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DR Congo

Sud-Ubangi: les victimes d’inondations de Zongo espèrent une réponse adéquate face au sinistre subi

Zongo, le 10 décembre 2019 (caritasdev.cd) : Selon l’évaluation multisectorielle réalisée du 22 au 23 novembre 2019 dans la Ville de Zongo, « au total, à ce jour, 6.855 ménages des 7 Aires de Santé sur les 11 que compte la Zone de Santé de Zongo sont affectés » par les inondations. Les victimes, enregistrées dans les deux Communes de Nzulu et Wango, représentent 27.418 personnes, sur une population estimée 138.000 habitants. Sept de huit quartiers de Zongo ont été touchés. Les dégâts présentés par ce rapport sont énormes : « Des maisons écroulées ; des champs inondés ; des infrastructures scolaires, sanitaires et WASH endommagées ; des économies affaiblies ; les victimes des inondations, sans assistance, vivent dans des conditions très précaires. La plupart sont dans des familles d’accueil dans des conditions qui laissent à désirer ; d’autres utilisent les édifices publics comme les écoles et d’autres encore continuent à vivre dans leurs habitats habituels sur des pirogues ».

Bien que les victimes attendent encore une aide adéquate à la hauteur du sinistre subi, le Maire Adjoint de Zongo remercie le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, pour sa visite de réconfort et l’assistance en vivres qu’il leur a envoyée par l’entremise du Ministre des Affaires Humanitaires. Mr Placide Kumugo Soko l’a dit ce mardi à caritasdev.cd à Kinshasa où il effectue une mission de service.

« Il y a déjà eu décrue, mais aussi la présence des flaques d’eau dans des nids de poules. Ca nécessite que les milieux soient désinfectés. Sinon, il y a risques des maladies, surtout que les installations hygiéniques étaient sous eaux, tout comme les puits d’eau », note-t-il.

Par mesure de sécurité, la Mairie de Zongo avait demandé à la population de ne pas encore consommer l’eau ainsi pollué de ces puits.

Parlant de la réponse humanitaire à ces jours, le Mairie adjoint a indiqué que la Mairie a mis sur pied quatre Sous-Commissions devant permettre aux partenaires de canaliser leur assistance. Dans cette optique, il a cité l’association Lisanga Bana Grand Equateur (LIBANGE) qui a distribué par deux fois des vivres, des vêtements et du savon à quelques sinistrés, en passant par des chefs de blocs/quartiers. Par ailleurs, l’UNICEF a commencé une action dans la purification de l’eau, tout en promettant de construire des latrines et d’assister quelques écoles. Le gros de l’assistance actuelle est venu du Président de la République. L’enveloppe remise au Ministre central des Affaires Humanitaires, Mr Steve Mbikayi, a permis à ce dernier d’apporter une aide en vivres aux sinistrés.

Le rapport de l’évaluation multisectorielle indique que 2.797 maisons sont été affectées par ces inondations, dont 1.277 écroulées. Parmi ces bâtiments écroulés, on compte 10 maison construites en dur, 1.052 en semi-dures et 215 maisons en pisées. Par ailleurs, 17 écoles ont été affectées (dont 14 détruites).

Parlant des besoins des victimes, le Maire adjoint a cité notamment les vivres, abris, outils aratoires et semences, vêtements, moustiquaires. Du coté des victimes elles-mêmes, c’est presque le même cri du cœur. Caritasdev.cd a parlé avec les sinistrés du Quartier Yasuba.

Mardi le 26 novembre dernier, la délégation de Caritas Congo Asbl avait trouvé des habitants en train de payer 100 FC (Francs Congolais) pour traverser une centaine de mètres de l’avenue Yasuba inondée. Les victimes interrogées affirmaient n’avoir pas encore reçu d’aide humanitaire. « Mais, hier, il y avait distribution d’un peu de vivres (riz, huile végétale) et quelques biens dont des vêtements de friperie. Mais, les besoins au sein de la population sont tels que cette distribution s’est terminée dans de fortes bousculades », a dit en cœur un groupe sortant de la pirogue inter-avenue. Ce qui a poussé Mr Kongo Tukiya à plaider pour la réhabilitation de cette route dans le quartier Yasuba, impraticable avant même les inondations, disait-il. Cette rue mène vers le port et l’agence locale de la Régie de Distribution des Eaux (REGIDESO).

