Situation humanitaire en RDC (Sud Kivu) - Rapport hebdomadaire du 25 au 31 août 2007

I. CONTEXTE

Bukavu

Verdict sur l'assassinat du journaliste Serge Maheshé prononcé par le tribunal de garnison militaire le 28 août : Les deux amis du défunt, Alain Mulimbi et Serge Muhima, ont été condamnés à mort pour association de malfaiteurs. Leurs avocats ont contesté ce jugement et décidé d'interjeter appel dans le délai de 5 jours accordé par le tribunal. Les deux prévenus, Bisimwa et Mugisho, ont quant à eux été condamnés à la peine capitale pour assassinat avec préméditation.

Vagues d'arrestations opérées au niveau de l'administration et de l'armée à Bukavu: le bourgmestre de la commune de Bagira a été suspendu par le Gouverneur, puis arrêté, ainsi que des officiers, parmi lesquels deux ex-Mayi-Mayi, les colonels Mabolongo, alias ''106'', et Cibalonza. Selon UNDSS, ces personnes seraient accusées d'être impliquées dans la création d'un mouvement insurrectionnel dirigé par le Lieutenant-Colonel Serge Bito, et auraient été transférées à Kinshasa le 28 août.

Vives tensions dans la nuit du 27 au 28 août à la prison centrale de Bukavu : plus de 500 détenus ont manifesté leur colère après 4 jours passés sans nourriture. La situation s'est apaisée après une intervention urgente de CARITAS en sacs de riz et de haricots. La prison dispose d'un stock de vivres jusqu'au 15 septembre après quoi, aucune disposition pratique n'a été prise au niveau des autorités afin de trouver une solution durable à ce problème.

Kabare

Attaque dans la nuit du 26 au 27 août dans un camp de déplacés à Kafukiro, gardé par des éléments FDLR, dans le groupement de Luhago, en territoire de Kabare : cette attaque par un groupe de Rastas, rivaux des FDLR, a fait 5 victimes : 3 FDLR et 2 civils et une femme et son enfant auraient été emportés par les assaillants. Le 27 août, les FDLR ont appréhendé 2 Rastas qui ont été brûlés vifs par la population. Cette attaque survient une semaine après une attaque contre les Rastas par des éléments FDLR, lors de laquelle 3 Rastas avaient été tués.

Tracasseries et exactions de la population par des militaires FARDC dans le groupement de Luhihi : selon UNDSS, ces derniers utiliseraient la population comme transporteurs, pilleraient leurs biens et commettraient des viols. Le 27 août, un enfant aurait été porté disparu après avoir essayé de fuir les tracasseries de ces militaires au niveau d'une barrière érigée près de la cimenterie de Katana.

Kalehe

Mouvements de populations en provenance de Sake (Nord Kivu) vers Minova (Sud Kivu) : suite aux affrontements du 27 août entre les deux composantes mixées de la brigade Charlie au Nord Kivu, de nouvelles vagues de déplacements sont observées dans le territoire de Kalehe, en provenance de Sake (chiffre non encore connu). Les arrivées se poursuivent en même temps que les affrontements se poursuivent. Le nombre de déplacés dans cette zone sera de plus en plus importants dans les jours et semaines à venir.

Uvira

Sécurisation de la plaine de la Ruzizi et de la cité d'Uvira par les FARDC : selon UNDSS, des patrouilles mobiles auraient été déployées dans la plaine de la Ruzizi, au nord de la cité d'Uvira, à la frontière avec le Burundi, où des personnes non identifiées se trouveraient dans le camp de réfugiés de Rutana, côté burundais, avec 3,000 têtes de bétail qu'elles voudraient faire traverser en RDC. Ailleurs dans le territoire d'Uvira, les FARDC auraient identifié 7 sites abritant des groupuscules armés, composés notamment de fugitifs de la prison centrale d'Uvira, qui seraient basés dans les localités de Munanira, Kagosi, Kitala, Kishombwe, Shenge et Kirungu. Une opération de bouclage pourrait être envisagée par les FADRC dans ces zones.

Actes d'intimidation et exactions par des FDLR basés dans les Moyens Plateaux de Lemera, suite à un incendie d'une maison FDLR provoqué par un feu de brousse le 27 août: Selon une ONGL basée dans la Plaine de la Ruzizi, des actes d'intimidation et d'extorsion contre les chefs de localité et de quartier de la maison incendiée, et un policier coutumier de la place, auraient été commis par des FDLR suite à l'incendie d'une de leurs maisons dans la localité de Buheba, à plus de 80km au nord d'Uvira dans les MP d'Uvira, faute d'avoir attrapé l'auteur du feu de brousse. Contrairement à leur habitude de vivre en harmonie avec les populations locales, cette attitude d'agressivité progressive que commencent à afficher les FDLR dans cette zone demande une attention particulière de la part des acteurs humanitaires du secteur de la protection des civils.

