivaient dans cette parcelle. Ma famille est composées de dix personnes. Nous avons trouvé un abri temporaire dans la cité, dans une grande maison de Papa Bemba. Il y avait deux autres familles avec nous ici », a fait savoir la cinquatenaire.
Mme Pierrette Sabali, comme sa voisine, n’ont encore reçu aucune aide. « Nous avons seulement été enregistrées par des évaluateurs », indiquent-elles. « Que l’on nous vienne en aide vraiment ; puisque nous avons perdu tous nos biens et nos masions sont à reconstruire », a-t-elle lancé.
Pour une aide rapide en vivres, intrants de pêche etc.
Pour le Chef de localité adjoint de Batanga, Mr Gaspard Bamangolo, l’inondation a détruit des maisons, mais aussi des champs : « vraiment, je ne sais pas comment nous allons survivre dans une année ou deux. Nous avons perdu nos moyens de subsistance et nos maisons ; même des maisons construites en briques à daube depuis sept mois ».
Aux Autorités Publiques compétentes et aux acteurs humanitaires, Mr Bamangolo plaide pour une aide rapide, devant cibler en priorités les « vivres, les intrants de pêche et agricoles, les bâches, couvertures, moustiquaires, car nous sommes à la merci des moustiques».
Pour l’instant, certaines familles sont installés dans les entrepôts de l’ex-l’Office National de Transport (ONATRA), dans une promiscuité intolérable. « Huit familles dans une même maison, quelle sera l’éducation des enfants », s’est –il interrogé amèrement. Il a conclu en disant que « les victimes n’ont encore reçu aussi comme aide, mais seulement des promesses ».
Il sied de signaler que Batanga est une localité établie le long de la rivière Ubangi, constituée pour la plupart des pêcheurs habitués à construire leurs cases près des cours d’eau. Ceux-là ont été les plus frappés par l’inondation. Les habitants de Batanga font aussi de l’agriculture. « Le manioc, bananes et autres produits vivriers que nous produisons sont vendus en face en RCA. Cela nous permet d’y acheter des produits manufacturés et de payer les frais de scolarité de nos enfants. Pour le moment, tous nos champs sont perdus », a-t-il déplore.
Guy-Marin Kamandji (Envoyé Spécial)