Les maisons bordant cette avenue étaient encore abandonnées au moment de la visite de la Caritas Congo Asbl le 26 novembre 2019. Cet élève de la 5ème année Scientifique à l’Institut Saint Laurent de Zongo le confirme : « Ma famille ne sait pas encore rentrée dans notre maison clôturée que vous voyez là sur cette avenue Yasuba. Elle compte cinq chambres. Nous continuons à être hébergés par notre oncle. Ils étaient au nombre de dix ; nous sommes venus sept ». Pour atteindre son école secondaire, Wilfred Shogeta devait passer par la grande avenue inondée de Yasuba. Ce qui l’obligeait de prendre la pirogue à l’aller comme au retour.

La famille de Mme Sophie compte douze personnes. Elle a été inondée sur l’avenue Yasuba. « Nous sommes toujours dans le quartier ; mais, accueillis par des voisins. Les eaux se sont certes retirées ; mais, la maison est très endommagée. Nous ne savons que faire pour reconstruire notre maison», disait cette quinquagénaire, troisième semaine après le début des inondations.

« Nous sommes au quartier Yasuba. Nous sommes victimes d’une inondation survenue de manière brusque. Ca a commencé la nuit du 03 octobre 2019. Cette inondation a plus d’ampleur que celle qui s’était produit en 1999, surtout en matière d’habitats. Des centaines de maisons sont détruites, surtout celles construites en briques à dobe », a fait remarquer l’Ingénieur Ngilima, Sous-Proveb de l’Enseignement technique. Ce dernier a relevé la destruction des champs, des jardins maraichers, des étangs piscicoles : « des poissons sont partis, des chèvres n’ont pas pu résister au flot d’eau », a-t-il souligné. Pour lui, il leur faut des vivres, des intrants agricoles et des abris. Mr Deza Nicolas, couturier de son état, a ajouté la nécessité de désinfecter les milieux inondés. « Car, nous pourrions certes manger ; mais, sans désinfecter le milieu, des gens peuvent attraper des maladies et mourir », a-t-il insisté. Le paludisme est redouté, tout comme la fièvre typhoïde.

Dans ce contexte, Mr Théo Elumba a signalé que sa voisine a retrouvé la veille un gros serpent dans sa valise, entrouverte, pendant qu’un boa, déconnecté de la rivière, était signalé dans le quartier. Mme Masumbu Tinda a déploré les moustiques le soir et la perte de leur fruit de l’élevage qui leur permettait de vendre pour faire face à leurs besoins fondamentaux.

Maire adjoint de Zongo : « la plaie est encore béante »

« La population de Zongo, comme celle de tout le Sud-Ubangi, vit de l’agriculture. Mais, Zongo est à côté d’une capitale, celle de la République Centrafricaine (RCA). Sa population vit aussi des activités génératrices des revenus. Les inondations l’a plongée dans une misère terrible. Surtout à cause des champs inondés. Il y a nécessité d’appuyer les victimes en Cash, en outils aratoires, et même en vivres pour compenser la récolte de la saison A. Cela, afin d’éviter la famine. Il est également nécessaire d’assister la population en abris, car il y a plus de 2.000 maisons écroulées, et de désinfecter le milieu ». Ces propos sont ceux du Maire Adjoint de Zongo, Mr Placide Kumugo Soko, interviewé ce mardi à Kinshasa par caritasdev.cd. « La palie laissée par les inondations à Zongo est encore béante », a-t-il déclaré.

Il y a deux semaines, le Maire adjoint décrivait à la Caritas Congo Asbl le tableau sombre de Zongo sinistré, l’une des villes de la province du Sud-Ubangi. « Les dégâts causés par les inondations sont énormes. Ça dépasse les niveaux de la mairie de Zongo, de la Province du Sud-Ubangi, voire de la nation. Raison pour laquelle je sollicite une aide humanitaire adéquate de la part de la Communauté tant nationale qu’internationale », a plaidé Mr Placide Kumugo Soko. Il répondait aux questions de caritasdev.cd, lors de la visite de solidarité qu’avait effectuée le Secrétaire Exécutif de la Caritas Congo Asbl dans cette ville, du 25 au 26 novembre 2019.

La dernière inondation du genre observée en 1999

Bien qu’il s’observait une décrue d’environ 13 centimètres en fin novembre dernier, les conséquences de ces inondations, commencées depuis la semaine du 24 septembre 2019, resteront un peu longtemps. Elles nécessitent une surveillance permanente pour éviter le pire.

A en croire des experts, ces inondations semblent être cycliques, tous les 20 ans. Et la dernière inondation de cette ampleur serait survenue en 1999, mais avec un peu moins d’impact que la présente. Il s’agit de la crue de la rivière Ubangi, sortie de son lit, et qui a envahi les localités riveraines. Les localités victimes sont pour la plupart déjà vulnérables et avec une population en grande majorité pauvre.

Guy-Marin Kamandji