Visite à Uvira et Fizi d'une délégation de 9 sénateurs congolais ressortissants des Kivus : l'objectif était d'avoir des discussions avec différentes notabilités de Fizi pour trouver une solution pacifique et négociée au problème des dissidents et des réfractaires au processus de brassage. Selon des sources locales, cet objectif n'aurait pas été atteint.

Escroquerie au nom de l'assistance humanitaire : selon les informations reçues de la CARITAS, un individu du nom de ''Kasongo Jonas'', se faisant passer pour un agent de l'ONGI, aurait réussi à extorquer environ 240$ et des biens aux habitants des localités de Kabela, Kalundja et Malela, situées sur l'axe Baraka-Uvira. CARITAS fournit les efforts nécessaires pour le démasquer.

Fizi

Echanges de tirs entre les FARDC (12ème BI) et les insurgés le 25 août : le premier incident se serait déroulé aux environs de Gitasha, village situé à 2 heures et demi de marche de Mikenge, dans les Hauts Plateaux d'Itombwe, en territoire de Mwenga, et le deuxième, à proximité du village de Mikenge. Il est actuellement difficile de mener une évaluation humanitaire dans cette zone.

Levée de la consigne de sécurité des FARDC le 24 août et poursuite des activités humanitaires: Les axes Fizi-Lusuku-Nakiele, et Fizi-Kananda-Lumanya ont été déclarés sécurisés pour la poursuite des activités humanitaires après un jour de suspension/restriction par le Commandant de la 12ème BI basé à Baraka, en territoire de Fizi.

Intenses mouvements de troupes FARDC observés dans le territoire de Fizi: selon des sources militaires, il s'agirait de la poursuite du déploiement de la 14ème BI sur l'axe Fizi - Lulimba, et du 2ème bataillon spécial de la 16ème BI en direction des Hauts Plateaux de Fizi - Itombwe. Le 26 août, la population de Lubondja, village natal du capitaine Yakutumba situé à 91km au sud de Baraka, aurait menacé de manifester contre le déploiement des unités FARDC. Le calme est revenu après que le Général Lokole ait envoyé une mission de sensibilisation de la population.

Mission de sensibilisation et ralliement des éléments de Yakutumba aux FARDC depuis le 25 août : Des délégations FARDC sont déployées dans certaines localités du territoire de Fizi à cet effet. Sur l'axe Lulimba - Misisi au sud-ouest du territoire de Fizi, les résultats de cette campagne de sensibilisation ne sont pas encore connus, mais sur l'axe Malinde - Kazimia vers le littoral sud du Lac Tanganyika, les estimations font état d'environ 220 ralliés, sur les 300 éléments que compteraient Yakutumba. La population espère une réduction des tensions et des risques d'affrontement entre ces factions armées.

Structures destinées à l'usage civil et humanitaire, occupées par les FARDC en territoire de Fizi : Le HCR indique que son centre de transit de Lubondja, situé à 55km au sud de Fizi-centre et destiné à l'accueil des rapatriés congolais, est investi depuis plus d'une semaine par des militaires de la 14ème BI des FARDC en cours de déploiement dans cette zone. A Fizi-centre, une école en pleine réhabilitation par le PNUD est également occupée par les militaires depuis près de 2 semaines. Des discussions entre les responsables de ces différentes organisations et les autorités militaires sur place sont en cours afin d'obtenir la libération de ces lieux.

Mwenga

Incidents perpétrés sur des civils dans la soirée du 24 août à Milungu, situé à 15km de Kamituga vers Mwenga, par des éléments supposés être des FDLR : ces éléments auraient pillé des maisons, violé une fille de 18 ans, et blessé un civil. Le commandement FDLR de Mulombozi aurait mené des patrouilles à Kamugomba le 26 août, mais ses éléments seraient tombés dans une embuscade d'un groupe d'hommes armés, supposés être aussi des FDLR. Au cours d'une réunion FARDC-FDLR tenue à Bilembo le 29 août, une équipe conjointe a été établie pour partir à la recherche des bandits FDLR et ex-démobilisés congolais responsables de ces attaques, ayant fait deux morts et 4 blessés graves. Selon des sources militaires de Mwenga, les FDLR reprocheraient à la population d'avoir guidé ces Interahamwe et ex-démobilisés.